Luke Holland a passé plus de dix ans à fréquenter d’anciens nazis et à les persuader de témoigner pour son film, très applaudi par le public du Lido.
Selon le journal Hollywood Reporter, qui qualifie le documentaire d’œuvre « exceptionnelle », c’est sans doute la dernière fois qu’on pourra entendre les témoignages de « participants directs aux horreurs des camps de concentration ».
Alors que beaucoup d’entre eux sont travaillés par les remords, certains se disent au contraire fiers d’avoir servi dans les SS « où on pouvait compter sur chaque homme à 100 % ».
Certains nient l’Holocauste tandis que d’autres admettent qu’ils en avaient connaissance. « Ne rendez pas Hitler responsable », lance l’un d’eux. « L’idée était juste (mais les juifs, NDLR) auraient dû être expulsés hors du pays », au lieu d’être tués.
Selon le producteur Sam Pope, présent à Venise, les entretiens avec les civils, en particulier les femmes, remettent en question l’idée que peu de gens ordinaires en Allemagne et en Autriche savaient ce qui se passait.
« Un refrain connu est que c’est seulement après la guerre que nous avons appris l’existence de ces crimes.
Au fil de ces entrevues, cette possibilité se fait de plus en plus ténue », affirme-t-il, avant d’expliquer : « Même si vous n’étiez pas là ou que vous n’y participiez pas, vous connaissiez quelqu’un ou aviez entendu une rumeur. Votre frère soldat revenait à la maison et vous racontait ce qu’il avait vu ».
L’une des scènes les plus choquantes du film provient pourtant de l’Allemagne contemporaine, quand un ex-SS se fait huer par de jeunes néonazis lui reprochant de « leur faire avoir honte d’être Allemand » en évoquant son sentiment de culpabilité.
Ce long échange se déroule dans la maison près du lac de Wannsee, dans l’agglomération de Berlin, où fut décidée la Solution finale, à savoir la déportation et l’extermination de tous les juifs se trouvant dans les territoires occupés par le IIIe Reich.
« Ces idéologies puissantes et perverses sont encore présentes et gagnent en force, pas seulement en Allemagne et en Autriche, mais dans le monde entier », s’inquiète Sam Pope.
Luke Holland, qui a grandi en parlant allemand et dont la famille maternelle a péri dans les camps, s’est refusé à condamner ses interlocuteurs, dont la plupart sont nonagénaires : « Les auteurs (de massacres) ne naissent pas tels quels, on les fabrique », a-t-il écrit.
Source La Presse
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