Le rabbin David Stav, candidat à l'élection au poste de Grand rabbin ashkénaze d'Israël, a été pris a partie par un groupe de jeunes orthodoxes alors qu'il assistait dimanche soir au mariage de la fille du Grand Rabbin du kotel, Shmuel Rabinovitch; attaques verbales, menaces, l'ont contraint à quitter précipitamment la soirée.
L'incident est intervenu le lendemain d'une violente attaque du Grand rabbin Ovadia Yossef, leader spirituel du parti orthodoxe Shas, contre lui: "Cet homme est un danger pour le judaïsme et la Torah. Il est indigne de quoi que ce soit !" avait-il lancé.
Dans son "sermon" de samedi soir, Ovadia Yossef s'est attaqué avec férocité à la candidature de David Stav au poste de Grand rabbin ashkénaze.
Pour lui, le président de Tzohar, une association qui rassemble des rabbins sionistes religieux et de rabbins modern-orthodoxes (et dont l'objectif est de rapprocher les juifs non religieux de la vie juive), est "un danger pour le judaïsme" et tout doit être fait pour empêcher son élection : le nommer au Grand Rabbinat s'apparenterait "à pratiquer l'idolâtrie dans le Temple".
Tous les dix ans, les postes de grands rabbins d'Israël, l'un sépharade, l'autre ashkénaze, sont à renouveler.
En général, les élections au Grand rabbinat, si elles ont toujours suscité des rivalités, se sont toujours déroulées de façon feutrée.
Mais cette année, sans doute du fait de la nouvelle donne politique – l'éviction des partis orthodoxes de la coalition gouvernementale, l'alliance du parti laïc Yesh Atid avec les sionistes religieux Habayt Hayehudi -, la lutte pour le poste de Grand rabbin ashkénaze d'Israël est féroce.
L'actuel Grand rabbin ashkénaze Yona Metzger doit en effet quitter son poste, alors que, le Grand rabbin sépharade, Shlomo Amar, soutenu par le Shas, brigue un second mandat.
Ce qui nécessite toutefois une modification de la loi.
Or il semblerait qu'un ticket "Amar-Stav" ait été conclu, les partisans de Stav à la Knesset – Yesh Atid, Habayt Hayehudi et Israël Beitenou - soutenant le "projet de loi Amar", contre un soutien à Stav en retour.
Un arrangement contre lequel le Shas a lancé sa grosse artillerie, quitte à déboulonner son propre candidat, Shlomo Amar.
"Comment puis-je rester silencieux ?", s'est interrogé le Grand rabbin Ovadia Yossef,
"Le Rabbin Amar est mon ami, je l'aime... Mais)ils mettent une abomination dans un lieu saint. David Stav est une personne indécente", a-t-il déclaré, précisant qu'il disposait d'"informations attestant "qu'il n'est absolument pas animé de la crainte de D-ieu".
Selon lui, il n'y aucune raison de changer la loi aujourd'hui (pour permettre un renouvellement de mandat) alors que ces trente dernières, "cela n'a pas été fait même pour d'excellents grands rabbins".
Et l'entêtement à vouloir le faire aujourd'hui, précisément avant les élections au poste, serait uniquement dû au désir de faire triompher David Stav en même temps que Shlomo Amar.
Le président du Shas et député à la Knesset, Arieh Dery, s'active donc en coulisses à empêcher le vote de la "loi Amar" avant les élections au Grand Rabbinat d'Israël.
Il y a presque réussi ce dimanche en faisant reporter le vote sur le projet de loi.
Dans le même temps, le gouvernement devait approuver la création de la Commission électorale pour le Rabbinat.
Les partisans de Shlomo Amar espèrent que la création de cette commission sera elle aussi reportée à la dernière minute afin que le processus électoral pour "la loi Amar" ait le temps de se mettre en place.
Le Grand rabbin Amar, lui, se désole de ces controverses et ses partisans laissent entendre qu' Arieh Deri et Ariel Atias, un autre député du Shas, ont monté le Grand rabbin Ovadia Yossef contre lui.
Source Israel Infos