mercredi 22 mai 2013

Dis-moi quelle kippa il porte, je te dirai qui il est !

 
 
Quand tu parles à un mec, c’est très instructif d’écouter ce qu’il dit, de regarder sa façon de se tenir, la position de ses mains, son port de tête. Mais n’oublie pas de respecter le 11ème commandement, celui qui a disparu des Tables de la Loi faute de place : «Jette toujours un œil à sa kippa, de grande déconvenues tu t’épargneras».
 
 
La kippa gadget
 
 
 
C’est plus un collector qu’un objet de culte, un peu comme un tee-shirt de U2 dédicacé par Bono après son concert à Tel-Aviv en 1997, ça se porte pas, c’est entreposé comme un trophée dans une vitrine. Celui qui la porte est soit inconscient, soit complètement con. Dans les deux cas, que Dieu bénisse celle qui réussit à faire abstraction du petit bout de tissu. C’est un peu comme parler une heure avec un mec qui a un bout de salade coincée entre les dents sans lui dire, l’épreuve elle est pour toi.
C’est la kippa en cuir estampillée du logo de Louis Vuitton (achetée sans doute dans un souk à Marrakech avec la paire de babouches assorties). Dans un autre genre, mais tout aussi compliqué à assumer, la kippa Mettallica ou la kippa avec les héros de la série Friends posant devant le Central Perk.
Le mec en dessous : laïc, il vient à la synagogue en touriste. Il a opté pour cette version pour contrebalancer le caractère sacré du port de la kippa et répète à qui veut l’entendre «c’est qu’un bout de tissu après tout».
 
La black
 
C’est la «Régina» de la pizzeria, la Will I Am du classement iTunes, la classique, la basique. On ne voit qu’elle. Elle est comme un prolongement de ses cheveux. Elle est souvent copine avec un chapeau ou une casquette.
Plus elle est large et épaisse, plus le mec étudie, à moins qu’il ne cache une calvitie précoce. A moins que ce soit les deux. Elle ne suit ni la mode, ni les saisons, elle est en velours épais. Elle est comme le slogan pavlovien dès que les responsables communautaires entendent le nom de «Jérusalem», elle est «une et indivisible».
Le mec en dessous : hyper pratiquant, voire orthodoxe. Si tu le croise, c’est que tu t’es perdue derrière la meritsa à un mariage Habad. Dans ce cas-là, tu évites de taper des mains en disant à ton voisin «y a plus d’ambiance chez vous, et puis moi je préfère les garçons».
 
La kippa schizophrène
 
 
 
Elle a l’aspect d’une kippa mais le fond prenant le dessus sur tout le reste, ça n’est pas une kippa. Son motif dit le contraire de ce qu’elle est, ou plutôt de ce qu’elle devrait être. Disons pour faire simple qu’elle est une aberration à elle seule, un peu comme un rabbin faisant la queue chez McDo.
C’est la kippa estampillé du logo du journal «Minute» ou «Marianne», oui je sais ce n’est pas pareil, quoique. C’est la kippa siglée d’une croix gammée, la kippa avec la tête de Dieudonné, Alain Soral et Mahmoud Ahmadinejad bras-dessus bras-dessous, ou encore la kippa «Front national».
Le mec en dessous : au pire il n’est pas juif, au mieux c’est un provocateur. Non en fait c’est le contraire, il vaut mieux qu’il ne soit pas juif.
 
La kippa en crochet
 
 
 
Le napperon sur le buffet de tata Simone, ça rend rien, mais là sur la tête du mec bronzé et mignon croisé au Mur, ça le fait. Quand tu l’as découverte, ça a été comme la fois où t’as acheté ton premier slim, tu t’es dit «c’est quoi ce pantalon tout nouveau, mais ça existe depuis quand ?!».
Elle peut être de plein de tailles, de plein de couleurs avec plein de motifs. Elle a révolutionné le monde de la kippa. Elle a trusté le marché.
Le mec en dessous : si tu décides de le suivre, t’es bonne pour la «ligne verte». Pas le film, la frontière. Tu habiteras un très joli moshav en Cisjordanie, en sa présence je te conseille de dire «Judée-Samarie». Quand tu lui diras que tu crains de finir comme la fille Fogel, il te dira que c’est Dieu qui décide de tout. Le genre de réponse qui peut pousser n’importe quelle fille normalement constituée au suicide.
 
La kippa d’hier
 
 
 
C’est la kippa de ton père, de ton tonton Prosper ou de ton frère à sa bar-mistva. C’est comme les costumes croisés, les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Elle est comme ta mère : elle a connu ton père jeune et beau, elle est là depuis 40 ans, elle est fatiguée mais elle tient le coup.
Elle est à la mode … des années 70. En velours épais ou en satin, elle est le plus souvent bordeaux – lie de vin, vert foncé ou bleu indéfinissable. Ornée de fil doré ou argent qui forme des arabesques, c’est l’ancêtre de la kippa, c’est une calotte très prisée par les juifs d’Algérie qui disent encore «communion» pour «bar mitsva».
Le mec en dessous : il a plus de 60 ans. Même s’il porte beau, passe ton chemin car si ça se trouve, c’est un copain de ton père, le père de ta meilleure copine en 5ème à Sinaï, ou le cousin éloigné de ta mère. Si t’as pas de bol, c’est les trois à la fois.
 
Source JewPop