lundi 28 octobre 2013

Les cinq chantiers qui attendent Karnit Flug à la Banque d’Israël


Le gouvernement a confirmé la nomination de Karnit Flug : la nouvelle “Gouverneure” de la Banque centrale n’aura pas droit à 100 jours de grâce. Ce sera le changement dans la continuité puisque Karnit Flug occupe, depuis plus de trois mois, le poste de gouverneur par intérim. En revanche, dans son nouveau rôle de “Gouverneure”, elle devra faire ses preuves sur d’importants dossiers. Cinq enjeux brûlants l’attendent : le shekel qui est trop fort, les taux d’intérêt qui sont trop bas, la bulle immobilière qui enfle, la pauvreté qui s’étend et la régulation financière qui cafouille.


SHÉKEL TROP FORT
La poursuite du renforcement du shekel face aux devises étrangères (dollar et euro) diminue la compétitivité des exportations israéliennes : les entreprises israéliennes sont obligées de baisser leurs prix pour conserver leurs débouchés à l’étranger. Le risque économique est de voir des pans entiers de l’industrie israélienne se trouver dans l’obligation de réduire leur production et de licencier du personnel, voire de délocaliser ailleurs; le plan de licenciement de Teva est le dernier exemple mais d’autres industries pourraient suivre.
Pour lutter contre l’appréciation du shekel, le nouveau Gouverneur disposera de plusieurs instruments : comme son prédécesseur, Karnit Flug pourra poursuivre l’achat massif de dollars pour soutenir son cours, mais c’est une mesure dont l’efficacité se réduit avec le temps. En revanche, la banque centrale pourrait adopter des mesures plus draconiennes, comme une taxe sur l’afflux des capitaux spéculatifs.

TAUX D’INTÉRÊT TROP BAS
Karnit Flug devra choisir entre inflation ou croissance : aujourd’hui, un taux d’intérêt faible (1%) permet de relancer la croissance économique, mais avec le risque latent d’un regain de l’inflation.
Comme Stanley Fisher, Karnit Flug préfèrera maintenir un taux directeur bas dans la mesure où actuellement, le taux d’inflation en Israël est quasiment nul. La politique des taux bas contribue aussi à freiner la réévaluation du shekel face au dollar. En revanche, un taux d’intérêt bas encourage les ménages à emprunter, notamment à contracter des prêts hypothécaires, d’où l’envolée des prix de l’immobilier.

PAUVRETÉ CHRONIQUE
Le nouveau gouverneur ne pourra reste indifférent face à l’ampleur de la pauvreté : un Israélien sur quatre vit déjà en dessous du seuil de la pauvreté, alors que 31% de la population israélienne risquent encore de sombrer dans la pauvreté.
La Dr. Flug devra convaincre le gouvernement que la lutte contre la pauvreté passe aussi bien par le relèvement des allocations sociales minimales, que par une meilleure intégration au marché du travail. D’ailleurs, Karnit Flug s’est souvent prononcée pour une meilleure intégration sur le marché du travail des deux groupes de population les plus pauvres: les juifs ultraorthodoxes et les arabes.

BULLE IMMOBILIÈRE
Les instruments monétaires pour lutter contre la flambée de l’immobilier ne sont plus suffisants. Le gouverneur devra inciter le gouvernement à davantage d’efforts pour augmenter l’offre de logements, comme la mise sur le marché de terrains à construire ou l’augmentation des incitations financières à l’accélération de la construction.

RÉGULATION DU MARCHÉ FINANCIER
En Israël, la régulation du marché financier est du ressort deux institutions : la Banque d’Israël (par l’intermédiaire du Contrôleur des Banques) et le ministère des Finances (par le biais du Contrôleur de l’Assurance). Une refonte des prérogatives de chacun, voire la création d’une seule institution de régulation, permettraient de remettre un peu d’ordre sur un marché qui perd de son efficacité.
Les enjeux sont donc de taille : ils concernent l’avenir de l’économie israélienne, la compétitivité de son industrie et le niveau de vie de tous les Israéliens. Mais aujourd’hui, beaucoup d’observateurs se demandent si Karnit Flug saura, comme Stanley Fischer, jouer un rôle de « ministre des affaires étrangères de l’économie israélienne » ; le comportement futur des investisseurs étrangers à la Bourse de Tel Aviv nous le dira.

Source Israel Valley