Il y a 28 ans jour pour jour, 50 Palestiniens et 18 Tunisiens tombaient sous des bombes israéliennes. Non pas à Ramallah, Gaza ou Naplouse mais à Hammam Chott, près de Tunis. Le 1er octobre 1985 au matin, plusieurs avions de chasse israéliens, accompagnés de deux Boeings 707 chargés du ravitaillement, décollent d’une base aérienne en Israël. Quelques heures et plus de 2.000 kilomètres plus tard, les appareils pénètrent dans l’espace aérien tunisien sans rencontrer de résistance. Ils procèdent directement à leur mission, baptisée "Opération jambe de bois”: le bombardement du quartier général de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), situé à Hammam Chott depuis son déplacement du Liban en 1982 suite à l’invasion israélienne.
Par un curieux hasard, Yasser Arafat assiste au même moment aux funérailles du ministre tunisien de la Défense de l'époque, Abdallah Farhat, échappant ainsi à la mort.
Les pertes sont cependant de taille: 68 morts, plus d’une centaine de blessés et plusieurs millions de dinars de dégâts matériels.
Les habitants de la ville racontent avoir entendu une grosse explosion puis quatre autres, de moindre ampleur. Les sirènes hurlent à Hammam Chott tandis que les victimes sont transférées à l'hôpital. Des trois villas en bord de mer qui servaient de quartier général à l'OLP, il ne reste plus que des ruines. Des morceaux d'acier tordu et des blocs de béton ont été propulsés à des centaines de mètres par les explosions, raconte le Los Angeles Times le jour-même.
Israël indique qu'il s'agit de représailles après l'assassinat de trois Israéliens à Larnaca (Chypre), attribué à des militants pro-palestiniens.
L'un des principaux enjeux, suite à l'attaque, était la position des Etats-Unis, allié fidèle de la Tunisie dans sa lutte pour l'indépendance. Habib Bourguiba, qui avait toujours œuvré pour un rapprochement avec la superpuissance américaine, se sentit trahi par son allié, qu’il soupçonnait d’avoir été mis dans la confidence de l’attaque et de l’avoir approuvée.
La première réaction de l’administration Reagan fut de qualifier l’agression israélienne de “réponse légitime au terrorisme”. Bourguiba fit alors part de sa "grande stupéfaction" puis convoqua l’ambassadeur des Etats-Unis en Tunisie pour le menacer d'une rupture des relations diplomatiques entre les deux pays si Washington opposait son veto à la résolution des Nations unies sur l'attaque.
Les Etats-Unis décidèrent finalement de s'abstenir lors du vote.
"Je crois que ce n'est plus un secret. Nous avions décidé de rompre les relations diplomatiques. Nous l'aurions fait si les Etats-Unis ne s'étaient pas abstenus", affirma Mahmoud Mestiri, le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères de l'époque.
La résolution onusienne du 4 octobre 1985 condamne l’attaque israélienne sur le territoire tunisien comme une violation flagrante de la Charte des Nations unies et accorde à la Tunisie le droit de demander des réparations.
Tunis peut considérer l'abstention américaine comme une victoire diplomatique. Mais la partie de la résolution relative aux réparations matérielles reste, jusqu’à aujourd’hui, lettre morte.
Source Huffpostmaghreb