lundi 24 juin 2019

L’Union européenne menace la Turquie de sanctions dans son conflit pétrolier avec la Grèce


Le Conseil européen a exprimé, la semaine dernière, de « sérieuses inquiétudes » quant aux « activités de forage illégales » menées par Ankara dans la zone économique exclusive chypriote.......Décryptage........



La Turquie fait monter la pression en mer Egée avec l’annonce de l’envoi prochain d’un second bateau d’exploration pétrolière et gazière au large de Chypre. 
Les autorités de l’île, appuyées par la Grèce, ont porté le dossier, la semaine dernière, à Bruxelles où ils ont reçu l’appui total du Conseil européen. 
Dans son communiqué final, ce dernier a exprimé de « sérieuses inquiétudes » quant aux « activités de forage illégales » menées par Ankara dans cette zone de la Méditerranée en soulignant « l’impact négatif » que de telles opérations pourraient avoir sur les relations entre l’Union européenne et la Turquie.
Cette dernière a été invitée en conséquence à restreindre son activité et à respecter les « droits souverains » de Chypre dans sa zone économique exclusive. 
Bruxelles a prévenu qu’elle suivrait les développements de près. 
« Ce que fait la Turquie est totalement inacceptable », a notamment déclaré Jean-Claude Juncker, en précisant que les mesures de rétorsion européennes ne seraient pas « légères ». 
Des sanctions pourraient être décidées en juillet, Johannes Hahn, le commissaire à l’Elargissement et à la Politique européenne de voisinage, agitant quelques jours auparavant un possible gel des discussions sur l’entrée de la Turquie dans l’UE.
Ces menaces, qui font suite à un premier rappel à l’ordre de l’UE au mois de mai, ne semblent guère troubler Recep Tayyip Erdogan, le président turc. « La Turquie va continuer à défendre ses intérêts de concert avec la République turque de Chypre du Nord (Etat non reconnu au niveau international sauf par Ankara) ; comme elle l’a fait jusque-là », a-t-il prévenu, jeudi dernier, le jour de la cérémonie de départ du second navire d’exploration.
Ces derniers développements interviennent alors que la Turquie, pays membre de l’Alliance Atlantique, est engagée dans un bras de fer avec Washington à la suite de sa décision de se porter acquéreur de missiles de défense russes S-400.
La ruée vers l’or noir devrait prendre une plus grande ampleur encore dans la région alors qu’Alexis Tsipras, le Premier ministre grec, a annoncé qu’il signerait cette semaine un accord d’exploration avec le géant pétrolier américain ExxonMobil pour pratiquer des forages dans ses propres eaux territoriales au sud et sud-ouest de la Crète. 
Un autre groupe US, Noble Energy, associé à l’israélien Delek Drilling et à la société anglo-néerlandaise Shell, opère déjà pour sa part dans les eaux chypriotes tout comme le couple franco-italien Total-Eni. 
Leurs découvertes portent déjà, au total, à 600 milliards de m3les réserves gazières de la zone économique exclusive de Chypre.
Ces derniers développements interviennent alors que la Turquie, pays membre de l’Alliance Atlantique, est par ailleurs engagée dans un bras de fer avec Washington à la suite de sa décision de se porter acquéreur de missiles de défense russes S-400. 
« Ce dossier est réglé. Je crois qu’ils commenceront à être livrés dans la première quinzaine de juillet. 
Les sites où ils seront déployés ont déjà été choisis », a annoncé, il y a quelques jours, Recep Tayyip Erdogan faisant fi des avertissements répétés des Américains.
Le Pentagone a fait savoir au début du mois que la Turquie serait exclue du programme de développement de son chasseur F-35 (dont elle a commandé 100 exemplaires), si elle ne revenait pas sur sa décision considérant le système russe comme capable de percer les secrets du nouvel avion furtif américain. 
Des sessions de formation de pilotes turcs ont d’ores et déjà été suspendues et le sujet devrait être au menu des discussions entre Recep Tayyip Erdogan et Donald Trump en marge du sommet du G20 qui se tient à la fin de la semaine à Osaka, au Japon.  
« Quand un subalterne dit des choses différentes, nous entrons immédiatement en contact avec M. Trump et tentons régler les problèmes », a expliqué le Président turc confiant dans ses bonnes relations avec son homologue américain pour régler l’affaire.

Source L'Opinion
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