Le prince saoudien a reçu jeudi 1er novembre une délégation de personnalités évangéliques américaines, dont de fervents soutiens à Israël. Cette rencontre inédite s’inscrit dans le cadre des bonnes relations entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, en dépit d’un contexte actuel tendu autour de l’affaire Khashoggi.......Détails........
Dans l’un des pays les plus fermés au monde à la diversité religieuse, cette visite d’une délégation de personnalités américaines de la sphère évangélique a de quoi surprendre.
Le groupe, emmené par le spécialiste en stratégie de communication Joel Rosenberg, comptait notamment sur la présence de la députée Michele Bachmann, figure de l’évangélisme politique américain.
Soutien déclaré de l’État hébreu, elle porte les revendications des électeurs les plus à droite des milieux chrétiens, dans le droit fil de « l’évangélisme charismatique », décrit le pasteur Ivan Carluer, bon connaisseur des États-Unis. Cette ancienne candidate à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle américaine de 2012 est par ailleurs issue de la Oral Roberts University, dans l’Oklaoma, une des universités évangéliques les plus influentes.
Au programme de cette visite, un entretien de deux heures avec le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane (MBS), mais aussi une rencontre avec d’autres responsables saoudiens, comme le ministre des Affaires étrangères, l’ambassadeur aux États-Unis ou encore le secrétaire général de la Ligue islamique mondiale, Mohammed al-Issa.
Américains, chrétiens et sionistes
Parmi les autres membres de la délégation américaine figurait notamment Mike Evans, un journaliste se décrivant lui-même comme « un leader américain chrétien sioniste ».
Officiellement, l’Arabie saoudite ne reconnaît pas l’État d’Israël. Pourtant, à la faveur de leur opposition commune face à l’Iran, les deux pays tissent depuis plusieurs années des liens commerciaux et partagent des objectifs diplomatiques.
Ainsi, fin 2017, Riyad avait même suggéré aux Palestiniens d’abandonner l’idée de faire de Jérusalem-Est leur capitale, une idée rejetée par le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
Quelques mois plus tard, Donald Trump annonçait le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, reconnaissait de fait la ville comme capitale d’Israël, en contradiction ouverte avec le droit international.
Selon la presse américaine, plusieurs membres de la délégation, qui s’est également rendue aux Émirats arabes unis, ont également été des conseillers de Donald Trump sur les questions religieuses.
Contexte tendu
Cette visite s’est déroulée dans un contexte tendu pour l’Arabie saoudite, un mois après l’assassinat dans son consulat d’Istanbul (Turquie) du journaliste Jamal Khashoggi, collaborateur du journal américain The Washington Post. À la suite de cet événement, le ton était monté entre les États-Unis et le royaume.
Cet épisode a eu un effet très négatif sur l’image de l’Arabie saoudite, en dépit des nombreux signaux d’ouverture envoyés par MBS. En accueillant cette délégation, l’Arabie saoudite espère sans doute redorer son blason et montrer sa bonne foi à son allié américain.
Ce n’est pas la première fois que Riyad accueille des représentants chrétiens. En novembre 2017, le cardinal Béchara Raï avait effectué un déplacement inédit, le premier d’un responsable catholique de son niveau dans ce pays ultra-conservateur.
Au printemps 2018, c’était au tour du cardinal Jean-Louis Tauran, qui était alors président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.
Marie Malzac
Source La Croix
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