mercredi 17 avril 2019

Pèlerinage juif au Maroc: Khalifa Ben Malka, le Saint du vieux cimetière à Agadir


Yabiladi revient sur les grands lieux de pèlerinage juif au Maroc, visités annuellement par des milliers de fidèles et de curieux. Voici l’histoire de Khalifa Ben Malka, l’une des personnalités rabbiniques ayant marqué les esprits à Agadir, au Sud du Maroc et même à l’échelle internationale........Détails.........



Vers le 3 Eloul, dernier mois de l’année civile et le sixième de l’année ecclésiastique du calendrier hébraïque intervenant entre la mi-août et la mi-septembre, les juifs du Maroc et ceux venus d’ailleurs se rendent annuellement à Agadir. 
L’occasion de visiter la tombe d’un saint, enterré dans le vieux cimetière de la capitale de Souss, Khalifa Ben Malka.
L’histoire de ce Tsaddikim, le mot hébreu désignant littéralement «un homme juste», a commencé à Tétouan en 1670, bien que d’autres sources situent son lieu de naissance à Safi. 
Très jeune, il se retrouve orphelin de père et de mère sans beaucoup de famille selon son propre récit, rapporté dans son livre Kaf Naqi (Main propre).
C’est à Fès que Rabbi Khalifa Ben Malka s’installe pour étudier la Thora dans une école rabbinique vers 1695 avant de la quitter pour s’installer à Safi, deux ans plus tard. Il serait arrivé à Agadir vers 1699 pour devenir l’un des riches commerçants du port de la capitale du Souss.
«Rabbi Khalifa Malka était très riche et très juste, un kabbaliste et un poète merveilleux», écrit Issachar Ben-Ami dans «La vénération parmi les juifs au Maroc» (Wayne State University Press, 1998). 
De son côté, Haïm Zafrani décrit un homme représentant autrefois «l’une des fortes personnalités rabbiniques qui dominent la mémoire collective du sud marocain et dont le renom et la célébrité dépassent parfois le cadre du judaïsme». 
«Gros commerçant, explorateur de produits locaux et importateur de marchandises européennes, talmudiste et poète, Khalifa Ben Malka vécut essentiellement à Agadir, entre la fin du XVIIe et le début du XVIIIe siècle, et finit en odeur de sainteté», raconte-t-il dans son ouvrage «Deux mille ans de vie juive au Maroc: histoire et culture, religion et magie» (Editions Eddif, 1998).
De leur côté, Marie Fance Dartois, Régine Caïs-Terrier et Lahcen Roussafi racontent, dans un article dédié à Rabbi Khalifa Ben Malka, comment «ses bateaux entraient et sortaient du Maroc, en provenance et à destination d'Europe, emplis de marchandises de toutes sortes, chargées de matières premières pour l'industrie européenne et revenaient chargés de soieries et de tissus, épices et armes». 
«Sa richesse et les affaires le mettait en relation avec les ministres et la cour du sultan», poursuivent-ils.
Le rabbin tisse aussi des liens amicaux, commerciaux et familiaux avec plusieurs autres juifs influents. 
En effet, Rapahel Patai rapporte dans «Encyclopédie du folklore et des traditions juives» (Routledge, 26 mars 2015) comment le «dernier Pinto vivant à Tanger, le rabbin Shlomo Pinto ayant consacré sa vie à l'étude de la Torah» était soutenu par «le frère de sa première épouse, un riche marchand» qui n’est autre que Rabbi Khalifa Malka.
Les trois auteurs de «Khalifa Ben Malka (Rabbi Khlifa Malka) Tsaddik (sage) d'Agadir» soulignent aussi ses lien avec la riche famille Mendès d'Amsterdam, ayant œuvrer pour l'obtention d'un pacte commercial entre le Maroc et les Pays-Bas ou encore ses relations amicales avec Rabbi Isaac Ben Shlomo Yeshurum d'Amsterdam à qui il dédiera son ouvrage Kaf Naqi.
«Rabbi Khalifa fut un grand talmudiste, kabbaliste et thaumaturge. Il était actif dans la synagogue où il priait et qu'il dirigeait avec son ami Rabbi Yaakov Guedalia. Il en aurait fait un centre spirituel et un séminaire où il enseignait la Thora. 
Vu le nombre de ses affaires, il ne siégeait pas officiellement comme rabbin et guide spirituel bien qu'il fut considéré comme l'un des sages notoires de la ville.»

