mercredi 18 avril 2018

Hitler en images, les ressorts de la propagande et Regards sur les ghettos


Deux expositions seront à découvrir au Pavillon Populaire du 27 juin au 16 septembre 2018, la première : « Regards sur les ghettos. » Photographies de propagande allemande et des photographes juifs des ghettos d’Europe orientale (Octobre 1939-août 1944).......Détails........

Exposition présentée par le Mémorial de la Shoah en 2013, sous la direction de Jacques Fredj, commissariat Sophie Nagiscarde et Marie-Edith Agostini, adaptée en 2018 pour le Pavillon Populaire, commissariat Alain Sayag et Sophie Nagiscarde.
Durant la Seconde Guerre mondiale, les ghettos créés par les nazis dans les villes d’Europe orientale attirent non seulement les photographes travaillant pour les services de propagande national-socialiste, mais aussi un certain nombre de « touristes » des troupes d’occupation.
Il convient donc de distinguer « photographies officielles », souvent mises en scène, et celles qui sont prises au «hasard».
Cependant, toutes baignent dans la même atmosphère, participant plus ou moins consciemment des mêmes stéréotypes.
Comme l’écrit le philologue Viktor Klemperer, le IIIe Reich parle « avec une effroyable homogénéité à travers toutes ses manifestations, à travers l’ostentation démesurée de ses édifices pompeux, à travers le type de ses soldats, SA et SS, qu’il fixait comme des figures idéales sur des affiches toujours différentes mais toujours semblables, à travers ses autoroutes et ses fosses communes », comme à travers la figure du juif stigmatisée et haïe.
Les photographes juifs, eux, essaient de restituer, malgré toutes les contraintes, l’image d’une société qui tente de préserver une certaine normalité. Dès septembre 1939, les juifs allemands ne peuvent plus posséder d’appareils photographiques, mesure étendue rapidement à tous les ghettos.
Les photographes travaillant pour l’administration juive, les « judenrat », reçoivent l’ordre de « ne prendre aucun cliché à des fins privées ». Mais pour les plus notables d’entre eux, comme George Kadish (1910-1997) ou Mendel Grossman (1913-1945), il s’agissait d’« une mission historique de communiquer des images de ces terribles évènements… aux générations à venir ». La diversité de l’ensemble photographique qui sera montré au Pavillon Populaire constitue ainsi un apport documentaire exceptionnel qui permet de mieux comprendre cette période dramatique.
Très tôt, Hitler n’hésita pas, à mettre en œuvre une politique de propagande destinée à embrigader les masses et à leur inculquer l’idéologie nazie. Utilisant à cet effet les médias, il fit de l’image, et en particulier de la photographie, moyen d’expression accessible à tous, une arme d’une efficacité redoutable. La photographie au service d’Hitler, donnant une image quasi mystique du chef et témoignant du caractère spectaculaire et grandiose des rassemblements organisés par le parti nazi.
Ami personnel et iconographe attitré d’Adolf Hitler, Heinrich Hoffmann (1885-1957) est un photographe allemand, ayant exercé sous le IIIe Reich. Comment cet homme, à travers son activité de photographe, a-t-il joué un rôle de premier plan dans la propagande du régime nazi ?

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C’est ce corpus considérable, que couvre les 23 ans de la vie politique d’Hitler, qu’Alain Sayag, entend analyser dans l’exposition du Pavillon Populaire.
Ce décryptage critique des photographies d’Hoffmann s’accompagne de textes de Johann Chapoutot et de Denis Peschanski, qui apporteront leur point de vue d’historiens du nazisme internationalement reconnus, sur la mise en place, par l’image, des mythologies entourant la personnalité et d’Adolf Hitler, et sur le rôle d’amplificateur qu’a pu jouer la photographie, dans la mise en scène du mythe du Führer.
Exposition à laquelle le Mémorial de la Shoah a apporté son soutien, que de démontrer en quoi les photographies d’Hoffmann et ses mises en scène d’Hitler ont été des outils au service de l’idéologie nazie.
Issu de la petite bourgeoisie, Hoffmann apprend son métier à Londres en 1907-1908, auprès d’un photographe portraitiste anglais renommé, Emil Otto Hoppé. De retour à Munich juste avant la Première Guerre mondiale, il fonde son propre studio tout en pratiquant le reportage. En avril 1920, il découvre et adhère au parti nazi.
En octobre 1922, il prétend avoir été contacté par une agence photographique américaine lui offrant 100 dollars pour une photo d’Adolf Hitler. Par l’intermédiaire du rédacteur en chef du Völkischer Beobachter, le quotidien nazi, il prend contact avec Hitler mais celui-ci refuse absolument qu’on le photographie.
Quand Hoffmann tente pour la première fois de le prendre en photo à l’issue d’un meeting, son appareil est saisi et le négatif est détruit. Ce n’est que lorsque le photographe indépendant Georg Pahl réussit à le photographier à Nuremberg qu’Hitler accepte enfin de poser pour Hoffmann et le désigne alors « photographe officiel ».
Heinrich Hoffmann fut non seulement le photographe d’Hitler de 1922 à 1945 mais il fut surtout un de ceux qui participèrent à un processus d’apprentissage aboutissant in fine à une propagande par l’image particulièrement élaborée. Leur proximité a conduit à la production de plusieurs milliers de portraits du Führer.
La Bayerische Staatsbibliothek de Munich, notamment, en compte plus de 12 000. La quasi-totalité des images historiques qui figurent aujourd’hui dans les manuels d’histoire sont dues à Heinrich Hoffmann, de la poignée de mains avec le maréchal Pétain à Montoire à la destruction de la chancellerie à Berlin. Ses photographies, Hoffmann les proposait non seulement à la presse allemande et internationale mais il les déclinait aussi sous la forme de cartes postales, de posters et d’albums illustrés, dont certains furent tirés à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires.
À partir de 1932, Hoffmann s’occupe de plus en plus de la propagande illustrée. Sa maison d’édition Heinrich Hoffmann. Verlag national-sozialistische Bilder occupe 300 collaborateurs.
La distribution des albums de photos au service du NSDAP lui font gagner bientôt des millions de Reichsmark. Devenu photographe officiel, Heinrich Hoffmann fait partie de l’entourage du dictateur dans la majorité de ses visites publiques.
Sa proximité avec le pouvoir lui permet même de se faire même élire député du Reichstag en janvier 1940. En octobre 1945, Heinrich Hoffmann est conduit à la prison du Tribunal de Nuremberg, où il doit classer les archives pour assurer les preuves destinées au procès des criminels de guerre. En janvier 1946, il fait l’objet d’une procédure de « dénazification » en tant que photographe personnel et ami proche de Hitler.
Il est classé dans la catégorie I des grands coupables. Cependant, il parvient à n’être condamné qu’à quatre ans de prison et à la confiscation de tous ses biens alors que le tribunal demandait dix ans. Après sa libération en 1950, il se réinstalle à Munich où il meurt sept ans plus tard.

Source Artsixmic
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