L'annonce mi-juin de l'inculpation de Mahmoud Katoussa, un Palestinien de 46 ans, pour l'enlèvement et le viol d'une enfant de sept ans en Judée Samarie, a fait la une des journaux et suscité l'emballement de certains politiciens de droite, sur fond de conflit israélo-palestinien persistant.
Le ministre de la Sécurité publique, Gilad Erdan, responsable de la police, avait demandé que cette dernière enquête sur la possibilité que l'auteur du crime ait été motivé par le conflit israélo-palestinien.
Il avait évoqué la haine anti-israélienne propagée selon lui par les autorités palestiniennes en Judée Samarie.
Dans un climat peut-être exacerbé par de nouvelles élections législatives le 17 septembre, l'ancien ministre Avigdor Lieberman, chef de file d'un parti nationaliste laïc, avait déclaré que «ceci n'est pas un acte pédophile, c'est du terrorisme pur».
Il avait défendu son projet de loi facilitant la condamnation à mort des auteurs palestiniens d'attaques anti-israéliennes.
Aux termes de ce texte, les tribunaux militaires siégeant en Judée Samarie pourraient prononcer la peine capitale, non plus à l'unanimité des trois juges, mais à la majorité, contre les auteurs de crimes «terroristes».
Les Palestiniens de Judée Samarie sont jugés par des tribunaux militaires israéliens.
Dans la réalité, la peine capitale prononcée par les tribunaux militaires en n'a jamais été appliquée ou confirmée en appel.
L'avocat de Mahmoud Katoussa, Palestinien de la localité de Deir Kadis, près de Ramallah, a toujours protesté de son innocence.
Entre-temps, la presse israélienne a révélé les sérieuses lacunes des investigations.
«Après un nouvel examen des preuves, le procureur militaire a décidé de mettre fin aux poursuites, d'annuler l'acte d'inculpation et de libérer Mahmoud Katoussa», a annoncé la justice militaire mardi dans un communiqué. «L'enquête de police se poursuit», ajoute le communiqué.
Mahmoud Katoussa travaillait comme agent d'entretien dans l'école de la fillette, dans une ville de Judée Samarie.
La presse israélienne a progressivement mis en lumière les insuffisances de l'enquête, relevant que la date et les lieux des faits présumés n'étaient pas établis ou que les conditions d'interrogatoire du suspect étaient contestables. Les proches de la victime, une famille observant rigoureusement les règles du judaïsme et dans laquelle le viol pourrait être un sujet tabou, aurait mis un mois pour porter plainte.
L'avocat de Mahmoud Katoussa a même mis en doute le fait que le viol soit établi.
«Je ne suis pas coupable, je n'ai rien à me reprocher», a déclaré Mahmoud Katoussa aux télévisions israéliennes à sa sortie de la prison militaire d'Ofer mardi.
Sur les réseaux sociaux israéliens, l'affaire avait soulevé des appels à ne plus employer de Palestiniens.
A la différence d'une bonne partie de la droite, le premier ministre Benjamin Nétanyahou était resté plutôt prudent, appelant à «sanctionner sévèrement le coupable».
Source Le Figaro
Vous nous aimez, prouvez-le....