Même lorsque l'horreur atteint son paroxysme, l'humain peut trouver la force de ressentir de la compassion et d'agir pour son prochain : c'est le message que Dita Kraus, la « bibliothécaire d'Auschwitz », souhaite en substance communiquer. Née à Prague en 1929, rescapée du camp de la mort nazi, elle a protégé au péril de sa vie 8 livres, strictement interdits à Auschwitz, en prenant soin de les transmettre aux individus déportés, jeunes ou moins jeunes.......Détails et Vidéo........
En grandissant, Dita Kraus découvre avec surprise, au cours de son cursus scolaire, qu'elle est juive : jamais ses parents n'avaient abordé le sujet avec elle.
En 1939, l'occupation de Prague, puis l'annexion d'autres territoires par l'armée allemande conduisent Dita Kraus et sa famille au camp de concentration de Theresienstadt : les enfants tentent de poursuivre leur scolarité et leurs activités, et elle-même participe à un opéra amateur et à des cours de peinture.
En décembre 1943, les Kraus sont à nouveau jetés sur la route pour un transfert à Birkenau, au sein du sinistre camp d'Auschwitz. Son père meurt en 1944, dans des conditions effroyables : « Quiconque n'a pas été à Auschwitz ne peut pas le décrire.
En fait, aucun mot n'existe pour désigner ces atrocités », explique encore aujourd'hui Dita Kraus, à l'âge de 90 ans.
À la demande de Fredy Hirsch, enseignant et sportif allemand, Dita Kraus l'aide à s'occuper des enfants détenus au sein du camp avec leurs familles : Hirsch mettait un point d'honneur à ce que les plus jeunes puissent conserver un minimum d'hygiène, mais aussi à ce qu'ils aient accès à quelques distractions. Un jour, il confie à Kraus la charge de gérer sa bibliothèque.
Huit livres, en tout et pour tout, mais un véritable trésor au milieu du camp d'Auschwitz, où les livres sont strictement interdits et où en posséder équivaut à se condamner à mort.
Outre les huit livres en sa possession, Dita Kraus organise des rencontres entre les enfants et des « livres vivants », des personnes déportées capables de transmettre leurs savoirs aux plus jeunes, pour poursuivre un semblant de scolarité et offrir un peu de distraction, de temps à autre.
« Lire des livres a toujours fait partie de ma vie et je ne comprends pas comment quelqu'un peut s'en passer.
Même si de nombreux livres m'ont influencé tout au long de ma vie, ceux d'Auschwitz n'auraient malheureusement pas pu nous éviter la mort, car nous étions tous condamnés à la chambre à gaz », note encore Dita Kraus, qui se qualifie de très chanceuse auprès de People.
Elle verra plusieurs de ses amis et sa mère mourir à Auschwitz, en 1945. Le jour de la libération du camp, elle se souvient qu'il était difficile de se réjouir, « tant nous étions entourés de corps ».
Pour que chacun prenne conscience « que c'est ce que l'homme peut faire à son semblable », Kraus raconte son histoire et celle de ceux qui étaient à ses côtés.
L'écrivain espagnol Antonio Iturbe a rencontré Dita Kraus et raconté son histoire dans The Librarian of Auschwitz, publié en avril dernier en version originale par Ebury.
Source Actualitte
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