dimanche 26 mai 2013

A la recherche de son jumeau



Le seul indice dont dispose Menachem Bodner pour retrouver son jumeau est tatoué sur son bras: son numéro de prisonnier à Auschwitz, qui précède celui de son frère, A 7733. Il est donc à la recherche de A7734, Jeno, surnommé Jolli.

Pour cela, la généalogiste israélienne qui l’aide dans ses recherches a mis en place une page Facebook afin de propager l’appel à témoins, pour que les jumeaux soient enfin réunis. La famille de Menachem a été déportée à Auschwitz en mai 1944: il est arrivé dans le camp avec sa mère, son jumeau et leur petit frère Josef. Ce dernier y est mort. Les jumeaux, âgés de trois ans et demi à l’époque, ont été les cobayes du médecin maudit, Josef Mengele.
En septembre 1944, leur mère a été transférée vers Bergen-Belsen, puis vers un autre camp en Allemagne. Quant à leur père, il a été déporté avec eux, mais a très surement été tué sur le trajet, ou bien directement envoyé dans les chambres à gaz à son arrivée.
Menahem Bodner aujourd'hui Après neuf mois passés à Auschwitz, Menachem se retrouve seul à la libération du camp. Sans sa mère, ni son jumeau, dont il n’a désormais qu’un souvenir. Il s’est alors dirigé vers un homme, un survivant comme lui, qui recherchait désespérément sa femme et sa fille.
Alors âgé de 4 ans et demi, il lui a demandé s’il voulait bien être son père. Natif de la ville d’Auschwitz, son père adoptif l’y emmène pendant plusieurs mois, avant de déménager vers l’Autriche au début de l’année 1947. Père et fils se sont ensuite établis en Israël, où Menachem a construit sa propre famille. «Lorsqu’ils étaient en Pologne, son père adoptif a essayé de retrouver sa famille biologique. La recherche s’est poursuivie en Israël, avec l’aide de sa mère adoptive, mais en vain», nous explique Ayana KimRon, la généalogiste qui travaille sur l’histoire de Menachem.



En septembre 1944, La tâche n’était pas facile: «Il a toujours su qu’il avait un jumeau. Il parlait de lui à Auschwitz, il l’a senti toute sa vie. Mais il ne se souvenait même pas de son nom de famille.» «Il a en mémoire une image très nette du jour où les policiers sont venus les chercher. Il se souvient de sa mère, de son père, son jumeau qui dormait dans la chambre. Lui jouait dans le jardin, et a prévenu ses parents que des officiers hongrois arrivaient. Il se souvient des vêtements que portait sa mère, que son père était très perturbé, qu’il cherchait des choses dans les tiroirs», raconte Ayana.

Source Paris Match