On ne comptait plus, ce week-end, les hommages rendus à Raphaël Miklatzki, figure emblématique du parti libéral liégeois et, depuis toujours, ardent défenseur de Liège ; il nous a quittés des suites d’une complication cardiaque ce vendredi 8 mars 2019. Il était âgé de 81 ans......Portrait........
Le nombre d’éloges rendus en quelques heures suffit à prouver l’aura dont il jouissait. Plus ancien conseiller communal en fonction dès 2012, suite au départ de Jean-Pierre Grafé, Raphaël Miklatzki était en effet particulièrement apprécié à Liège, "sa" ville.
Né en 1938, il était aussi et surtout marqué par une blessure personnelle, lui, jeune juif, qui avait dû passer les premières années de sa vie à se cacher de l’occupant nazi.
De cette période bouleversante, cet humaniste était parvenu à puiser force et détermination. Il venait d’ailleurs de publier un ouvrage sur les premières années de sa vie (lire ci-dessous).
Il souhaitait le présenter publiquement mais ses ennuis de santé l’en auront finalement empêché.
Raphaël Miklatzki était assurément une figure incontournable du parti libéral liégeois. Durant 36 années en effet, l’élu a siégé sur les bancs du conseil communal mais une seule fois au sein de la majorité.
Il était ainsi devenu le dernier élu libéral ayant siégé dans une majorité liégeoise dirigée par un bourgmestre libéral, Maurice Destenay (1963-1973), "mon bourgmestre", nous avait-il confié sous le portrait de ce dernier. Il n’avait pas été réélu (de peu) lors des élections de 2018.
Fils de commerçant et commerçant lui-même, Raphaël Miklatzki a tenu dans le quartier Sainte Marguerite un commerce de chaussures.
Ce quartier, il l’a aimé et chéri comme personne à Liège, lui qui intervenait sans jamais fléchir pour défendre "ses" rues, dénonçant cette hérésie urbanistique qu’est la percée de Fontainebleau, celle-ci ayant littéralement meurtri Sainte Marguerite. Liège a perdu un ardent défenseur…
Raphaël Miklatzki était donc aussi connu pour son humanisme. "Un homme de valeurs, particulièrement respectueux de la liberté des autres", ont souligné de nombreux proches.
Pour Christine Defraigne, cheffe de file libérale liégeoise et ex-présidente du Sénat, "Liège a perdu l’un des siens. Le meilleur d’entre nous. Un humaniste, libéral de progrès. Engagé sur le terrain. Amoureux de Liège."
Jamais "fatigué" lorsqu’il s’agissait de défendre ses convictions, il était encore récemment intervenu pour une juste localisation du commissariat de quartier, à Sainte-Marguerite. À sa famille, sa femme, ses filles et ses proches, nous adressons nos plus sincères condoléances.
Il venait de publier un ouvrage dans lequel il y dévoile son "enfance volée", de jeune juif forcé de vivre dans la clandestinité.
Cet ouvrage, publié voici quelques mois à peine, ponctue l’engagement humain de toute une vie.
La lumière brille dans les nuits les plus sombres, fut achevé d’imprimer en décembre 2018. Raphaël Miklatzki, tout jeune alors que la Deuxième Guerre mondiale éclate, a survécu aux traques meurtrières.
Bien qu’il évoque ici une "enfance volée", le libéral, optimiste et constructif, y détaille aussi et surtout ces nuits passées chez les Schoune, ses parents d’accueil occasionnels à Septroux (Aywaille), "pendant les heures sombres de la guerre 1940-1945".
En un peu plus de 230 pages, on découvre les "débuts" d’un jeune Liégeois bien malgré lui arraché à une vie paisible.
"Ce n’est ni un roman d’aventures ni un essai historique", explique-t-il en quatrième de couverture, "mais ma vision du vécu d’une famille qui s’est battue contre vents et marées pour survivre dans la dignité".
Assurément un passé qui a marqué l’homme qu’il était et qui a forgé ses convictions libérales, au sens noble du terme.
Il a dédicacé cet ouvrage "à tous ceux qui ont survécu à la Shoah et qui vont peut-être y retrouver une image sommaire de leur vécu pendant cette période. Il s’agit aussi d’un hommage laconique à tous ceux, vieillards, femmes et enfants qui sont partis vers une destination infernale et ne sont jamais revenus".
Vous nous aimez, prouvez-le....