mardi 8 avril 2014

Le violoncelle de Suzanne Ramon rencontre le 18e siècle. Superbe !


La discographie de ces répertoires vient de s’enrichir de l’excellente prestation de Suzanne Ramon, violoncelliste née à Budapest en 1946. L’enfant prodige, après avoir remporté le Prix Béla Bartók à l’âge de dix ans, est containte d’émigrer avec sa famille en Israël lors de l’insurrection de Budapest. Et, dès l’âge de treize ans, elle fait ses débuts à Tel Aviv en interprétant le Concerto de Schumann...



Une bourse lui permet de venir à Paris se perfectionner au Conservatoire de Paris auprès d’André Navarra, prélude à une riche carrière de soliste marquée de rencontres intenses avec Pablo Casals, Isaac Stern, Yehudi Menuhin et Mstislav Rostropovitch. On recommandera la lecture, dans nos colonnes, de l’entretien accordé par Suzanne Ramon à Michèle Tosi et mis en ligne le 6 mars 2007.
La sonorité onctueuse et souple, aux attachantes couleurs, issues du violoncelle de Suzanne Ramon, un Andreas Guarneri de 1690, avec son délicat nuancier d’expressions et de timbres, donne aux trois concertos d’Antonio Vivaldi, C.P.E. Bach et Joseph Haydn, authentiques chefs-d’œuvre du 18e siècle, composés respectivement en 1725-30, 1753 et 1763.
La Camerata de Lausanne et son créateur, en 2002, Pierre Amoyal, bien charpentée et souple à la fois font plus qu’accompagner la soliste ; ils en soutiennent le jeu, optant pour une conception ayant abandonné le maniérisme et accueillant une spontanéité maîtrisée. Soliste et Camerata confèrent aux mouvements rapides (Allegros), une animation et une nervosité convaincantes. Les Andantes-Adagio, à juste titre, ébauchent un climat d’épanchement mesuré tout à fait en adéquation avec les habitudes de l’époque, même si, avec Joseph Haydn l’on perçoit l’approche plus marquée d’un classicisme aux ébauches préromantiques. L’ensemble de l’interprétation ne connaît pas de baisse de tension et charme de part en part grâce, également, à l’émission d’une sonorité charnelle bienvenue.

Source ResMusica