mardi 15 décembre 2020

La normalisation avec Israël vue par la communauté juive au Maroc et en France


Des représentants de la communauté juive marocaine reviennent sur le ressenti des Marocains de confession juive résidant dans le pays ou en France suite à l’annonce du rétablissement des relations entre Rabat et Tel Aviv décrivant une «liesse générale». Pour eux, la nouvelle aura un impact certain sur les Marocains résidant en Israël, mais aussi le tourisme et l’économie du royaume.......Détails.......

Si l’annonce, jeudi soir, de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël a fait réagir les Israéliens d’origine marocaine, elle a également suscité joie chez les Marocains de confession juive résidant au Maroc et en France.
«Cela a été pour moi et pour la communauté juive marocaine une divine surprise, puisque nous ne nous y attendions pas», nous confie Serge Berdugo, secrétaire général du Conseil de la communauté israélite du Maroc (CCIM). 
«Cela avait été évoqué il y a 4 ou 5 mois dans les journaux, mais on ne pensait pas que ça allait arriver aussi vite, dans un jour aussi important que celui de Hanouka, la fête de la lumière», confie-t-il.

Une «liesse générale» au Maroc et ailleurs

Le représentant de la communauté juive au Maroc décrit ainsi un «moment de joie, couronné par celle des Musulmans», mais surtout une joie extrême au sein de la communauté marocaine en Israël.
«C’était vraiment un vent de joie et de folie. Partout, dans les villages, les villes et les synagogues, ils sont heureux et ils le manifestent, bien qu’il y ait des mesures de distanciation. 
Sans la Covid-19, il y aurait eu des manifestations de plusieurs milliers de personnes. Ils se préparent déjà à planifier des dates à partir desquelles ils pourront mettre les pieds sur le sol de leur pays natal.»
Pour sa part Jacky Kadoch (ci-dessus), président de la Communauté juive de Marrakech et d'Essaouira depuis 2003, estime que «c’est un vœu très cher qui vient d’être exhaussé, pas seulement pour la communauté marocaine juive, mais de tous les Marocains en majeur partie». 
«Jeudi soir, nous avons dansé dans la synagogue ensemble, tellement nous étions heureux», ajoute-t-il.
Même son de cloche chez la communauté marocaine de confession juive établie en France. 
«J'ai accueilli cette grande nouvelle à la fois avec beaucoup de joie et avec une immense fierté. Il faut dire que je l'attendais depuis très longtemps», assure Simon Haim Skira, Secrétaire général de la Fédération française du judaïsme marocain (FFJM), joint par Yabiladi. 
«En tant que Marocain d'abord et considérant mon engagement constant et sincère pour la paix et la cohabitation entre tous les enfants d'Abraham, je ne peux que me réjouir de cet événement majeur, de portée et profondeur stratégiques certains», ajoute-t-il.
«C'est une liesse générale qui a encore illuminé davantage Hanouka, fête des lumières. 
Nous avons toujours tenu à ce que ce cordon ombilicale qui lie cette communauté à son pays d'origine, soit minutieusement entretenu et soigneusement préservé. Il n'y a donc rien d'étonnant de constater ces scènes de joie et de liesse spontanées chez les membres de cette communauté.»

Encourager le tourisme et les investissements

Les trois représentants ne manquent pas de mettre en avant les répercussions d’une telle décision sur la communauté juive marocaine établie au Maroc et ailleurs. «Il s’agit d’un million de juifs d’origine marocaine. 
Depuis une dizaine d’années, nous avons vu des juifs retourner au Maroc pour visiter leur terre natale et celle de leurs ancêtres», rappelle Jacky Kadoch.
«Il y a des gens qui veulent venir étudier ici et des Ashkénazes et des Israéliens des autres communautés qui veulent s’y rendre. 
C’est aussi impressionnant de voir l’engouement des personnes qui souhaitent venir investir au Maroc et développer du business entre les deux pays», ajoute-t-il.
«On a tous rêvé de cette ligne aérienne directe entre les deux pays, même si ceux qui veulent venir au Maroc s’en fichent que ça prenne 12h ou plus. Que ça prenne un jour à l’aller et un jour pour le retour, l’essentiel pour eux est d’arriver dans le royaume et le visiter.»
Serge Berdugo met aussi en avant la prochaine mise en place de lignes aériennes directes entre le royaume et Israël. 
«Les Marocains de confession juive venaient mais avec beaucoup de difficultés. Le voyage leur prenait 12 à 15 heures, désormais, il ne durera que 5h ou 5h30», explique-t-il. Des difficultés qui n’empêchent pas la venue chaque année de «45 000 Marocains d’Israël», enchaîne-t-il.
«Toutes les portes vont s'ouvrir pour cette communauté afin d'investir dans son pays d'origine», prédit pour sa part Simon Haim Skira.

«Retrouver de la visibilité dans l’Histoire du Maroc»

Cette nouvelle tombe à point nommé, après l'annonce de l’enseignement de l’histoire et la culture juive marocaines dans les écoles du royaume, faisant la joie des trois représentants de la communauté juive marocaine. 
«L'enseignement de l'histoire et culture juives marocaines dans les écoles est une grande avancée pour faire connaître à nos enfants, une partie de leur patrimoine national séculaire, très longtemps enraciné dans la culture, les traditions et l'identité plurielle du pays», commente Simon Haim Skira.
Jacky Kadoch, qui rappelle la contribution de feu Simon Lévy et la mobilisation de la communauté juive, rappelle qu’il «y a tellement de choses à raconter sur l’histoire juive marocaine». De son côté, le président du CCIM rappelle qu’il s’agit d’un «retour à l’Histoire».
«Avec des pages roses, noires ou sombres, tout doit être dit et nous sommes heureux de retrouver notre visibilité dans l’Histoire du Maroc, notre pays.»
Le secrétaire général de la FFJM considère toutefois qu’il y a encore du chemin à faire. 
«Mettre la lumière uniquement sur Bayt Dakira édifié à Essaouira, et le Musée de Casablanca, constitue à mon avis, une injustice envers toutes les composantes du Judaïsme Marocain, qui a couvert tout le territoire National, par sa richesse et sa diversité», estime-t-il. 
Simon Haim Skira reste «persuadé que seule une commission scientifique et pédagogique de haut niveau, nommée par Sa Majesté le Roi, composée d'éminents chercheurs et académiciens, serait habilitée à la réécriture de l'histoire juive du Maroc».

Source Yabiladi
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