Michale Boganim ausculte la mémoire des Mizrahim, ces juifs orientaux qui, comme son père, ont lutté en prenant modèle sur les Black Panthers. Un documentaire émouvant projeté en avant-première à Carcassonne, en attendant la sortie en salles le 23 mars.......Détails & Vidéo.......
Dans les années 1960, le père de la cinéaste Michale Boganim a cédé à l’appel de la Terre promise et quitté le Maroc pour émigrer en Israël.
Comme tant de juifs orientaux (ceux que l’on nomme « Mizrahim »), il rêvait de Jérusalem.
Et comme nombre d’entre eux, c’est dans le désert du Néguev qu’il a été conduit pour contribuer au développement de ces villes à peine sorties du sable, quand d’autres juifs venus d’Europe étaient autrement installés. Il s’en trouvait, parmi ceux-ci, pour qualifier de « racaille » ces femmes, ces hommes et ces enfants venus de pays musulmans.
Ces familles reléguées en périphérie n’en ont pas moins formé une main-d’œuvre précieuse à l’essor du pays. Qu’importe ! Elles continuent d’être victimes de discriminations.
Projeté en avant-première au Festival international du film politique de Carcassonne, qui se tient du 14 au 18 janvier, Mizrahim, les oubliés de la Terre promise est une occasion inédite de découvrir un visage d’Israël largement méconnu, y compris des habitants de ses grandes villes. « Moi-même, explique son autrice, quand je reviens dans le pays où j’ai vécu jusqu’à l’âge de 6 ou 7 ans, je passe le plus clair de mon temps à Jérusalem et à Tel-Aviv, dont la modernité lui vaut le surnom de “Séoul du Moyen-Orient”.
Il m’a fallu tourner ce film pour mesurer ce qu’est vraiment ce second Israël, dont certains quartiers laissés à l’abandon évoquent plutôt les favelas du Brésil. »
Née à Haïfa en 1977, Michale Boganim a passé sa petite enfance dans cette périphérie déshéritée, que ses parents ont choisi de laisser derrière eux comme leurs espoirs déçus pour s’établir en France – à Arcueil (Val-de-Marne), dans une autre périphérie.
De retour dans le pays qui l’a vue grandir, elle est allée à la rencontre de Mizrahim de différentes générations, qui parlent avec beaucoup de naturel et de conviction de leur culture et des discriminations sociales qui les frappent. « Je suis allée de l’un à l’autre, découvrant à travers eux les villes et les quartiers où ils habitent, mais également les liens qui les unissent. »
Car la plupart se connaissent, se fréquentent, partagent les mêmes revendications, s’entendent sur le projet de réhabiliter la culture mizrahim et gardent en mémoire le mouvement des Black Panthers – inspiré du modèle afro-américain – auquel participa le père de la cinéaste jusqu’à se présenter aux élections municipales à Haïfa, en 1973. Un père aimé dont la mort, en 2017, a motivé en partie son projet.
Adressé par Michale Boganim à sa fille franco-israélienne de 8 ans et conduit à la façon d’un road movie, son documentaire a le mérite de sortir de la sempiternelle question palestinienne, en donnant néanmoins à penser combien cette population israélienne pétrie d’arabité aurait pu établir des ponts entre les acteurs politiques du conflit.
Tel est l’un des mérite de ce joli film, qui sortira au cinéma le 23 mars. En attendant, Mizrahim, les oubliés de la Terre promise est à découvrir à Carcassonne dimanche 16 (à 17h45) et lundi 17 janvier (à 10h15).
L’œuvre d’une femme de conviction, qui termine actuellement un long métrage de fiction : Tel-Aviv/Beyrouth, avec Golshifteh Farahani, Yaël Abecassis et Sofia Essaidi, autour de la guerre du Liban vue par des femmes des deux côtés de la frontière, sur une période de vingt ans.
Mizrahim, les oubliés de la Terre promise, documentaire de Michale Boganim (France/Israël, 2021). 1h33mn. En salles le 23 mars.
Festival international du film politique de Carcassonne, de vendredi 14 à mardi 18 janvier. Projections de Mizrahim… en avant-première dimanche 16, à 17h45, et lundi 17, à 10h15.
Source Telerama
Votre aide est esentielle pour la survie du site. Merci de votre soutien, et il n'y a pas de petite somme....