La Syrie, battue par Israël au cours de trois guerres depuis la création de l'état hébreu, a décidé il y a plusieurs décennies de produire des armes de destruction massive pour faire face à ce qui devenait son ennemi juré. Damas n'a jamais eu les moyens scientifiques, économiques, technologiques de développer un programme nucléaire ou de production d'armes chimiques et bactériologiques.
La dynastie Assad n'a pu mettre en œuvre ces programmes qu'aidés par ses alliés et financeurs du monde musulmans, et ses fournisseurs européens, qui lui ont permis de constituer l'un des plus meurtriers stocks de produits neurotoxiques au monde.
Si le pays était totalement dépendant des aides extérieures, nul doute qu'il a aujourd'hui acquis les connaissances et les capacités de développement d'un programme "domestique".
La Syrie est l'un des sept pays à ne pas avoir adhéré à la Convention sur les armes chimiques de 1997, qui engage les membres à détruire complètement leurs stocks.
Le pays, qui ne commente jamais la question, avait cependant admis en posséder, tout en précisant qu'elles ne seraient jamais utilisées contre les rebelles – mais pourraient l'être en cas d'intervention étrangère.
S'il est relativement facile de produire de petites quantités de produits chimiques, leur production de façon massive implique des installations industrielles avec des équipements de pointe.
Les premières technologies ont probablement été acquises auprès de l'ex-Union soviétique et de l'Egypte, mais les composés chimiques de base provenaient probablement d'Europe.
Les produits chimiques sont venus des réseaux de commercialisation des grands fournisseurs en Suisse, en France, aux Pays Bas ou encore en Allemagne. Dans les années 1980, la France était le principal fournisseur de ces produits, censés être utilisés pour l'agriculture – mais dont personne n'ignorait le double usage possible.
Après 1985, alors qu'un contrôle plus strict était assuré sur ces produits, la Syrie a diversifié ses sources d'approvisionnement se fournissant notamment en Iran et en Russie, puis via des réseaux de trafiquants internationaux avec la complicité de ces mêmes pays.
Damas a renforcé ses capacités de production à travers la mise en place une agence avec une vitrine civile, le SSRC, en fait contrôlé totalement par les militaires.
Le SSRC, attaqué par les rebelles au début de cette année, supervise les recherches sur les armes chimiques, leur stockage, et les modalités de production.
Il est désormais dirigé par l'un des principaux conseillers de Bashar el-Assad, le chef de la sécurité nationale Ali Mamlouk un membre du "premier cercle" du dirigeant syrien.
Cependant, la supervision des armes chimiques est de plus en plus fragmentée et Assad lui-même en aurait perdu le contrôle global.
Il serait aujourd'hui entre les mains de fidèles du clan alaouite, le clan d'Assad.
C'est d'ailleurs dans les enclaves alaouites que seraient entreposés les principaux stocks d'armes chimiques. Ces enclaves, situées sur la bande côtière, présenteraient, en cas de besoin, l'avantage de permettre des tirs de missiles de courte portée chargés d'ogives chimiques.
La Syrie a la capacité d'infliger des pertes massives à quiconque serait considéré comme un ennemi à travers ses armes chimiques. Un régime aux abois ne parvenant plus à assurer sa domination par des moyens conventionnels pourrait être tenté par l'utilisation des armes chimiques.
Source Israel Infos