Cosette Harcourt : un livre documenté pour un Studio de Légende

Cosette Harcourt, la « Mademoiselle Chanel » de la photographie nous fait revivre un siècle d’histoire du légendaire Studio, salon mondain autant que lieu d’échanges artistiques fréquenté par le Tout-Paris, des années trente à la fin des années soixante. Portrait de cette jeune femme d’origine juive qui est devenue une légende.....Détails...... 

L'argument : Un nom prestigieux, une signature brandie comme un étendard, en lettres blanches sur fond noir.

Plus qu’une institution, une légende. Studio Harcourt, ses 5 millions de négatifs et ses 300 000 modèles, dont plus de 3000 célébrités. Mémoire visuelle des visages de France depuis plus de quatre-vingts ans.
Notre avis : Guillaume Evin, auteur de nombreux ouvrages sur le cinéma, la photographie et la mode ainsi que de plusieurs essais politiques et sociétaux, nous ouvre, à travers cet ouvrage, préfacé et postfacé, par Francis Dagnan, son propriétaire actuel, les portes d’un studio photo devenu mythique grâce à l’ingéniosité d’une femme qui, en avance sur son temps, apprend à cultiver son image pour faire éclater celle de son entreprise.

 

Dans un style alerte et précis, l’auteur déroule les différentes étapes de la vie d’une femme hors du commun dont le destin n’était pas tout tracé.
Dans ce tout début du vingtième siècle où elle est née (elle voit le jour le 20 décembre 1900), les femmes se doivent d’être serviles et effacées.

Celle qui s’appelle encore Germaine Hirschfeld est bien éloignée de ce portrait habituel. Elle est moderne, indépendante et n’a que faire des convenances.
Célibataire à la féminité assumée, elle fume et conduit, à toute allure, des bolides. Elle monte à cheval, joue au tennis, au golf.

 

   

 

Son léger accent anglais exacerbe son élégance naturelle et entretient un soupçon de mystère. Mais la vie n’a pas toujours été que luxe et volupté pour cette jeune femme d’origine juive dont la famille doit se réfugier en Angleterre quand la Grande Guerre éclate.
De retour en France, en 1923, désormais citoyenne britannique, elle devient Cosette en souvenir des jours de misère. Harcourt, c’est Azincourt, un patronyme noble et fier, symbole de la volonté farouche qui anime cette battante.

Sa rencontre avec deux patrons de presse, Jacques et Jean Lacroix, scelle en 1934 la naissance du plus fameux studio de portraits français du vingtième siècle, dont le charme et la magie opèrent encore aujourd’hui.

 

Illustré de très nombreuses photos en noir et blanc, cet ouvrage se fait le reflet de la vie des grands de ce monde, des gens de lettres, des artistes, des comédiens, des chanteurs (Mistinguett, Edwige Feuillère, Arletty, Micheline Presle, Sacha Guitry, Jean Cocteau, Paul Eluard, Paul Valéry, Jacques Hébertot entre autres) au beau milieu du siècle dernier et tout particulièrement dans ces années cruciales de l’Occupation.
Ne cachant rien des vicissitudes en tous genres rencontrées par le Studio, il nous emmène ensuite en plein cœur de nos années 2000, admirer les portraits de Thomas Pesquet, Joey Starr, Raphaël Personnaz, Halle Berry ou Mélanie Laurent, et nous assure que depuis 1934, la recherche de la perfection n’a jamais quitté les artisans photographes qui prêtent leur talent au service du style Harcourt.
Un style souvent imité, jamais égalé. Quarante ans après sa mort, l’âme de Cosette Harcourt dont le portrait trône solennellement dans l’escalier d’honneur, plane avec bienveillance sur la maison qui porte son nom.
Ce livre complet et documenté rend un hommage judicieux et attachant à une héroïne des temps modernes.
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