Le secrétaire d’État adjoint américain par intérim aux Affaires proche-orientales, David Satterfield, se trouve depuis hier à Beyrouth pour une mission liée principalement au double contentieux entre le Liban et Israël au sujet de la construction d’un mur du côté israélien de la frontière avec le Liban et de l’insistance de Tel-Aviv à revendiquer sa souveraineté territoriale sur le bloc 9 de la zone économique exclusive libanaise en Méditerranée.....Détails........
Rappelons que le Liban vient de signer un accord avec un consortium mené par le géant français Total, et composé de l’italien ENI et du russe Novatek pour l’exploration d’hydrocarbures offshore, au niveau des blocs 4 (au centre) et 9 (au sud) de sa ZEE.
M. Satterfield est arrivé à Beyrouth à la veille de la réunion du Conseil supérieur de la défense qui doit se tenir ce matin à Baabda sous la présidence du président Michel Aoun, pour discuter des menaces du ministre israélien de la Défense, Avidgor Lieberman, la semaine dernière contre le Liban.
On ignore encore si le responsable américain est chargé d’une médiation entre Beyrouth et Tel-Aviv, par l’administration Trump, ou s’il se trouve en mission d’exploration politico-sécuritaire à Beyrouth.
Le fait est que la visite du responsable américain, qui dirigeait la mission diplomatique US à Beyrouth au moment où la ligne bleue avait été tracée par l’ONU en juin 2000, consécutivement au retrait israélien de la même année, s’inscrit dans le cadre d’une tournée moyen-orientale qui l’a déjà mené en Israël, où il a eu une série d’entretiens politiques.
Il y avait également donné une conférence au cours de laquelle il avait défendu l’armée libanaise.
Devant une assistance israélienne, M. Satterfield avait exposé l’aide fournie par son pays aux forces régulières libanaises, au moment où Tel-Aviv continuait d’accuser l’armée de fermer les yeux sur l’arsenal du Hezbollah et sur le mouvement de ses combattants à la frontière sud.
À son arrivée à Beyrouth, David Satterfield a été reçu à la Maison du Centre par le Premier ministre, Saad Hariri.
L’entretien s’est déroulé en présence de l’ambassadrice des États-Unis, Elizabeth Richard, et du ministre de la Culture, Ghattas Khoury.
Il doit effectuer, durant son séjour dans la capitale libanaise, une tournée auprès des présidents de la République, Michel Aoun, et du Parlement, Nabih Berry, ainsi qu’auprès d’un certain nombre de responsables politiques et de chefs de parti.
C’est ce qui a fait dire à un responsable politique que M. Satterfield, qui connaît très bien le Liban, et qui est le premier responsable politique américain à être dépêché par le président Donald Trump au pays du Cèdre, pourrait tout aussi bien se trouver au Liban dans le cadre d’une mission d’exploration à dimension politique.
Il n’en demeure pas moins que la montée de la tension entre Israël et le Liban, qui a promis de ne pas se laisser intimider par les menaces de l’État hébreu, inquiète tout aussi bien l’ONU que les États-Unis qui, au début des négociations sur l’exploration d’hydrocarbures offshore, s’étaient engagés dans une médiation entre Beyrouth et Tel-Aviv pour essayer de parvenir à un compromis au sujet de la frontière maritime.
Il convient de préciser à ce sujet que le bloc 9 longe la frontière maritime commune, dont le tracé est contesté par les deux pays qui se disputent un triangle d’environ 860 km2 en Méditerranée.
En 2012, l’ancienne secrétaire d’État américaine Hillary Clinton avait chargé l’ancien coordinateur spécial pour les Affaires régionales au département d’État, Frederic Hoff, de mener une médiation entre les deux pays voisins.
Selon l’agence al-Markaziya, Frederic Hoff avait proposé une répartition « temporaire » de la zone disputée, de sorte à ce que les deux tiers des 860 km2 soient placés sous la juridiction libanaise et qu’Israël exploite le tiers restant, sans abolir pour autant le tracé de la frontière effectué par le Liban qui revendique la totalité des 860 km2.
L’émissaire américain s’était engagé à convaincre Israël d’accepter la solution provisoire, mais la médiation n’avait pas abouti.
Avec l’avènement de l’administration Trump, elle s’était complètement arrêtée.
On ignore si David Satterfield va reprendre les négociations entre le Liban et Israël, peu d’informations ayant filtré sur l’objet de sa visite.
Les menaces israéliennes contre le Liban ont été au centre d’un entretien entre le ministre de la Défense, Yaacoub Sarraf, et l’ambassadeur de France, Bruno Foucher, qui a remis à son hôte une invitation de son homologue française, Florence Parly, à se rendre à Paris, le 26 février, pour discuter des préparatifs de Rome II, la conférence qui sera consacrée au soutien à l’armée libanaise. Celle-ci se tiendra dans la capitale italienne, mais sa date n’a pas été encore fixée.
Source L'Orient le Jour
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