dimanche 4 août 2013

L'Egyptien du FC Bâle ne veut pas jouer en Israël


Le football, ce langage universel qui prône amour et tolérance, réunit les peuples, main dans la main, au-delà des frontières… Mais pas toujours. A vrai dire, le climat est pesant avant le match retour du 3e tour qualificatif de Ligue des champions, mardi prochain à Tel-Aviv, entre le Maccabi et le FC Bâle. Bien davantage que l’étroitesse du score à l’aller (1-0 pour les Rhénans), c’est l’affaire Salah-Elneny – surtout Salah – qui fait grincer des cordes sensibles. On ne fait pourtant qu’assister au millième épisode, au moins, du fameux feuilleton «Quand la politique prend le sport en otage».


Avant même le tirage au sort, l’international égyptien Mohamed Salah, une immense star dans son pays, avait déclaré sur les réseaux sociaux qu’il n’irait «sûrement pas jouer contre des sionistes». Puis il s’était vaguement rétracté, se rappelant peut-être que les deux pays sont officiellement en paix depuis 1979.
Son attitude mardi dernier, lorsqu’il avait changé de chaussures pour ne pas avoir à serrer la main des joueurs du Maccabi (voir photo), a ravivé la polémique. La presse israélienne, répondant aux provocations de son homologue égyptienne, a colporté quelques messages de bienvenue au joueur: «Nous espérons que tu seras là, le public de Tel-Aviv ne te laissera pas en paix, pas un instant de silence.»
Mohamed Salah, en porte-à-faux tranchant par rapport à une partie de l’opinion publique égyptienne, pourrait donc renoncer à ce déplacement capital sur le plan sportif alors qu’il est, tout comme Elneny, une pièce maîtresse du FCB. «Personne ne m’a jamais dit qu’ils ne viendraient pas, a déclaré l’entraîneur Murat Yakin hier en conférence de presse, tâchant de désamorcer le contexte. Je pense qu’ils vont voyager avec nous, je les attends lundi matin à 8 h à l’aéroport.»
En frappant un étage plus haut, on sent pourtant bien que le club le plus puissant de Suisse se trouve soudain démuni, penaud face à la situation, dépassé par les événements. «C’est une affaire délicate, qui va bien au-delà du FC Bâle et du sport, admet au bout du fil, marchant sur des œufs, le président Bernhard Heusler. Au club, nous nous sommes accordés à dire que ce n’était pas à nous de livrer nos sentiments au public. Ils pourraient être mal interprétés. Nous ne sommes qu’un club de football et nous souhaitons faire preuve de respect envers tout le monde.»
Les dirigeants bâlois ont évidemment beaucoup parlementé avec leurs deux Egyptiens ces derniers jours. Et ce n’est pas fini. «Je ne pense pas que Salah va faire le voyage, nous glisse un «insider», désireux de garder l’anonymat. «Pour Elneny en revanche, qui est à peu près inconnu en Egypte et donc beaucoup moins sous pression, je suis plus optimiste.»
Joint par téléphone, Ohad Kadusi, joueur israélien fraîchement débarqué au Lausanne-Sport, n’a pas trop envie de s’étendre sur la question. Mais il livre son idée: «J’espère que les deux joueurs seront sur le terrain. C’est de la politique, le football n’a rien à voir avec ça.» Le football, ce langage universel qui prône amour et tolérance… des fois.  

Source Le Matin