ELLE. Ce mouvement d'indignation contre les violences sexuelles est-il inédit en Israël ?
Illana Weizman. C'est une première. Il se passe vraiment quelque chose. Tous les hommes politiques, de Nétanyahou à Gantz, se sont exprimés pour condamner ce crime, du jamais-vu.
Dans les manifestations, il y a des personnes de tous horizons, de tous âges. Beaucoup d'adolescentes, notamment, qui ont certainement déjà subi des agressions.
Jusque-là, la question des violences faites aux femmes n'avait fait qu'une apparition timide dans le débat public.
ELLE. Pensez-vous qu'au-delà de l'émotion, le débat s'ouvre réellement ?
Illana Weizman. J'ai l'impression que notre #MeToo se produit en décalé. La Women's March Israel a invité les femmes à témoigner en ligne en divulguant le prénom et l'âge de leur agresseur lors de violences sexuelles. Cela va être envoyé à la Knesset [le parlement, ndlr].
Chaque jour, le journal Ynet publie un récit de femme. Le débat s'ouvre dans les familles. Il y a une ébullition.
ELLE. Pensez-vous que cela aboutira à des mesures politiques concrètes ?
Illana Weizman. Je suis sur mes gardes. En 2017, deux cent cinquante millions de shekels ont été promis aux associations féministes : elles n'en ont jamais vu la couleur… Nous vivons par ailleurs une période politique très troublée, sans gouvernement depuis un an et demi.
Notre système judiciaire ne donne aucune place aux victimes. L'indignation pourrait retomber.
Mais il se passe tout de même quelque chose dans l'opinion publique. On plante des graines, la récolte prend du temps.
Par Caroline Six
Source Elle
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