Les Nazis avaient pris bien soin de confisquer tous les biens de leurs victimes, un trésor qui a depuis déchaîné les passions et les fantasmes, par exemple dans le film «De l'or pour les braves» avec Clint Eastwood et Donald Sutherland.
Philip Kerr est revenu, peu avant sa disparition en mars 2018, sur cet épisode épouvantable de l'histoire des Balkans avec un «L'offrande grecque», un polar en forme de testament.
On y retrouve son détective Bernie Gunther, un enquêteur berlinois auquel il aura fait traverser une bonne partie du XXe siècle depuis la Guerre d'Espagne, la prise du pouvoir par Hitler ou la campagne de Russie.
Un romancier faisant oeuvre d'historien
Nous sommes en Grèce, en 1957, au moment où, avec le Traité de Rome, se crée la Communauté européenne économique.
Dans une Europe qui panse encore ses plaies après les millions de morts et les dévastations de la Seconde guerre mondiale, Bernie Gunther opère désormais sous une fausse identité comme expert d'une compagnie d'assurance. Dévoré par le doute et la culpabilité, il doit se rendre à Athènes où un bateau appartenant à un ancien de la Wehrmacht a coulé.
Très vite, on retrouve le cadavre du plaisancier allemand assassiné de deux balles dans les yeux.
Pendant ce temps, le trésor des Juifs de Salonique refait surface et l'ombre d'Alois Brunner, le criminel de guerre nazi le plus recherché jusqu'au début des années 2000, plane sur l'enquête de Bernie Gunther.
Au fil de ses romans, Philip Kerr a toujours fait œuvre d'historien. On le redécouvre avec cet ultime polar qui a pour cadre une nouvelle Europe vraiment pas débarrassée des fantômes du passé.
Les nombreux Nazis amnistiés par Adenauer et le peu d'empressement de la Grèce à lever le voile sur le martyre des Juifs de Salonique suffisent à le prouver...
« L'offrande grecque », de Philip Kerr. Seuil. 22, 50 €
Source Le Progres
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