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Auteurs de plusieurs livres, les ouvrages de ce personnage emblématiques ont été nombreux. 
Seulement, ces écrits «auraient disparu accidentellement alors qu'elles étaient transportées à dos de mulet, coulés dans l'oued Tamri» au nord d’Agadir.
Dans le domaine de la littérature rabbinique, il doit sa réputation à quelques fragments inédits de Kaf Naqi adressés Rabbi Isaac Ben Shlomo Yeshurum d'Amsterdam. 
Son ouvrage, Kaf Naqi serait «un recueil de gloses sur la quasi-totalité des pièces poétique que l’on trouve dans les rituels en usage dans le monde séfarade», précise Haïm Zafrani. 
«A ces gloses s’ajoutent des commentaires sur les règles massorétiques et leurs usages, dans la lecture traditionnelle de la Bible, par les populations maghrébines».
Durant sa vie, Rabbi Khalifa Ben Malka aura deux fils et deux filles. «Dans son ouvrage Kaf Naki, il ne mentionne explicitement que son fils aîné David décédé à l'âge de 11 ans. 
Son épouse et l’une de ses filles seraient mortes au cours d'une épidémie en 1728», racontent Dartois, Caïs-Terrier et Roussafi. Issachar Ben-Ami note, de sa part, que l’un de ses «fils aurait été tué le jour de son mariage».
Le personnage de Rabbi Khalifa Ben Malki, comme tout saint au Maroc, a fait l’objet de plusieurs légendes. 
La plus célèbre raconte comment l’érudit et poète, en pleine prière, est dérangé à maintes reprises par le capitaine de sept navires chargés de marchandises et lui appartenant, un Yom Kippour. 
Le saint s’adresse alors à Dieu. «Seigneur de la création, les vanités de ce monde veulent me distraire de te vénérer ! Que ce soit votre volonté que tous les navires coulent!», dit-il. 
Et les navires disparurent et ne réapparurent qu’après Kippour à la surprise générale. 
«Selon la légende, tous les ans, la veille de Kippour, les deux mâts des navires sortaient de l'océan», racontent Dartois, Caïs-Terrier et Roussafi.
Rabbi Khalifa aurait vécu longtemps, dépassant les 90 ans. Il serait mort à Agadir vers 1760 et enterré d’abord au vieux cimetière d’Agadir. Ce dernier sera par la suite transféré à Talborjt au nord d’Agadir. 
Les autorités marocaines «prononcent un grand éloge en son honneur et, ce jour-là, ont déclaré un jeûne public à Agadir», rapporte Issachar Ben-Ami. Sur sa tombe, un magnifique sanctuaire en marbre est également érigé.
Aux fils des années, sa tombe deviendra un lieu de pèlerinage judéo-arabe, une «source vers laquelle chacun se tourne pour y puiser ses forces dans les moments de détresse et de peine, d'ordre privé ou commun à tous, et nombreux sont ceux qui ont raconté avoir été sauvés par son mérite», raconte Moshé Amar cité dans l’article de Dartois, Caïs-Terrier et Roussafi.
A Agadir, les Juifs rendent visitent aussi à Lalla Sefia, une «sainte locale, elle-même revendiquée et honorée» que certains qualifient comme «réplique musulmane» de Rabbi Khalifa Ben Malka.






Source Yabiladi

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