dimanche 23 juin 2019

En 1959, le scandaleux mariage de Liz Taylor et Eddie Fisher


C’est l’un de ces grands « drama » dont seul Hollywood a le secret. Au casting, les meilleurs amis du monde, deux des couples les plus chics de la fin des années 1950. D’une part, Debbie Reynolds et Eddie Fisher, la douce Kathy de « Chantons sous la pluie » et le crooner aux 38 tubes classés au Top 50, heureux parents de Carrie Fisher, future princesse Leia de Star Wars. De l’autre, Liz Taylor et Mike Todd, la « Chatte sur un toit brûlant » et le producteur oscarisé du « Tour du monde en 80 jours »........Détails.........



Les dîners, les fêtes, les vacances… Ces quatre là sont inséparables - jusqu'au 22 mars 1958. Ce jour là, Todd embarque à bord de son avion privé, un bimoteur baptisé « The Liz » en l’honneur de son épouse. 
Il aurait voulu qu’elle vienne à New York avec lui, mais elle a attrapé un rhume. Au-dessus du Nouveau-Mexique, l’appareil qui a pris trop d'altitude et commence à givrer, perd un moteur. 
L’avion est trop chargé, le pilote n'a plus le contrôle. Mike Todd et trois autres personnes sont tués dans le crash.
Dans l’heure, Eddie et Debbie sont chez Liz. 
Durant les semaines et les mois qui suivent, le couple passe chaque jour au chevet de la veuve. 
Et pour Fisher, quelques nuits aussi... Quand les feuilles de chou bruissent des premières rumeurs de liaison, c’est un gigantesque scandale. Liz, la grande star au destin tragique, devient la briseuse de ménage. 
Circonstance aggravante, la vamp a bafoué celle que l'on surnomme « la petite fiancée de l’Amérique », l'adorable Debbie Reynolds, l’une des personnalités les plus ainées du pays. 
Elle a le soutien du public, mais elle aura beau lutter pour son mari, la pauvre capitulera d'un mot fameux : « Que puis-je faire contre la plus belle femme du monde ? »
Le couple adultère finit par assumer, se présente bras dessus, bras dessous aux Oscars 1959, mais ne récolte que des articles assassins et des insultes dans la rue. 
Le 12 mai 1959, Eddie Fisher devient le mari de Liz Taylor, le quatrième sur un total de sept. 
L’image de Taylor est un temps ternie, mais ce personnage de femme fatale, à présent bien ancré dans les esprits, fera sa légende. La carrière de Fisher, elle, ne survivra pas à la controverse. 
Avant même les noces, le scandale est tel que la chaîne NBC annule son émission de variété. En 1960, la maison de disque RCA le lâche, et sa résidence au Tropicana Las Vegas, mirifique contrat d’un million de dollars, n’est pas renouvelé. 
Trois ans plus tard, il perdra bien plus encore, quand Liz Taylor prêtera son nez à Cléopâtre, séduisant ainsi Marc-Antoine, sous les traits d’un certain Richard Burton…
Voici le récit consacré au scandale de la liaison entre Liz Taylor et Eddie Fisher, publié deux mois avant leur mariage dans Paris Match en 1959…

Paris Match n°522, 11 avril 1959 / Qu’y a-t-il dans la petite tête brune de Liz ?

