mardi 6 juin 2017

Israël avait prévu d’utiliser l’arme nucléaire en cas de débâcle militaire

 
 

«Opération Samson». Ainsi s’appelait le plan militaire le plus secret qu’ait élaboré l’état-major israélien dans le cadre de la préparation de la guerre des Six-Jours (du 5 au 11 juin 1967). Il consistait à faire exploser une bombe atomique en Egypte au cas où le sort des armes aurait été défavorable à Tsahal, l’armée de l’Etat hébreu......Détails........



L’affaire a été dévoilée il y a trois jours par le New York Times mais les chroniqueurs militaires de la presse israélienne en connaissaient déjà les tenants et aboutissants depuis le début des années 2000.
Sans pouvoir les dévoiler en raison de la censure militaire qui interdit de révéler des secrets d’Etat.
Surtout ceux relatifs au potentiel nucléaire de leur pays.
Tout a commencé en mai 1967, lorsque la guerre est devenue inévitable entre Israël et trois pays arabes réunis au sein d’un commandement militaire commun, l’Egypte, la Syrie et la Jordanie.
Contrairement à ce que l’on a souvent prétendu, le premier ministre travailliste de l’époque, Levi Eshkol, les membres du cabinet restreint de la sécurité et les militaires qui les entouraient ne voulaient pas ce conflit.
Ils redoutaient en effet de le voir tourner à une catastrophe militaire susceptible d’entraîner la disparition du «foyer national juif».

L’objectif était d’impressionner l’Egypte

Voilà pourquoi Levi Eshkol, que tout le monde présentait comme un indécis alors qu’il ne l’était pas, a ordonné à l’armée de se préparer à utiliser l’arme ultime. A l’époque, l’Etat hébreu ne disposait que de deux bombes A en tout et pour tout. Celles-ci n’étant pas miniaturisées, elles ne pouvaient pas être montées sur un chasseur-bombardier ou adaptées à une tête de missile.
L’opération Samson prévoyait donc que des commandos triés sur le volet transporteraient l’un de ces engins, baptisé «Acavish» (araignée), à bord de deux des hélicoptères Super Frelon de fabrication française dont Tsahal était alors équipée.
Et qu’ils le déposeraient sur un sommet du désert du Sinaï situé à douze kilomètres d’une base militaire égyptienne. Il s’agissait d’une mission suicide puisque les soldats étaient censés procéder à l’explosion manuelle de la bombe – sans possibilité de fuir – une fois reçu l’ordre transmis par le premier ministre en personne.
Levi Eshkol et les quelques généraux au courant du secret avaient fixé plusieurs conditions pour déclencher la tourmente nucléaire. D’abord, il fallait que la guerre tourne au net désavantage d’Israël.
Ensuite, que les armées égyptiennes aient commencé à envahir ce pays et que leurs colonnes de chars soient arrivées à Ashdod, une ville portuaire située à vingt-cinq kilomètres de Tel-Aviv.
Le plan voulait cependant éviter de causer des victimes, même si des poussières radioactives poussées par le vent se seraient sans doute déposées sur des villes égyptiennes et même sur celles du sud d’Israël.

En fait, l’explosion avait pour objectif d’impressionner l’Egypte afin de la contraindre à interrompre sa progression militaire et à négocier un cessez-le-feu.

Scénario de nouveau évoqué lors de la guerre du Kippour

Cinquante ans plus tard, on sait que la guerre des Six-Jours s’est déroulée autrement.
Mais en octobre 1973, lorsque l’Egypte et la Syrie ont déclenché la guerre du Kippour pour récupérer le Sinaï et le plateau du Golan conquis par Israël six ans plus tôt, les lignes de Tsahal ont été largement enfoncées.
Paniqué et en pleine dépression, Moshe Dayan, ministre de la Défense et héros de la guerre des Six-Jours, a alors demandé à la première ministre Golda Meir d’appliquer une version actualisée de l’opération Samson qui prévoyait le chargement de bombes sur des chasseurs-bombardiers frappés de l’étoile de David.
Mais le sort des armes a fini par tourner en faveur de l’Etat hébreu et l’idée de la frappe nucléaire a de nouveau été abandonnée.
Durant les années 1960-1970, le centre de recherche et de développement des nouvelles armes de Tsahal était dirigé par Itzkak Yaakov, alias «Yatza», un officier supérieur qui s’était ainsi retrouvé au cœur de la préparation de l’opération Samson.
Au soir de sa vie, cet ancien brigadier général a rédigé ses mémoires et c’est dans ce manuscrit distribué à quelques amis que se trouvent les informations relatives aux plans nucléaires secrets d’Israël.
Arrêté en 2001 et inculpé d’«espionnage aggravé» puis de «diffusion d’informations classifiées à l’étranger», Itzkak Yaakov a finalement été condamné à 2 ans de prison avec sursis pour «détention de documents classifiés».
Il est mort en 2013, à l’âge de 87 ans, en proclamant qu’il n’avait «jamais trahi» son pays.
Source Le temps
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