Cours d’histoire ? D’éducation civique ? De philosophie ?
Difficile de qualifier l’intervention d’Anne Beaumanoir, ce mardi 3 mars, devant près de 200 collégiens de Simone-Veil, à Lamballe.
Depuis plus de dix ans, la native de la région de Dinan, engagée dès 1940 dans la Résistance et Juste parmi les Nations pour avoir sauvé deux enfants juifs, multiplie les interventions auprès du jeune public.
Et à « 96 ans et demi », elle reconnaît « se nourrir encore beaucoup de ces échanges », pour que « ce qui a été fait ne s’oublie pas ».
Une intervention qui a débuté de la plus saugrenue des manières, avec une sonnerie de téléphone portable venue… du sac à main de la nonagénaire.
Et qui a permis d’établir d’emblée, en quelques notes de musique, que l’héroïne devenue médecin après la guerre n’avait fait que vivre avec son temps, près d’un siècle durant.
À Marseille, les armes à la main
Anne Beaumanoir a questionné son public, longuement. Sur l’engagement, sur la notion de risque, sur la nécessité de résister.
« Vouloir, c’est pouvoir », a-t-elle martelé et que c’était vrai pendant les conflits « comme avant un contrôle de maths, quand on se demande s’il faut travailler ».
Elle a livré ses souvenirs, des anecdotes, humanisant son propos. Elle a expliqué avoir « beaucoup volé », durant quatre ans.
« Des vélos, devant les restaurants où les Allemands dînaient avec leurs petites amies ».
« Des chaussures, aussi, pour les maquis ». Elle a confié à des collégiens sous le charme avoir « fait du repérage, dans le XIIIe arrondissement de Paris, pour faire sauter une usine » ou « participé, fin août 1944, à la libération de Marseille, les armes à la main ».
Relents de Canebière pour effet garanti.
Les résistants… allemands
Elle a exhorté à se souvenir, aussi, que tout n’était pas blanc ou noir. Que les résistants étaient, du côté français, « bien moins nombreux que les traîtres à la Résistance ».
Et que du côté allemand, les opposants étaient aussi bien présents. « On dénombre à 22 000 personnes la population allemande ayant résisté sur le sol français. Hommes et femmes.
Un des maquis, près de Lyon, était presque exclusivement composé d’Allemands ».
Et que dans un autre, elle en avait rencontré « qui avaient fait la guerre d’Espagne, contre le fascisme déjà… »
Une leçon d’humanité
Des pointes d’humour, enfin, comme pour évoquer une « résistance à temps plein » ou ses nombreuses planques, « certaines étant vraiment très chouettes ».
Ou pour rassurer un élève sur le fait de n’avoir assurément « tué personne, du moins directement ».
Mes planques ? Certaines étaient vraiment très chouettes !
Qaunt à la jeune Fanny, qui lui demandait : « Pourquoi avoir pris le risque de sauver des Juifs ? », Anne Beaumanoir a répondu d’un désarmant « : Parce que je suis un être humain ».
Alors non, Anne Beaumanoir à Simone-Veil, ce mardi, ce n’était pas pour un cours. C’était juste une leçon d’humanité…
Anne Beaumanoir
Anne Beaumanoir
Source Telegramme
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