Mythe ou réalité ? L’addiction aux aliments est un sujet très débattu dans le milieu médical. Si certains écartent d’emblée cette piste, d’autres équipes en ont recherché les traces dans le cerveau. Deux études concordantes ont été présentées au congrès de l’European College of Neuropsychopharmacology, qui se tient du 29 août au 1er septembre à Amsterdam (Pays-Bas), une a été réalisée en Israel et l'autre en Espagne...
L’activité varie selon l’IMC
39 personnes obèses et 42 volontaires de poids normal se sont soumis à une IRM fonctionnelle. Au cours de l’examen, tous ont visionné des photographies d’aliments. L’objectif : simuler le désir irrépressible de manger (le craving) et observer l’activité du cerveau.
Car jusqu’ici, aucun marqueur n’a permis de déterminer si oui ou non, les aliments stimulent les circuits de la récompense, impliqués dans les dépendances aux substances comme les drogues ou l’alcool.
Chez les individus obèses, le stimulus que représentent les photos se traduit par un pic d’activité dans deux régions du cerveau : le noyau caudé et le cortex somato-sensoriel.
Ces zones sont respectivement impliquées dans les comportements basés sur la récompense et l’encodage de la valeur énergétique des aliments. L’activité cérébrale est totalement différente chez les volontaires de poids normal : le pic d’activité s’observe dans le putamen et le cortex orbitofrontal.
Comparable à la cocaïne
« Les résultats de notre étude soutiennent l’idée que, dans l’obésité, le processus de récompense qui découle d’un stimulus alimentaire est associé à des changements similaires à ceux qu’on retrouve dans les addictions à l'alcool et aux drogues.
Cela doit toujours être considéré comme une association entre le craving de la nourriture et les changements cérébraux, a souligné Oren Contreras-Rodriguez lors de la présentation, mais ces résultats fournissent des biomarqueurs cérébraux potentiels que nous pourrons utiliser pour aider à gérer l’obésité, par exemple par la pharmacothérapie et des techniques de stimulation cérébrales ».
3 mois après l’étude, les chercheurs ont mesuré l’IMC des participants. Dans 11 % des cas, la prise de poids pouvait être prédite par un pic de connectivité dans le noyau caudé et le cortex somato-sensoriel, confirmant une possible causalité. Une seconde étude, menée par l’université hébraïque de Jérusalem (Israël), a mis en évidence des changements cérébraux chez les rats soumis à un régime riche en graisses et en glucides. Les modifications sont similaires à celles observées chez des animaux qui ont reçu de la cocaïne.
Source Pourquoi Docteur ?