Selon la Banque centrale d'Israël et le Bureau central des statistiques du pays, la décennie qui s'est écoulée à vu s'accélérer le mouvement de la population israélienne des régions périphériques vers le centre.
Le centre, c'est-à-dire la "grande" région de Tel Aviv, qui s'étend de plus en plus; à tel point que les experts prédisent que 80% de la population israélienne pourrait y être concentrée dès 2025.
Au cours des dix dernières années, cette région a été la seule à avoir un solde positif en migration de populations, aux dépens du nord et du sud du pays, qui elles, ont vu leur population diminuer.
Selon Arnon Soffer, professeur de géographie et de sciences environnementales à l'université de Haïfa, "les chiffres montrent que les juifs quittent la Galilée".
" En 2025, quatre vint pour cent de la population pourrait vivre dans un "Grand Tel Aviv", une zone délimitée par Hadera, Gedera et Modi'in" poursuit-il.
Le développement des voies rapide repousse sans cesse les limites de la périphérie de la ville.
Environ un demi millions d'israéliens, essentiellement des jeunes ou des jeunes couples, déménagent chaque année; pour la plupart, ils se fixent à la périphérie (même élargie) de Tel Aviv.
Cette aptitude au mouvement – qui diminue avec l'âge – tient à la fois à l'emploi, et beaucoup au logement (alors que les baux d'habitation ne sont généralement établis que pour une seule année, favorisant la mobilité), mais aussi à la recherche de bonnes structures éducatives (tant le niveau est inégal) pour de jeunes enfants.
Il n'est pas rare de voir des familles déménager pour fuir un mauvais établissement scolaire.
Quelle que soit la raison, de tels mouvements de populations vont à terme gravement affecter la démographie de villes moyennes. Beth Shemesh, Rosh Hayin, mais aussi de nombreux kibboutzims de la région (qui voyaient leur population décliner depuis plusieurs années) subissent de considérables changements sous l'afflux de nouveaux arrivants.
Alors que ceux, parmi les plus riches, migrent vers des zones d'habitations plus rurales, les mouvements migratoires du reste de la population montrent que presque toutes les villes de plus de 200 000 habitants ont perdu une part de leur population.
Tout se passe comme si le "rêve israélien" avait basculé : les jeunes rêvent d'une maison avec un jardin dans une ville de la banlieue de Tel Aviv quand les discours officiels parlent encore de peuplement du Néguev et de la Galilée.
L'autre enseignement des statistiques est l'absence de mixité des zones d'habitation : absence de mixité religieuse, mais surtout absence de mixité sociale.
Certains quartiers sont construits et regroupent le même type d'habitants : même âge, même catégorie socio professionnelle, même mode de vie (tels Ramat Poleg, dans la banlieue de Netanya, ou les nouveaux quartiers de Rehovot), un phénomène nouveau en Israël qui voit émerger des "ilots" sans continuum urbain ou social. Mais une volonté des classes émergentes de la population.
Ce cloisonnement n'a plus rien à voir avec ce que l'on a pu observer suite aux vagues d'immigration et aux concentrations d'originaires : Netanya avec les immigrants venus d'Allemagne, Yavneh avec ceux du Maroc, Yafo avec les bulgares.
Yavneh, par exemple, a déjà subi un changement radical dans sa population avec l'arrivée de "cols blancs" mais surtout de militaires de carrière; ce phénomène se prolonge et la ville aura bientôt doublé sa population.
Dans un autre registre, Beit Shemesh, à l'origine une ville laïque, a connu depuis plusieurs années un afflux de nouveaux immigrants orthodoxes – au point que certains quartiers ne sont plus accessibles aux familles laïques.
Alors que ces flux migratoires n'ont longtemps concerné que la population juive d'Israël, la population arabe israélienne – attachée à ses villes et villages – lui a maintenant emboîté le pas.
En Galilée, la raison essentielle en est la faiblesse de nouvelles offres d'habitation dans les villes arabes (les maisons, prévues pour des familles nombreuses, sur plusieurs étages, ne peuvent plus accueillir de jeunes couples supplémentaires), et les permis de construire sont attribués en nombre insuffisant.
Les migrations s'effectuent souvent, et en masse, vers des villes mixtes : Acco (Saint Jean d'Acre), Carmiel, ou Maalot-Tarshsiha.
Elles sont aussi dues à l'accroissement du nombre de jeunes arabes qui effectuent des études universitaires et doivent se rapprocher, pour leur emploi, des grands centres urbains.
Les arabes – chrétiens et musulmans - de Nazareth et des villages avoisinants ont également tendance à migrer vers Jérusalem, à la recherche de modernité ou de meilleures écoles.
Ces mouvements migratoires pourraient être à l'origine d'importantes tensions ethniques ou sociales : elles sont déjà survenues à Jérusalem entre laïcs et orthodoxes, mais aussi à Ramat Aviv, de tradition laïque, à l'encontre d'un afflux de familles orthodoxes, ou encore à Yaffo –alors que les prix de l'immobilier à Tel Aviv poussent des familles juives à s'y installer, provoquant des tensions avec la population arabe de la ville qui dénonce la flambée des prix induite.
Source Israel Infos