mercredi 11 mars 2020

Le régime syrien cache-t-il des cas de Coronavirus ?


Liban, Irak, Turquie, Jordanie, Israël. Les cinq pays frontaliers de la Syrie ont tous déclaré des cas de coronavirus, mais Damas soutient mordicus qu’aucun malade n’a été répertorié sur son sol. Depuis plusieurs semaines, des rumeurs alarmantes circulent pourtant sur les réseaux sociaux et dans certains médias, poussant le régime syrien à publier très régulièrement des démentis via son agence d’information officielle SANA........Décryptage.........


« Le coronavirus est dans tous les pays frontaliers, mais il n’a pas passé la frontière syrienne ? 
Il y a une augmentation des décès liés aux infections pulmonaires. La compagnie aérienne nationale transporte chaque jour des centaines de passagers entre l’Iran et la Syrie. 
Et un petit génie me demande quelles sont mes sources pour dire que le coronavirus est chez nous ! » a tweeté il y a quelques jours Rafic Lutf, un journaliste prorégime. 
Ce dernier a notamment affirmé que 400 personnes seraient décédées, la plupart d’entre elles habitant Lattaquié, Tartous et Damas, des zones contrôlées par le régime. 
Après avoir tweeté pendant plus de 10 jours sur le sujet, Rafic Lutf a écrit hier ne plus vouloir parler du coronavirus. 
« Pourquoi ? Tu as peur de finir comme le médecin ? » lui lance un internaute. Une référence au directeur de l’hôpital al-Moujtahid à Damas, le Dr Samer Khodr, qui aurait alerté les autorités au sujet de cas de coronavirus avant d’être réduit au silence, et peut-être même arrêté, selon certains médias pro et antirégime.
Le directeur adjoint du service des maladies transmissibles et chroniques au ministère syrien de la Santé, Hani al-Lahham, a confirmé le 29 février à la radio locale Melody FM que deux cas suspects arrivés d’Iran avaient été transférés dans ce même hôpital, immédiatement mis en quarantaine et suivis quotidiennement, sans préciser la date de leur arrivée. 
Or, le ministère de la Santé continue d’affirmer qu’aucun cas de Covid-19 n’a été enregistré jusqu’à présent en Syrie et affirme prendre des mesures préventives strictes conformément aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). 
Parce qu’il est extrêmement difficile d’obtenir des informations côté régime, L’OLJ a contacté deux postes-frontières libanais pour savoir si des cas de ressortissants syriens contaminés ont été répertoriés. 
« Un bus de Syriens a été renvoyé le 2 mars car une jeune fille était suspectée d’être atteinte par le coronavirus », a affirmé à L’OLJ une source au sein de la municipalité d’al-Qaa, ville où se trouve l’un des postes-frontières côté libanais. « Nous avons immédiatement stérilisé les lieux et installé des barrières de sécurité et un poste médical », explique-t-elle. 
La Sûreté générale libanaise au poste-frontière de Arida, qui mène au gouvernorat de Tartous, a quant à elle affirmé qu’aucun cas suspect n’a été détecté en provenance de Syrie.
Il est peu probable que le pays, déjà en proie à une grave crise humanitaire et économique, après neuf ans de guerre, puisse avoir été épargné, en sachant notamment que de nombreux soldats iraniens y sont stationnés. 
L’Iran, allié de Damas, qui a caché durant les premières semaines la présence du coronavirus, affiche officiellement aujourd’hui un bilan de 291 morts et plus de 8 000 cas, mais les chiffres pourraient être bien plus importants.
« C’est dans la mentalité du régime syrien de cacher la vérité. Scientifiquement, il est quasiment certain que le virus est entré en Syrie, notamment parce que les vols en provenance d’Irak et d’Iran se poursuivent.
Si Damas reconnaissait que le coronavirus est présent, il serait contraint de fermer ses portes aux Iraniens, et c’est quelque chose qu’il ne veut et ne peut pas faire », estime le docteur Ziad Alissa, président franco-syrien de l’UOSSM (Union des organisations de secours et soins médicaux ).
Interrogé par le média qatari ArabicPost, un pharmacien d’Alep affirme sous couvert d’anonymat que la vente de masques chirurgicaux a explosé, les gens ayant peur d’une contamination en raison « de la forte présence de forces iraniennes » dans la grande ville du Nord. 
« Le système de santé dans l’ensemble du pays est dans un tel état qu’il sera très difficile de faire face à une épidémie de coronavirus », poursuit le docteur Alissa. 
Les autorités syriennes mènent une campagne d’information tous azimut affirmant être préparées en cas de contagion. 
Selon SANA, des scanners thermiques auraient été installés hier à l’aéroport de Damas et un nouveau département des urgences pouvant accueillir jusqu’à 1 200 patients a été inauguré hier à l’hôpital al-Moujtahid, dans la capitale.
Le directeur des laboratoires du ministère de la santé, le Dr Chebel Khoury, a déclaré hier à SANA que le laboratoire a effectué 34 tests sur des cas suspects de coronavirus jusqu’à hier, et que les résultats sont négatifs. 
L’OLJ a tenté, en vain, de joindre la direction des laboratoires du ministère syrien de la Santé pour un commentaire.
Le porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé Hedinn Halldorsson a déclaré dimanche à l’AFP qu’aucun cas de Covid-19 n’avait été jusque-là signalé en Syrie, mais que son « système de santé fragile pourrait ne pas être en mesure de détecter et de répondre » à une épidémie. 
Le risque d’une propagation du virus est particulièrement préoccupant à Idleb, où quelque trois millions de personnes sont prises au piège et où les structures médicales sont régulièrement visées par les avions du régime et de son allié russe. 
« Nous n’avons pas constaté de cas à Idleb », affirme à L’OLJ un médecin du principal hôpital de la ville. 
« Merci mon Dieu, il n’y a pas eu de cas chez nous et j’espère qu’il n’y en aura pas car nous sommes confinés dans une zone très réduite à cause de l’offensive du régime et nos hôpitaux, quand ils existent encore, n’ont quasiment plus de moyens », estime pour sa part Miran al-Hassan, une journaliste à Idleb. 
« Une épidémie serait terrible dans le Nord-Ouest syrien pour des millions de personnes car elles vivent déjà dans des conditions extrêmement précaires et qu’il n’y a pas d’autorités pour appliquer des mesures sanitaires en cas de propagation du virus », conclut le docteur Ziad Alissa.

Source L'Orient le Jour
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