Ce n’est qu’une première étape, mais c’est déjà un événement majeur Pour la première fois en près de 40 ans, Israéliens et Libanais vont s’asseoir autour d’une table.
Bien sûr, il aura fallu deux ans de pourparlers menés par les États-Unis pour arriver au principe même des négociations directes et la route sera sans doute bien avant un accord final mais les deux délégations, libanaise et israélienne, ne seront pas laissées à leurs propres dispositifs: les États-Unis restent les médiateurs et les observateurs des Nations Unies La première réunion a lieu à Naqoura, une ville frontalière libanaise, qui est également une base de la FINUL (Force intérimaire des Nations Unies au Liban).
L’objectif est de déterminer le tracé de leur frontière maritime et plus précisément le sort d’une zone de 860 kilomètres carrés disputée depuis 2011, car potentiellement riche en gaz En fait, lorsque le président du Parlement libanais, Nabih Berri , a annoncé ces négociations le 1er octobre, il a précisé qu’elles couvriraient également les frontières terrestres Ce dernier point a été immédiatement renversé par les États-Unis et Israël.
En fait, les enjeux ne sont pas les mêmes des deux côtés de la frontière Pour Israël, l’enjeu est économique et stratégique alors que l’enjeu fait l’unanimité au niveau national Le ministre de l’Energie Yuval Steinitz, à la pointe de cette question, veut résoudre ce conflit «une fois pour toutes», at-il déclaré au «Jerusalem Post», et espère un accord Selon des sources israéliennes, l’Etat hébreu serait prêt à un compromis, qui allouerait 58% de la zone litigieuse au Liban Il est vrai qu’Israël exploite déjà plusieurs champs de gaz off-shore, ce qui n’est pas encore le cas avec le Liban.
Du côté libanais, ces négociations suscitent davantage de débats sur la scène politique Jusqu’ici, toutes les propositions faites sur cette question par les États-Unis en particulier, avaient été rejetées par le Liban et en particulier par le Hezbollah mais le parti chiite a fini par donner le feu vert, pour deux raisons.
Alors que le pays des Cèdres s’enfonce dans une grave crise économique et financière, les autorités libanaises comptent plus que jamais sur la découverte d’hydrocarbures offshore pour sécuriser une nouvelle source de devises Un consortium mené par le groupe pétrolier français Total a obtenu un permis d’exploration et d’exploitation en 2018, dont une partie est située dans la zone litigieuse entre le Liban et Israël.
Le renforcement de la pression américaine sur le Hezbollah ces derniers mois explique également ce dégel .
En septembre, Washington a notamment imposé des sanctions à deux anciens ministres libanais pour «corruption» et soutien à la milice chiite, considérée par les États-Unis comme un groupe terroriste.
« Le Hezbollah et son sponsor régional iranien sont contraints d’être plus flexibles », observe Hilal Khashan, professeur de sciences politiques à l’Université américaine de Beyrouth.
Israël, cependant, continue de craindre que le « Parti de Dieu » soit un obstacle à ces négociations Lors d’un point de presse, le général de brigade israélien, Assaf Orion, a déclaré craindre « que le Hezbollah […] tente de frapper [ Israël, ndlr] tandis que ses partenaires politiques [libanais] iront de l’avant dans ces pourparlers.
« Pour sa part, le bloc parlementaire du parti chiite a clairement indiqué que ces discussions ne s’apparentaient pas à une » réconciliation « ou à une » normalisation « des relations entre leur pays et Israël.
Source Cameroun Magazine (& Les Echos)
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