mercredi 30 avril 2014

Les cinq échecs américains sur le conflit israélo-palestinien


Lorsqu'il avait obtenu d'Israël et de l'Autorité palestinienne qu'ils reprennent les négociations de paix sous l'égide des Etats-Unis en août 2013, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, avait fixé la date du 29 avril 2014 pour parvenir à un accord. Mais une semaine avant la fin de ce délai – jugé irréaliste – de neuf mois, à la suite de l'annonce de la réconciliation entre l'Autorité palestinienne et le Hamas, Israël a suspendu les discussions...
 


Quant à M. Kerry, il est la cible de vives critiques après avoir prononcé le mot « apartheid » lors d'une conversation portant sur le conflit israélo-palestinien.
Avant John Kerry, trois présidents américains s'étaient déjà risqués à fixer une date de fin des négociations, à chaque fois sans succès. Malgré des avancées ponctuelles, et de nombreux échecs, les deux camps n'ont jamais signé d'accord global.
 
1993 : les accords d'Oslo fixent un horizon à cinq ans

Les accords d'Oslo, ratifiés le 13 septembre 1993, demeurent plus de vingt ans après le cadre de référence pour le processus de paix. Réunis par le président américain Bill Clinton, Itzhak Rabin, premier ministre d'Israël, et Yasser Arafat, président du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), acceptent de travailler ensemble à des scénarios. L'accord prévoit l'ouverture d'une période intérimaire de cinq ans au cours de laquelle les fondements d'un règlement définitif du conflit devaient se mettre en place.
Mais la période de grâce fait long feu. L'assassinat de Rabin en 1995 et l'arrivée au pouvoir de la droite israélienne fragilisent largement les acquis d'Oslo. Après une renégociation en 1999 à Charm El-Cheikh, en Egypte, la période intérimaire de cinq ans s'achève sans résultats. Les accords d'Oslo sont définitivement enterrés avec le déclenchement de la seconde Intifada en 2000, deux mois après l'échec du sommet de Camp David (Etats-Unis) sur le statut définitif des territoires palestiniens.

2002 : une feuille de route pour un Etat palestinien en 2005

En présentant son plan pour le Moyen-Orient, George W. Bush demande le remplacement de Yasser Arafat à la tête de l'Autorité palestinienne et appelle à la création d'un Etat palestinien dans un délai de trois ans. Une première pour un président américain.
Le Quartet (Etats-Unis, Russie, Union européenne, ONU) fait sien ce deuxième point. Dans sa « feuille de route » ratifiée l'année suivante à Akaba (Jordanie), il est prévu de parvenir par étapes à la création d'un Etat palestinien. Le document est signé par les premiers ministres israélien Ariel Sharon – avec des réserves sur la colonisation – et palestinien Mahmoud Abbas, en présence du président américain George W. Bush.
Mais très vite les discussions piétinent et la démission de M. Abbas, le 6 septembre, signe l'arrêt de l'application de ce plan de paix.
 

2007 : à Annapolis, le principe d'une solution à deux Etats fin 2008 évoqué

A l'invitation de George W. Bush, Israéliens et Palestiniens se retrouvent à nouveau à Annapolis, aux Etats-Unis, en novembre 2007. Les alliés arabes des Etats-Unis sont présents pour la première fois autour de la table. Le premier ministre israélien, Ehoud Olmert, et Mahmoud Abbas s'engagent à parvenir à un accord de paix d'ici la fin 2008, dans le cadre de l'application de la « feuille de route ». Le Hamas, qui contrôle désormais Gaza, prévient d'emblée qu'il ne respectera pas le résultat des négociations, quel qu'il soit.
Des dizaines de sessions durant, les participants avancent sur un échange de territoires en Cisjordanie, mais sans aboutir. L'Autorité palestinienne se retire finalement des négociations en protestation contre l'opération militaire israélienne (décembre 2008-janvier 2009), lancée dans la bande de Gaza.
 

2010. Obama plaide pour un Etat palestinien souverain en 2011

S'exprimant devant l'Assemblée générale des Nations unies, le président américain affirme en septembre son espoir de voir conclu « d'ici un an un accord débouchant sur l'admission d'un nouvel Etat membre des Nations unies, un Etat indépendant et souverain de Palestine, vivant en paix avec Israël ». Ces propos interviennent un an après le discours du Caire, jugé très volontariste, au cours duquel il affirmait que les Etats-Unis « n'acceptent pas la légitimité de la poursuite de la colonisation israélienne ».
Mais ces déclarations interviennent alors que le sénateur américain Mitchell, nommé envoyé spécial au Proche-Orient, rentre aux Etats-Unis après deux ans de consultations sans résultat.
 

2013 : John Kerry fixe un délai de neuf mois pour parvenir à un accord

Quelques mois après le début du second mandat de Barack Obama, plusieurs spécialistes américains des relations américano-israéliennes estiment que le président ne souhaite pas s'engager dans le processus de paix.
Pour la première fois, c'est d'ailleurs le secrétaire d'Etat John Kerry qui, en annonçant la reprise des négociations en juillet 2013, fixe le 29 avril 2014 comme date butoir pour un accord.
Sans grande surprise, aucun accord de paix n'a vu le jour à cette échéance. Israël a suspendu les pourparlers au lendemain du nouvel accord de réconciliation entre le Hamas et l'OLP. Quant à Barack Obama, il a jugé nécessaire de faire une « pause » dans les discussions.

Source Le Monde