Liz Taylor annonce qu'elle épousera Eddie Fisher dans six semaines. Elle change de religion pour lui. L'Amérique, irritée, renie sa « petite fiancée ».
Elle est jolie cette petite tête, avec son ovale italien, ses yeux lilas, son nez droit et minuscule et les cheveux sombres et légers. Mais enfin que cache toute cette limpidité ? 
Les millions d'admirateurs d'Elizabeth Taylor ont appris en même temps qu'elle allait se marier pour la quatrième fois et qu'elle était passée de la religion protestante à la religion juive. 
C'est beaucoup pour une personne qui vient d'avoir ses 27 ans : c'est trop pour la première actrice du cinéma mondial. 
Car elle est devant Deborah Kerr, Doris Day, Brigitte Bardot et Debbie Reynolds, la vedette féminine que les grands organismes spécialisés placent en tête du box-office de l'année.
Le mariage américain n'a qu'une solidité relative puisque lorsqu'on en célèbre quatre on en dissout un : encore faut-il montrer quelque modération dans la versatilité. 
Et l'erreur d'Elizabeth Taylor est d'avoir joué trop de fois trop de comédies. Comédie de la passion, comédie du désespoir, comédie du bonheur.
A 17 ans, déjà célèbre, elle épousait un fils à papa nommé Nick Hilton. Papa, c'était la plus grande chaîne hôtelière mondiale. « Il fera un très gentil premier mari », disaient les mauvaises langues. 
En effet : sept mois plus tard Liz divorçait. Nick était trop personnel, trop « avare ». Leur goûts communs : le salami, les oignons et la chanson Some enchanted evening interprétée par Enzo Pinzia qui, selon Liz, devaient rendre inébranlable leur union, avaient fait long feu. 
Quelques mois plus tard elle épousait Michael Wilding, un Anglais de vingt ans son aîné, un comédien élégant et distingué qui lui fit deux garçons. Michael aussi fut accusé « d'avarice ». 
En fait, il ne gagnait pas assez d'argent et il avait moins de talent qu'elle. Comme de surcroît il se montra volage, au bout de quatre ans Liz se sépara de lui. 
Cette fois, comme la précédente, elle eut une dépression nerveuse et annonça qu'elle quittait le cinéma. Deux jours après son divorce elle épousait le richissime producteur Mike Todd.
Couple singulier. « Je ne comprends pas que tu aimes ce grand-père », lui avait dit son second mari en guise de félicitations. 
Mike avait 47 ans, était grand-père en effet, mais d'une catégorie particulière. Ce fils d'émigrants polonais, qui avait vécu dans la misère, était une force de la nature et plus jeune à son âge que beaucoup de jeunes gens : il avait lui aussi une vaste expérience conjugale puisqu'il avait déjà vécu une douzaine de passions illégitimes et publiques (notamment avec Marlène Dietrich) et deux légitimes. 
Mike avait de l'argent et en donnait, autant par amour que par goût et par intérêt. Sa générosité enchantait Liz, stupéfiait l'Amérique qui a l'oreille si sensible au bruit de l'or et lui donnait le plaisir de dépenser avec une prodigalité de pauvre devenu riche. 
Il faisait à Liz un cadeau chaque samedi sous prétexte qu'ils s'étaient mariés ce jour-là. C'étaient douze visons, un avion, cinquante chapeaux de Paris ou trois chiens rarissimes. 
En Russie, il voulut même lui offrir le Kremlin. Et puis, un matin de printemps, en ouvrant la télévision elle apprit que l'avion privé de Mike — Le Liz — chargé de givre s'était écrasé, toutes commandes bloquées, contre une colline du Nouveau-Mexique.
Elle eut encore une dépression nerveuse et décida encore d'abandonner le cinéma. On la porta plutôt qu'on la conduisit au cimetière, effondrée sous ses voiles noirs. 
L'Amérique était fière d'elle. Elle cessa de l'être le jour où Liz retourna au cimetière en compagnie du chanteur Eddie Fisher, le meilleur ami de son mari. Car le soir même on les vit ensemble, mais dans une boîte de nuit cette fois, la main dans la main.
L'Amérique fut deux fois choquée. Parce que Liz — veuve joyeuse — oubliait trop vite son rarissime mari et un amour passion qui avait fait les beaux jours de la presse du cœur, et aussi à cause de son idylle avec Eddie Fisher qui brisait le couple le plus uni de l'Amérique. 
On ne pouvait ouvrir un magazine de cinéma sans lire un récit sucre-miel du bonheur conjugal d'Eddie et de Debbie Reynolds, sa femme. Chaque fois qu'éclatait un scandale, qu'un couple se dissociait on disait : « Oui, mais tout le monde n'est pas comme cela ici : regardez Debbie et Eddie. »

La nouvelle idylle brise un ménage heureux

Liz et Eddie ne purent nier longtemps. Le mensonge est mal commode en Amérique, tant est grande l'indiscrétion de la presse ; les journalistes assiégèrent Liz, lui répétant la même question : « Etes-vous amoureuse d'Eddie ? Allez-vous l'épouser ? »
La grande columniste Louella Parsons, la commère américaine dit : « Je n'ai jamais vu une dégringolade aussi rapide que celle d'Elizabeth Taylor aux yeux de ses « fans » ; même pendant l'affaire Bergman-Rossellini je n'avais reçu un courrier pareil. » 
Liz donna des interviews qui furent mal accueillies. Certaines phrases lui nuirent considérablement, du genre : « Eddie n'a jamais été amoureux de sa femme » ou bien « Mike est mort, moi je suis vivante ».
Mais enfin le divorce des Fisher fut prononcé (en dix minutes) aux torts du mari qui fut condamné à verser vingt millions de francs de pension alimentaire annuelle. 
La marque de cigarettes Chesterfield ne lui renouvela pas son contrat qui arrivait à expiration : « Eddie n'a plus une tête qui fait acheter des cigarettes », dit-elle. 
La vente de ses disques s'effondra malgré ses managers qui insistèrent auprès du public sur la solitude du pauvre Eddie, sur l'amour qu'il porte à ses enfants dont il est privé et sur l'incompréhension dont il est victime.
Liz ne fut pas mieux lotie, l'université de Californie supprima les conférences qu'elle devait faire. 
On la hua à la porte de sa maison, son courrier devint si injurieux qu'elle ne l'ouvrit plus et l'important Groupement des propriétaires de théâtre prit position contre elle.
Quant à Debbie, la victime, elle a commencé par pleurer. Et puis les pleurs se sont taris. 
Car ses malheurs l'ont fait monter en flèche. Elle était, en 1958, cinquième actrice américaine, mais il y a tout lieu de penser que ce classement est maintenant modifié en sa faveur. 
Elle est exemplaire en ce moment. Elle tourne à Madrid ; le dimanche, elle vient à Paris acheter des tableaux et chaque soir elle téléphone à ses enfants, en Californie.
Liz vient de faire enfin une rentrée fulgurante dans une actualité où elle a déjà joué un rôle important, en se convertissant soudainement à la religion juive. Elle appartient à la religion protestante, plus précisément à la secte méthodiste. Déjà, à l'instigation de son second mari, elle avait envisagé de se convertir au catholicisme. 
Il semble que l'influence de Mike Todd — de son vrai nom Avrom Goldbogen —, petit-fils de rabbin, a été déterminante. 
Liz se prépare depuis plusieurs mois, encouragée sans doute par Eddie Fisher qui est également juif. Elle a rendu souvent visite au rabbin d'Hollywood, Nussbaum ; elle a lu plusieurs livres et le 26 mars, quand elle a été jugée prête, s'est déroulée la cérémonie de conversion. Liz était habillée élégamment et elle était accompagnée de ses parents. Dans la synagogue elle monta l'escalier conduisant à l'autel. 
Le rabbin se tenait devant les portes ouvertes de l'Arche où se trouvent les cinq livres de Moïse. Il lui posa quatre questions essentielles

