Alors que les pays occidentaux et l’ONU considèrent le
Qatar comme une pièce maîtresse dans l’élaboration d’un cessez-le-feu à Gaza en
y précipitant leurs diplomates pour rencontrer Khaled Mashaal, No 1 du
Département international du Hamas installé sur place en véritable « exilé de
luxe », le point sur le vrai visage de ce pays qui a tant investi ses
pétrodollars en Europe et en France…
En juin 2013, le Cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, l’émir du Qatar au pouvoir depuis 1995, abdiquait au profit de l’un de ses nombreux fils, le Cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani, âgé alors de 33 ans, diplômé de l’École militaire de Sandhurst au Royaume-Uni, et surtout grand amateur de sports et particulièrement de football…
En ces temps agités au Moyen-Orient, Tamim pouvait certes se vanter d’être l’un des rares nouveaux dirigeants arrivés au pouvoir sans effusion de sang. Mais les avis des experts restent partagés sur les causes et le sens de ce transfert de pouvoir à la tête de cette jeune oligarchie de 42 ans d’âge, 1er pays exportateur au monde de gaz naturel raffiné - malgré ses seuls 11 000 km² de surface - avec une croissance économique annuelle de 6,5 % et qui ne regroupe que 200 000 citoyens, alors que 1,7 million d’étrangers y travaillent dans des conditions quasi esclavagistes.
Passionné de sport et père de six enfants, le nouveau maître du Qatar pratique le tennis à un bon niveau. En tant que « M. Sport » de l’émirat, c’est lui qui a piloté le rachat du PSG et supervisé la campagne pour l’attribution du Mondial de football 2022, deux étapes décisives dans le développement de la « capacité de séduction » (soft power) qatarie. Il gère aussi le village culturel Katara, la bulle de créativité à la lisière de la capitale, Doha, et de l’agence de statistiques nationale.
C’est encore lui qui, dès 2010, a conduit le dialogue stratégique avec l’Arabie saoudite, lequel a mené à un réchauffement des relations avec Riyad que l’interventionnisme militant tous azimuts de Doha avait plus d’une fois agacé.
On murmure aussi qu’amplement souhaitée par les Occidentaux et l’Arabie Saoudite, cette réorientation amorcée par Tamim va se poursuivre par une démarcation accentuée d’avec l’islamisme militant et par le prochain abandon du wahhabisme en tant qu’idéologie officielle du régime.
Site d’accueil de la Coupe du monde de foot en 2022, le Qatar dit vouloir réviser le statut de ses travailleurs étrangers.
Après 40 mois ponctués de vives polémiques et à la surprise générale, le président de la FIFA, Joseph Blatter, devait reconnaître le 16 mai dernier, que confier l’organisation du Mondial-2022 au Qatar avait été une « erreur », ce qui a relancé un dossier sulfureux jamais vraiment élucidé sur les véritables raisons de l’attribution de cette compétition au Qatar…
En attendant, soumis à d’intenses pressions internationales, se donner une nouvelle image de marque en améliorant le sort des centaines de milliers d’ouvriers asiatiques censés construire les stades de la Coupe du monde de football de 2022, le Qatar a dû lancer à la mi-mai une réforme de son code du travail… Or, l’émirat s’est limité à quelques demi-mesures en choisissant d’amender et non pas de supprimer le système de parrainage (kafala en arabe) soumettant l’ouvrier à son employeur et qui a tout du travail forcé.
Voulant corriger sa réputation entachée par les accusations d’« esclavagisme » de la Confédération syndicale internationale reprises dans une enquête du quotidien britannique Guardian, l’émirat avait commandé en 2013 un rapport à un cabinet d’avocats international. Or, les 60 recommandations de cette étude remises récemment à Doha ont confirmé les sérieux problèmes auxquels l’émirat est confronté et qu’il ne pourra pas résoudre par de simples expédients.Source Hamodia