La justice allemande rend lundi 21 décembre son verdict contre un extrémiste de droite qui revendique haut et fort l'attaque l'an dernier d'une synagogue, passée à deux doigts de devenir le pire attentat antisémite de l'après-guerre dans le pays. Le parquet allemand a requis la réclusion à perpétuité, peine maximale, avec une détention de sûreté minimale de quinze ans à son encontre. L'avocat de l'accusé a lui réclamé «une peine juste».........Détails........
Jugé depuis cinq mois par le tribunal de Magdebourg en Saxe-Anhalt, Stephan Balliet, 28 ans, avait en pleine fête religieuse de Yom Kippour en octobre 2019 donné l'assaut contre la synagogue de Halle remplie de 52 fidèles.
Faute de parvenir à entrer, il avait abattu une passante, puis plus loin un homme dans un restaurant de kebabs, ciblé pour sa clientèle immigrée.
La police l'avait finalement arrêté après une course-poursuite au cours de laquelle il avait blessé plusieurs autres personnes.
«L'attaque de la synagogue de Halle a été l'un des actes antisémites les plus répugnants depuis la deuxième Guerre mondiale», a fustigé lors de son réquisitoire le procureur fédéral Kai Lohse, parlant de «cauchemar». Selon lui, Stephan Balliet a agi sur la base d'une «idéologie raciste, xénophobe et antisémite» pour mener une attaque non seulement contre ceux qu'il a tués mais aussi contre «la vie juive en Allemagne dans son ensemble».
L'accusé s'était inspiré de Brenton Tarrant, l'auteur des attentats racistes sanglants (51 morts) commis quelques mois auparavant contre deux mosquées à Christchurch en Nouvelle-Zélande, qui avait diffusé en direct ses crimes comme l'a aussi fait Stephan Balliet.
Tout au long de son procès, l'accusé n'a jamais émis le moindre remords et, à plusieurs reprises, a dû être rappelé à l'ordre par la présidente du tribunal Ursula Mertens pour ses propos conspirationnistes, racistes, misogynes et négationnistes. Il a même revendiqué ses actes. Le fait d'attaquer la synagogue «n'était pas une erreur» car «ce sont mes ennemis», a-t-il lancé.
Des paroles qui ont déclenché la colère des nombreuses parties civiles de ce procès-fleuve.
Elles ont dû revivre ce jour particulier du 9 octobre 2019 lors d'une audience où fut rediffusé son parcours meurtrier: armé jusqu'aux dents et vêtu d'une tenue militaire, Stephan Balliet avait filmé et diffusé en direct son assaut pendant lequel il niait l'existence de la Shoah et s'en prenait aux juifs.
L'ambassadeur d'Israël en Allemagne, Jeremy Issacharoff, parle à propos de l'attentat d'un «épisode très, très alarmant de l'histoire allemande» contemporaine, dans une interview à l'AFP.
«Si ce type avait réussi à pénétrer dans la synagogue... cela aurait eu un énorme impact sur l'identité allemande d'après-guerre et la lutte contre l'antisémitisme», a-t-il dit.
Les crimes et délits visant la communauté juive en Allemagne ont progressé de 13% en 2019, avec 2.032 actes répertoriés.
L'attaque de Halle est aussi intervenue dans un contexte de recrudescence du terrorisme d'extrême droite, avec notamment l'assassinat l'an dernier d'un responsable politique pro migrants et un attentat à Hanau ayant tué neuf personnes d'origine immigrée.
L'expert psychiatre Norbert Leygraf a expliqué que Stephan Balliet souffrait d'un «trouble complexe de la personnalité» mêlant schizophrénie, paranoïa et caractéristiques autistiques, l'empêchant notamment «d'éprouver de l'empathie pour les autres».
Il parle également «d'une personne égocentrique convaincue de ses propres valeurs et se sentant supérieure aux autres». Néanmoins, il a estimé que ces caractéristiques n'avaient pas altéré «sa capacité de contrôle», ne permettant pas de minimiser sa culpabilité.
La vie de Stephan Balliet s'apparente à une succession d'échecs: il n'avait pas d'amis, n'avait jamais eu de relation amoureuse.
Et il n'avait jamais occupé un emploi. Il s'est d'ailleurs à plusieurs reprises dénigré lui-même, se qualifiant de «bon-à-rien» pour avoir échoué dans sa tentative de massacre.
Source Le Figaro
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