vendredi 25 juillet 2014

Les « trois semaines »


Les trois semaines qui séparent le jeûne du 17 tamouz de celui du 9 av sont appelées « bein ha-metsarim » (« entre les lieux étroits »), d’après le verset 1, 3 de Eikha : « Juda est allé en captivité à cause de la misère et du surcroît d’esclavage ; il habite parmi les nations, il n’a pas trouvé de repos ; tous ceux qui le poursuivent l’ont atteint “entre les lieux étroits”. » Cette période est considérée comme favorable à nos ennemis, auxquels permission est donnée par Hachem de nous attaquer...



Les jeûnes de notre calendrier sont énumérés dans le livre de Zacharie, lequel énonce ce qui suit : « Ainsi a parlé Hachem des armées : Le jeûne du quatrième [mois], et le jeûne du cinquième, et le jeûne du septième, et le jeûne du dixième [mois] seront pour la maison de Juda allégresse et joie, et fêtes solennelles. Et aimez la vérité et la paix » (Zacharie 8, 19).
Analysant ce verset, la Guemara (Roch hachana 18b) nous apprend, au nom de rabbi ‘Aqiba, que « le jeûne du quatrième mois » désigne le 9 du mois de tamouz, date à laquelle les murailles de Jérusalem ont été abattues par les Chaldéens, ainsi qu’il est écrit : « Au quatrième mois, le neuvième [jour] du mois […] la ville fut ouverte par une brèche… » (Jérémie 52, 6 et 7).
Comment le prophète a-t-il pu écrire que les murailles de la ville ont été détruites le 9 tamouz alors qu’elles l’ont été en réalité le 17, comme l’indique Rachi (ad Eikha 1, 3) ?
Cette anomalie paraît d’autant plus criante que la première vision prophétique à laquelle assista Jérémie fut celle du « bâton d’amandier » que Hachem lui fit contempler, symbole de la rapidité avec laquelle le sort des Judéens allait être scellé par les Chaldéens (Jérémie 1, 11 et 12).
Or, l’amandier présente cette particularité, nous apprend le Midrach, qu’il ne s’écoule que trois semaines entre son bourgeonnement et la maturité de ses fruits, et que ces trois semaines symbolisent précisément les vingt-et-un jours qui séparent le 17 tamouz du 9 av.
Nous apprenons par ailleurs (Michna Ta‘anith 4, 6) que cinq malheurs se sont abattus sur les enfants d’Israël le 17 tamouz :
1. Lorsque Moïse descendit du mont Sinaï et vit le peuple adorer le veau d’or, il brisa les premières Tables de la loi.
2. Ce jour-là cessa l’offrande du sacrifice quotidien (qorban tamid).
3. Ce jour-là fut percée la première brèche dans la muraille d'enceinte de Jérusalem.
4. Le général romain Apostamos brûla ce jour-là un rouleau de la Tora, déclenchant ainsi la révolte de Bar Kokhba.
5. Une idole fut érigée ce jour-là dans le Temple de Jérusalem.
La Guemara (Ta‘anith 28b) apporte quelques nuances à cette liste. Le deuxième et le cinquième de ces malheurs (cessation du sacrifice quotidien et érection d’une idole) ont eu lieu à l’époque du premier Temple, tandis que le troisième, le percement de la brèche, a précédé la destruction du deuxième. C’est ainsi que, selon Rava, les murs d’enceinte de Jérusalem qui entouraient le premier Temple ont été abattues le 9 tamouz, et celles qui entouraient le deuxième l’on été le 17 du même mois.
Et c’est parce que la perte du deuxième Temple a entraîné des conséquences beaucoup plus douloureuses que celle du premier, que c’est le 17 tamouz qui a été choisi comme jour de jeûne, et non le 9.

Jacques KOHN

Source Chiourim