mercredi 30 avril 2014

Les secrets enfouis du Mont du Temple


Grégory est venu de Moscou s'installer en Israël il y a dix ans, et n'avait jamais entendu parler du Kotel avant sa venue. « Je savais à peine que j'étais juif, » confie-t-il. Aujourd'hui ingénieur minier, il vient de finir de travailler près des fouilles du Kotel. « Il y a quelques semaines, nous étions en train de nettoyer un canal de drainage qui avait été mis à jour depuis plusieurs années et qui reliait le quartier des Mugrabim à la ville de David (Ir David)...



Alors que j'essayais de lever un seau de terre, j'ai senti comme un tremblement de terre. » Grégory comprend qu'il ne s'agit pas d'un séisme, mais du mouvement d'un pavé qui datait de la période du roi David. L'archéologue en chef, Élie Choukroun qui travaille sur ce site depuis un quart de siècle, réussit à soulever la lourde pierre qui dissimule une ouverture. Le professeur Choukroun appelle à la rescousse des électriciens munis de puissants projecteurs, d'échelles et de cordes. « Je sentais que j'allais être le témoin d'une grande découverte, mais j'étais loin d'imaginer cela », confie Grégory. Le professeur Choukroun qui venait de mettre à jour plusieurs mikvés datant de l'époque du Second Temple, commence donc à pénétrer dans le puits : « Malgré le danger, nous sommes descendus avec les échelles, attachés par des cordes » raconte Grégory. Une grande surprise attend Eli Choukroun et ses hommes. « Tout à coup nous avons réalisé que nous nous trouvions à l'intérieur d'une citerne d'eau géante, et qu'elle ne datait pas du tout de la période du Second Temple. La chaux sur les murs était de couleur ocre, caractéristique de la chaux utilisée à l'époque du Premier Temple » ! Jamais jusqu'alors une citerne datant du Temple de Salomon, il y a 2 700 ans, n'avait été découverte par les archéologues. Ses dimensions étaient conséquentes : 12 mètres de long, 6 mètres de large et 5 mètres de profondeur et selon les calculs effectués, elle pouvait contenir entre 250 et 300 mètres cubes d'eau ! Sur les parois de la citerne, on pouvait encore distinguer les empreintes des mains des ouvriers de l'époque.
Depuis des générations, on pensait que l'eau de Jérusalem durant la période du premier Temple était fournie uniquement par la source du Gi’hon, mais personne n'était en mesure d'expliquer comment elle suffisait à approvisionner les habitants de la ville ainsi que les millions de pèlerins qui y venaient trois fois par an. Certains prétendaient qu'il existait une autre source à Jérusalem et ils avaient donc raison.
La citerne a été découverte sur le site des fouilles archéologiques menées aux pieds de l'arche de Robinson, une zone qui date d'avant la période du Premier Temple. Ces fouilles font partie d'un projet qui a permis de mettre à jour un canal de drainage du Second Temple qui part de la piscine de Siloé (Shiloah) vers le nord de l'arche de Robinson. Ce canal est le centre de la vallée principale qui traverse la ville ancienne du nord au sud, en parallèle du Mont du Temple. Cette vallée est connue sous le nom de Vallée de Tyropœôn, la « Vallée des fromagers ».
Cette incroyable découverte a également révélé que les travailleurs de l'époque avaient dû faire preuve de beaucoup d'ingéniosité pour déplacer les structures anciennes qui se trouvaient sur leur route. Le volume de la citerne est l'un des plus importants jamais découvert à Jérusalem et montre qu'elle a été une source d'eau potable durant de nombreuses années. Le professeur Choukroun est catégorique : cette citerne prouve que la source du Gi’hon n'était pas la seule source d'approvisionnement de la ville. Selon le Dr Tzvika Tzuk, archéologue en chef de l'autorité de la Nature et des Parcs, il s'agit du même système de citerne découvert par le passé à Bet Chémech et qui date également de la période du Premier Temple. « Cette grande source d'eau devait servir aux activités quotidiennes du Temple mais également aux ablutions et à l'approvisionnement en eau des pèlerins. »
Toutes les récentes découvertes sur ce site archéologique montrent que cette région abritait de nombreuses constructions à l'ouest du Mont du Temple qui existaient avant le développement effectué par Hérode. Visiblement, pour construire autour du Mont du Temple, Hérode avait certainement dû détruire les structures du Premier Temple. Il ne reste donc de cette période que des constructions creusées dans la pierre comme cette citerne d'eau. Hérode n'a certainement pas voulu y toucher parce qu'elles ne gênaient pas ses projets d'expansion.
Cela fait près de dix ans que les archéologues travaillent au nettoyage du canal de drainage datant du Second Temple. Deux sections du canal étaient connues depuis longtemps : la section nord, découverte en 1867 par l'archéologue britannique Charles Warren, et la section sud découverte entre 1894 et 1897 près de la piscine de Siloé à environ 600 mètres au sud. Ces trois dernières années, des dizaines de milliers de touristes ont visité ces fouilles grâce à l'association Ir David. Les recherches ont confirmé que ces deux sections faisaient bien partie du canal de drainage sous la route qui reliait la Ville de David à l'Arche de Robinson. Aujourd'hui, le canal a été entièrement mis à jour et les touristes peuvent le parcourir.
Marcher sur cette rue est une véritable expérience lorsque l'on pense qu'il y a 2 000 ans, les pèlerins du Temple l'ont foulé de leurs pieds. « Ce canal de drainage est la preuve que les responsables de la ville, il y a deux mille ans, se préoccupaient du bien-être des habitants de la ville et des pèlerins, » explique le professeur Reich, de l'Université de Haïfa. « À l'époque, le canal était utilisé pour l'acheminement des eaux de pluie qui pénétraient à l'extérieur de la ville pour qu'elles ne forment pas des flaques et indisposent le public. » Le canal avait également servi de refuge aux habitants de Jérusalem durant la destruction du second Temple. Les découvertes sur le site ont mis à jour les tragiques histoires de la destruction du Temple. Une épée qui appartenait certainement à un Romain, qui servait à l'époque de la grande révolte contre les Romains en 66 avant notre ère, a été découverte, ainsi qu'un ustensile comprenant l'image d'une Ménorah à 7 branches, mais dont seules 5 bougies sont apparentes, et qui donnent des indications sur la façon dont était construite la Ménorah d'origine.
Selon le Dr Youval Barou’h, archéologue de la région de Jérusalem, la fin des fouilles le long de la route du canal, pourrait bien inciter l'autorité des Antiquités à mettre l'impressionnante citerne découverte sur la route des nombreux touristes qui ne manqueront pas de visiter ce site.
Par Israel Katzover

Source Juif.Org