mardi 29 avril 2014

John Kerry dément avoir qualifié Israël d'Etat d'apartheid


Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a démenti avec force lundi soir avoir jamais qualifié Israël d'Etat d'apartheid, tout en reconnaissant à demi-mots avoir employé ce terme lors d'une réunion privée vendredi, provoquant ainsi une polémique. Je ne crois pas, ni n'ai jamais déclaré publiquement ou dans le privé qu'Israël était un Etat d'apartheid ou qu'il avait l'intention de le devenir, a affirmé M. Kerry dans un communiqué...
 

Un site américain d'informations en ligne, The Daily Beast, avait rapporté lundi matin que le chef de la diplomatie américaine avait averti Israël du risque de devenir un Etat d'apartheid s'il ne faisait pas la paix rapidement avec les Palestiniens.
D'après ce média, affirmant détenir un enregistrement de ces propos, John Kerry a fait cette remarque vendredi lors d'une réunion à huis clos d'un centre de réflexion à Washington.
La création de deux Etats sera la seule solution réaliste. Parce qu'un Etat unitaire finirait par être soit un Etat d'apartheid avec des citoyens de seconde classe, soit un Etat qui détruira la capacité d'Israël d'être un Etat juif, selon ces déclarations du secrétaire d'Etat rapportées par le Daily Beast.
Je ne suis pas tombé de la dernière pluie pour savoir aussi que les mots ont le pouvoir d'être mal interprétés, même de manière non intentionnelle, et si je pouvais rembobiner la bande, j'aurais choisi un autre mot, a concédé M. Kerry dans son communiqué.
Dans la journée, face à une polémique qui commençait à enfler avec des dirigeants israéliens, le département d'Etat avait déjà affirmé que son ministre n'avait jamais déclaré qu'Israël était un Etat d'apartheid.
Le ministère n'avait toutefois pas nié qu'il ait employé ce terme historiquement connoté et faisant référence au système social ségrégationniste en vigueur en Afrique du Sud de 1948 à 1994.
Je ne permettrai pas que mon engagement pour Israël soit discuté par quiconque, en particulier pour des objectifs politiques partisans, s'est encore défendu John Kerry, parrain de la reprise fin juillet 2013 des négociations de paix israélo-palestiniennes qui sont actuellement suspendues.
M. Kerry s'est attiré lundi les foudres du ministre israélien des Transports Israel Katz, qui a écrit sur sa page Facebook: Kerry honte à vous! Il y a des mots que l'on ne peut pas employer. Aux Etats-Unis, le sénateur républicain du Texas (sud) Rafael Edward Cruz a réclamé la démission du secrétaire d'Etat, tandis que son collègue de l'Arizona (sud), John McCain, a demandé qu'il présente ses excuses.
Le terme d'apartheid est un mot qu'il vaut mieux laisser en dehors du débat ici aux Etats-Unis, a reconnu le ministre américain.
M. Kerry, qui s'est rendu en un an plus de dix fois au Proche-Orient et a eu des centaines d'heures d'entretiens avec les dirigeants de la région, a réaffirmé que la seule manière à long terme d'avoir un Etat juif, deux nations et deux peuples vivant côte à côte en paix et en sécurité, passait par une solution à deux Etats.
Un Etat unitaire et binational ne peut pas être l'Etat juif démocratique qu'Israël mérite ou l'Etat prospère avec les pleins droits que les Palestiniens méritent, a encore martelé le chef de la diplomatie américaine.
Lundi, Israël et les Palestiniens apparaissaient déterminés à consommer leur rupture, à la veille de la date butoir des neuf mois de négociations de paix, le 29 avril, une échéance de toute façon jugée irréaliste depuis plusieurs mois.
Lire sur le sujet: Kerry: Israël pourrait devenir un Etat d'apartheid
L'émissaire américain Martin Indyk est d'ailleurs reparti dimanche pour des consultations à Washington, à la suite de la suspension des discussions par le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu le 24 avril, selon les médias israéliens.
Les Palestiniens ont également pris acte de cette suspension, au lendemain de la conclusion d'un nouvel accord de réconciliation entre l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) du président Mahmoud Abbas et le Hamas, au pouvoir à Gaza, qui ne reconnaît pas Israël. Cet accord prévoit la formation d'un gouvernement transitoire de consensus composé de personnalités indépendantes.
"Pendant les pourparlers, la division était une arme utilisée tous les jours par Israël qui demandait ce que nous ferions au sujet de Gaza", a expliqué le négociateur palestinien Saëb Erakat à la radio officielle Voix de la Palestine.
"Quand nous avons commencé à y remédier par la réconciliation, Israël a exploité cela en disant que les efforts de paix étaient incompatibles avec la réconciliation. Si on ne peut faire la paix ni sans Gaza ni avec Gaza, c'est qu'il y a un objectif d'Israël: ne pas faire la paix. Ils veulent tuer la solution à deux Etats", a-t-il accusé.
Le Conseil central palestinien, une instance dirigeante de l'OLP, a adopté dimanche un plan prévoyant la poursuite des démarches d'adhésion à une soixantaine d'instances de l'ONU et accords internationaux, après l'admission de la Palestine début avril à 15 conventions et traités internationaux.
La direction palestinienne estime que le refus d'Israël de libérer le 29 mars comme prévu un dernier contingent de prisonniers, exigeant une prolongation des négociations au-delà du 29 avril, l'a déliée de son engagement à suspendre de telles initiatives jusqu'à la fin des pourparlers.
"Gouvernement non politique"
Israël a pour sa part gelé les projets de construction de logements palestiniens dans les 60% de la Cisjordanie sous son contrôle total pour sanctionner les démarches des Palestiniens dans l'arène internationale.
Le général Yoav Mordehaï, chef de l'administration militaire israélienne, a confirmé dimanche ce gel, qui concerne une série de projets précédemment avalisés par le ministre de la Défense Moshé Yaalon.
"Ces projets portaient sur la construction d'environ 600 logements ainsi que sur la légalisation d'habitations érigées sans permis", a précisé un officier du ministère de la Défense.
L'administration militaire a également gelé cinq projets non autorisés soutenus par des fonds étrangers: un terrain de jeux financé par le gouvernement italien, la modernisation de puits avec un financement suédois, la distribution dans deux cas de tentes par l'ONU ainsi que d'abris par une ONG française.
Le député Tzahi Hanegbi, un proche de M. Netanyahu, a approuvé la volonté exprimée par le président américain Barack Obama de faire une "pause" dans les discussions. "Il faut attendre de comprendre la signification de l'accord de réconciliation palestinien", a déclaré M. Hanegbi.
"Israël doit agir avec retenue, intelligemment et ne pas faire le jeu des Palestiniens en les aidant à sortir du piège dans lequel ils sont tombés", a-t-il ajouté.
Il a ainsi rejeté l'idée d'une annexion des 60% de la Cisjordanie sous contrôle total israélien prônée par Naftali Bennett, ministre de l'Economie et chef du "Foyer juif", un parti pro-implantations, ainsi que par celui des Communications, Gilad Erdan, autre proche de M. Netanyahu.
Un dirigeant du Hamas, Moussa Abou Marzouk, en charge du dossier de la réconciliation, a rappelé lundi que "le prochain gouvernement ne serait pas politique", dans un discours à Gaza.
Cet exécutif non partisan aura pour missions principales de restructurer les services de sécurité, préparer des élections dans un délai de six mois et de reconstruire la bande de Gaza, comme le prévoient les précédents accords de réconciliation signés au Caire en 2011, a-t-il indiqué.
Source I24News