mardi 27 août 2019

Israël: le gouvernement se prépare à une escalade militaire régionale


Le président libanais parle d'une « déclaration de guerre » après une attaque au drone armé dans la nuit de samedi à dimanche. Cette opération est imputée à Israël. Le pays n'a pas fait de commentaire à ce sujet mais a annoncé avoir frappé des cibles en Syrie pour déjouer, dit l'armée israélienne, une attaque. La tension entre Israël et l'Iran ainsi que ses alliés régionaux est montée. Et le gouvernement israélien, à trois semaines des élections législatives, montre qu'il se prépare à une escalade.......Détails........


Liban, Syrie, mais aussi bande de Gaza d'où trois roquettes ont été tirées dimanche soir, la tension est montée aux frontières nord comme sud d'Israël. Et ce lundi, le Premier ministre Benyamin Netanyahu a réuni le cabinet de sécurité. La rencontre a duré 4 heures.
Mais plus inhabituel, le chef du gouvernement a annoncé avoir ordonné que son principal rival aux élections législatives du 17 septembre, Benny Gantz, soit informé de l'évolution de la situation.
Une démarche inattendue : si le chef de l'opposition doit être informé avant une opération militaire, l'ancien chef d'état-major ne bénéficie pas de ce statut. Benyamin Netanyahu ayant échoué à former un gouvernement, le Parlement israélien ne compte actuellement ni majorité ni opposition.
Le sens de cette démarche et la publicité qui lui a été donnée par le Premier ministre suscitent donc de nombreux commentaires.
Certains analystes y voient un message envoyé à l'Iran et au Hezbollah que malgré la période électorale, le gouvernement israélien est prêt à un conflit.
D'autres y voient une manœuvre politique. 
En dramatisant la situation et en désignant Benny Gantz comme un possible chef de gouvernement, Benyamin Netanyahu pourrait chercher à mobiliser son électorat.

Le Premier ministre libanais demande à la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques

Le Premier ministre libanais Saad Hariri a appelé lundi le Conseil de sécurité des Nations unies à faire pression sur Israël pour qu'il s'abstienne de toute action agressive contre le Liban.
"Si les attaques israéliennes s'intensifient, cela aura des répercussions dangereuses sur le Liban et sur l'ensemble de la région", a indiqué le bureau de M. Hariri.
Il a tenu ces propos au cours d'une rencontre avec les ambassadeurs de France, de Chine, des Etats-Unis, de Russie et du Royaume-Uni au Liban.
M. Hariri a déclaré que le gouvernement libanais souhaitait empêcher toute escalade, mais avait pour cela besoin du soutien de la communauté internationale.
Un drone israélien s'est écrasé dimanche matin dans la banlieue sud de Beyrouth, la capitale libanaise, tandis qu'un autre drone a explosé dans les airs, causant de graves dégâts à un centre de presse du Hezbollah.
Il s'agit de la première attaque explicite d'Israël contre le Liban depuis la guerre de 2006.



Le Moyen-Orient à l’heure de la guerre des drones

Les drones sont depuis plusieurs semaines au cœur de l’actualité régionale, les incidents impliquant leur utilisation s’étant multipliés à un rythme régulier, particulièrement depuis les regains de tensions entre les États-Unis et l’Iran. Les oléoducs saoudiens, les milices pro-iraniennes du Yémen, d’Irak et de Syrie, Israël ou encore le Liban ont ainsi été instigateurs ou « victimes » d’attaques de drones. 
Les dernières datent d’hier matin, lorsque des appareils israéliens ont mené des frappes dans la plaine de la Békaa, contre une base du Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG), à proximité de la frontière syrienne.
Les drones ont acquis en l’espace d’une vingtaine d’années une place considérable dans le domaine militaire jusqu’à devenir une réalité opérationnelle et un élément indispensable des forces de police ainsi que des forces armées du Moyen-Orient. 
Dans le contexte militaire, ces drones deviennent des « appareils de combat sans pilote » (UCAV, Unmanned Combat Aerial Vehicle), dont la mission va de l’observation simple (reconnaissance) au combat direct par le lancement de missiles et / ou même d’assassinat ciblé.
L’un des exemples le plus significatif est celui de la mort de l’un des principaux leaders des houthis (milice yéménite soutenue par l’Iran), Saleh Ali al-Sammad, en avril 2018, par un drone commandé par l’Arabie saoudite.
La taille, le poids et les fonctions de ces aéronefs se sont diversifiées au fur et à mesure des années, pouvant aller de la taille d’un jouet, avec un poids n’excédant pas quelques centaines de grammes, à celle d’un véritable avion de combat (comme le drone « Reaper » de l’armée américaine), pouvant peser plusieurs tonnes.
Ce dernier modèle est similaire à celui que les Iraniens ont abattu en juin dernier au-dessus du détroit d’Ormuz. 
« Contrairement aux avions de combat, plus lourds, les UCAV peuvent survoler des zones de guerre à basse vitesse pendant des heures et des heures, en attendant que les cibles s’exposent et sans mettre en péril la vie de leurs opérateurs », peut-on lire sur le site de la revue américaine The National Interest, dans un de ses articles publiés le 17 août dernier. « Les drones sont beaucoup moins chers à acheter et à utiliser que les chasseurs à réaction », ajoute le document.
Les pays de la région ont néanmoins eu du mal à se procurer de tels appareils, notamment après avoir essuyé des refus d’exportation, surtout de la part des États-Unis. 
Ces derniers ont « jalousement protégé l›exportation de tels avions, de peur qu›ils ne tombent dans les mains de gouvernement hostiles, ne soient utilisés pour réprimer des manifestants ou utilisés contre Israël », écrivait le journal The Economist, dans un article publié en mars dernier, ajoutant que « Washington a également été contraint par le Régime de contrôle de la technologie des missiles (MTCR), un accord de contrôle des armements signé par trente-cinq pays, dont la Russie, qui limite le transfert de missiles et de drones particulièrement performants (tous deux reposant sur la même technologie sous-jacente) ».

