vendredi 7 juin 2013

La vieille ville de Jerusalem : Un quartier où l’histoire se mêle à l’affectif

 
 
Si la superficie du quartier juif de la vieille ville est physiquement réduite, grande, en revanche est son importance. La zone couvre une minuscule partie du terrain total de la capitale – environ 1 %, soit 129 000 m2 – avec une population de seulement 2 500 âmes, soit 0,3 % de la population totale de la ville. Quoi qu’il en soit, elle occupe une position centrale dans la religion juive et le sentiment national.
 
La Vieille Ville, aire urbaine encerclée par les vieux remparts ottomans, date de la période du Second Temple, et est antérieure à sa destruction par les Romains. En conséquence, un lien existe entre la Vieille Ville et la Jérusalem édifiée hors des murailles, de même que pour certains la cité relie les cieux et la terre.
Jérusalem a été habitée de manière remarquablement continue par les Juifs, et ce, depuis le règne du roi David.
Malgré des périodes, comme lors de la destruction romaine ou durant l’époque des croisades, où la présence des juifs s’est faite rare, voire inexistante, la Vieille Ville est restée pour une large part leur demeure privilégiée.
Au début du XXe siècle et même bien avant, la surface surpeuplée et les conditions d’hygiène peu favorables incitent ceux qui ont les moyens d’acheter des terrains à construire leurs maisons à l’extérieur des murailles. Le quartier juif, situé au centre sud, est l’un des quatre « carrés » traditionnels de la Vieille Ville, qui abrite : le quartier chrétien au nord-ouest, autour de l’église du Saint-Sépulcre ; le quartier arménien au sud-ouest, entourant la cathédrale Saint-James ; et le quartier musulman, qui couvre une large partie de la zone est de la Vieille Ville.
Le quartier juif actuel est peu peuplé comparé aux 19 000 résidents qu’il abritait au tournant du XXe siècle. Durant la guerre d’Indépendance de 1948, la Légion arabe jordanienne conquiert la Vielle Ville, dont la plus grande partie est dévastée. Dans les années 1960, la Jordanie entreprend de transformer la zone en parc. Puis quand Israël prend possession de la Vieille Ville durant la guerre des Six Jours, un plan ambitieux est alors mis en route pour reconstruire le quartier juif et lui rendre sa splendeur originelle.
  

D’anciennes bâtisses transformées en duplex luxueux

En avril 1968, le gouvernement exproprie les 12,9 hectares (31,8 acres ou 129 000 m2) de terrains, propriété du Waqf ; l’« OEuvre de bienfaisance musulmane de Jérusalem » ne se montrera guère satisfaite de cette décision. En 1969, le ministère de la Construction et du Logement fonde la « Compagnie de développement du quartier juif », corps gouvernemental, en charge de la reconstruction de la zone.
Le quartier est donc reconstruit, et les maisons existantes sont remises en état. L’une d’entre elles, la « Batei Mahaseh », ou maison de refuge, avait été édifiée à la fin du XIXe siècle pour accueillir des familles juives aux revenus modestes.
L’intérieur a depuis été reconverti en duplex luxueux, et la façade a été restaurée comme à l’origine.
Les autres immeubles résidentiels ont eux aussi été restaurés à l’image de la plupart des habitations du quartier, vastes demeures familiales, aux intérieurs modernes et façades d’origine.
Les grandes maisons ont été divisées en un maximum de quatre unités d’habitation de deux ou trois étages, et la « Société pour le développement du quartier juif » construit également des appartements jumeaux, comme indépendants, tous dans le style arabe commun à l’ensemble de la Vieille Ville.
 

Les propriétés ne sont pas vendues de manière classique. 
En effet, les « propriétaires » acquièrent des baux à long terme de l’Autorité des Terres d’Israël. La plupart des appartements sont des quatre-pièces de 100 m2 d’habitation, les appartements jumeaux bénéficiant d’une superficie légèrement plus grande.
Le quartier juif, qui est à la fois le berceau du judaïsme et le site du mur des Lamentations, compte un certain nombre de yeshivot et de synagogues. L’une des plus importantes demeure l’imposante synagogue de la Hourva, édifiée en 1701, détruite durant les batailles de 1948, puis rebâtie et inaugurée en 2010.
En fait, le quartier n’a cessé d’être habité durant un millénaire.
En 1967, avant que les vastes travaux de reconstruction ne démarrent, une équipe d’archéologues dirigée par Nahman Avigad, de l’Université hébraïque, a largement excavé la zone. Leurs découvertes sont visibles dans les musées, mais aussi sur site, et certaines se trouvent deux ou trois étages en dessous du niveau de la rue.
 

Un marché immobilier a son propre rythme
 
« Le marché immobilier situé dans le quartier juif de la Vieille Ville a son propre tempo », rapporte Rafael Bloch de l’agence immobilière Re/Max. « La demande est généralement supérieure à l’offre, ceci a pour conséquence de gonfler fortement les prix.
Il existe environ 500 maisons, et l’offre est provoquée directement en général par la décision de vendre des propriétaires – il n’y a pas de nouveaux projets en développement et le volume des transactions reste limité ».
« Ceux qui désirent vendre veulent céder leurs biens à un très haut prix, ils sont donc sur le marché depuis déjà très longtemps. Les prétentions des propriétaires sur les prix limitent de ce fait le volume des transactions. Une maison de famille de 2 étages avec une terrasse sur le toit et une superficie de 140 m2 peut atteindre 2,5 millions de dollars.
Des appartements de quatre pièces construits il y a 45 ans sont mis sur le marché pour 1 million de dollars. » Ceci précisé, il poursuit : « Il est très difficile aujourd’hui d’avoir accès aux prix du marché immobilier dans le quartier juif, car la majeure partie de la demande est souvent d’ordre “affectif”, ce qui rend si difficile les estimations. »

 
Source JerusalemPost