— Promettez-vous d'être loyale envers le judaïsme ?
— Oui, dit-elle.
— Promettez-vous de vous considérer comme appartenant au peuple d'Israël en toutes circonstances ?
— Oui.
— Promettez-vous de vivre selon la vie juive ?
— Oui.
— Si vous aviez la grâce d'avoir des enfants au cours d'un futur mariage, les élèveriez-vous dans la foi juive ?
— Oui.
Alors Elizabeth Taylor lut un long serment :
« ... Je chercherai la compagnie du peuple d'Israël...
» ... Je crois qu'Israël est un peuple religieux et a enseigné au monde les principes religieux de la justice et de la droiture, de l'amour et de la pitié, de la liberté et de la paix...
» ... Avec toute ma ferveur je proclame ici ma foi dans la religion juive. »
Et elle psalmodia tour à tour en anglais et en hébreu :
« Ecoute Israël : le Seigneur .Votre Dieu, le Seigneur est un.
» Que son nom soit tout dans son glorieux royaume à tout jamais. »

Devant son hôtel des pancartes : " Liz go home "

Ce fut alors au tour du rabbin de lui répondre tandis qu'elle baissait modestement la tête : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces. 
Et ses œuvres que je te commande en ce jour tu les enseigneras avec ferveur à tes enfants et tu leur en parleras quand tu seras assise dans ta maison, quand tu marcheras sur les chemins, quand tu seras couchée, quand tu te lèveras. Et tu les écriras sur les montants des portes de ta maison et sur les grilles. » Puis, prenant la main de Liz, le rabbin lui dit (que son prénom serait Elisheva, l'équivalent hébreu d'Elizabeth, et lui demanda de choisir un autre prénom. Elle prit celui de Rachel. 
« En conséquence, dit le rabbin, votre nom sera en Israël, Elisheva Rachel. Avec ce nom en gage vous faites maintenant partie de la maison d'Israël et vous en assumez tous les droits, les privilèges et les responsabilités. »
La nouvelle Elizabeth est maintenant à Las Vegas, près de celui qu'elle dit aimer avec la même ferveur que les trois précédents. 
Elle a loué un ranch au milieu d'une plaine désertique où trois chiens et deux perroquets lui tiennent compagnie pendant qu'Eddie répète dans un petit deux-pièces à l'Hôtel Tropicana, au-dessus du cabaret du même nom où il passe le soir. 
La salle est pleine, malgré la concurrence du Lido de Paris, de « Mae West et ses hommes musclés » et du spectacle de la « Nouvelle Eve ». Liz a assisté au tour de chant d'Eddie l'autre soir. Il est venu s'asseoir à sa table où l'ont rejoint des journalistes. 
« Je compte épouser Liz dans les six semaines à venir », a-t-il révélé. En sortant de l'hôtel elle a été accueillie par une dizaine de manifestants portant des pancartes où l'on pouvait lire : « Tenez vos promesses anciennes » ou encore « Liz go home ». 
Elle est passée en faisant semblant de ne rien voir.
Maintenant. Liz est devenue un mystère pour l'Amérique. Il y a quelque chose de trouble, de gênant dans cette volonté passionnée de vivre très vite à tout prix. 
La vérité est que cette femme enfant a été élevée sur un plateau de cinéma et que sa vraie mère n'est pas cette dame abusive qui en a fait une vedette à 12 ans mais la Metro Goldwin Mayer et son gros lion qui rugit sur les écrans. Elle a voulu vivre tous les scénarios qu'elle a joués. À 27 ans elle se révèle comme un parfait monstre sacré. 
Il est seulement pénible que des millions de jeunes gens, des « teenagers » en aient fait leur idole et aient pu être tentés de suivre son exemple. Une star est une femme. 
Et rien de plus, malgré tous les cinémascopes. L'Amérique se réveillera peut-être de son ensorcellement, à moins qu'elle répète avec la pauvre Debbie Reynolds : « Que puis-je faire contre la plus belle femme du monde ? »

Source Paris Match
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