Guerre des drones

D’après le groupe de réflexion Royal United Services Institute for Defence and Security Studies (RUSI) basé à Londres, malgré la politique sélective d’exportation de drones retenue par les États-Unis, plusieurs pays de la région ont réussi à faire l’acquisition de drones armés de combat ces dernières années, soit en les produisant au niveau national – comme c’est le cas en Iran, en Israël ou en Turquie – soit en les important, notamment depuis la Chine, comme c’est le cas pour la Jordanie, l’Irak, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite ou encore l’Égypte. 
Toujours d’après le RUSI, l’État hébreu et la République islamique seraient les deux plus gros possesseurs de drones armés de la région (capables de tirer des missiles), avec près d’une soixantaine d’appareils pour Israël et d’une cinquantaine pour l’Iran.
Ces deux pays se livrent actuellement une véritable guerre de drone sur plusieurs fronts. 
Les Israéliens ont récemment frappé à plusieurs reprises à l’aide de drones des cibles en Irak contre les milices des Hachd al-Chaabi. 
Ils ont également mené une double attaque contre le Liban au cours de ces dernières 48 heures, dans la banlieue sud ainsi que dans la Békaa. 
Les Israéliens profitent dans ce domaine de leur supériorité technologique, notamment avec leurs innovations dans le domaine des systèmes antidrones. Son système radar, appelé le « drone dome », peut identifier les cibles et utiliser un laser pour les neutraliser à plusieurs kilomètres de distance. 
L’État hébreu possède également des petits drones pour faire de la reconnaissance aérienne, mais aussi pour lancer des grenades lacrymogènes, comme il l’a fait à Gaza en mai dernier pour disperser une manifestation.
Israël a une histoire particulière avec les drones. 
Il a en effet « été le premier pays au monde à utiliser un drone dans le cadre d’une opération militaire », en 1969 – pour espionner les positions de l›armée égyptienne le long du canal de Suez – selon le groupe de recherche Heritage Foundation, et l’un des premiers États à opérer des frappes avec des drones, après les États-Unis et la Grande-Bretagne. 
Tel-Aviv a également utilisé des drones lors de la guerre du Liban en 1982 et il est aujourd’hui devenu l’un des plus grands exportateurs de drones à travers la planète.

« Drone furtif » iranien

Israël a récemment mené des frappes aériennes en Syrie, près de Damas, pour empêcher les Iraniens de lancer des drones sur le territoire israélien. 
Outre ses missiles balistiques, et malgré les années d’embargo et de sanctions qui ont pesé sur elle, la République islamique a pu se constituer un nombre important de drones pouvant compenser la vieillesse de son aviation, en majorité datant de l’époque du chah. 
« En janvier, l’Iran a présenté une pléthore de nouveaux UAV. Parmi ceux-ci figuraient son « drone furtif » Shahed-171 équipé de missiles à guidage de précision et son drone Kaman 12, qui pourrait, selon les médias iraniens, parcourir 200 km de distance », écrivait le journal américain The Hill, dans un article publié le 17 juillet dernier.
Téhéran a par ailleurs fourni un grand nombre de ses drones aux milices et groupes qui lui sont fidèles dans la région (le Hezbollah au Liban, et les milices chiites en Irak et en Syrie, ainsi que les houthis au Yémen et le Hamas dans la bande de Gaza). 
Cela s’est notamment vu par le biais d’attaques de drones kamikazes de la part des houthis, le 17 août, sur une raffinerie de la compagnie pétrolière saoudienne Saudi Aramco. 
Ce genre de stratégie n’est pas sans rappeler celle utilisée lors des affrontements contre le groupe État islamique en Syrie et/ou en Irak, durant lesquels le groupe terroriste a eu recours à de petits modèles pesant quelques centaines de grammes, ayant donc des capacités d’emport d’armes très limitées pour s’écraser, bourrés d’explosifs, contre des positions ennemies ou larguer au sol des grenades.
Le Hezbollah a par ailleurs été la première « milice » à déployer des drones de qualité militaire. 
Il a notamment lancé un drone « Mirsad 1 » en Israël depuis le Liban en 2004, un autre en 2005, puis trois en 2006. Ces derniers envois étaient particulièrement problématiques, car ils étaient équipés de « têtes explosives de 40 à 50 kg ». 
Ils ont néanmoins été abattus dans le nord d’Israël. Le Hezbollah a également lancé des drones de reconnaissance pour pénétrer dans l›espace aérien israélien en 2012 et 2013 et les a déployés en Syrie, où il est fortement engagé.

Source Yahoo News & L'Orient le Jour & French Xinhuanet
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