mercredi 2 janvier 2019

Condamner les dérives antisémites, c'est protéger les droits de tous

 
Personne ne peut rester insensible au combat de femmes et d'hommes qui se lèvent pour dire leur envie d'être respectés et de ne plus vouloir que chaque fin de mois soit un parcours du combattant pour vivre dignement. Lorsque l'on déplore des dérives antisémites au sein de rassemblements des "gilets jaunes", ce n'est pas l'ensemble du mouvement que l'on condamne......Analyse........

En revanche pointer du doigt, d'où qu'ils viennent, les discours antidémocratiques qui s'en prennent aussi bien aux Juifs qu'à la représentation nationale, aux policiers et à l'ensemble des institutions républicaines, est un devoir.
Je suis juive, allemande, née de parents roumains, qui avaient d'abord souffert du nazisme avant de fuir le communisme. J'ai sous la peau les stigmates pavloviens de la colère incontrôlable des peuples. J'ai grandi avec le mantra du "plus jamais ça".
En choisissant de diriger la branche européenne d'AJC, la plus ancienne association juive (1906) dont la vocation ne s'est jamais arrêtée à la défense des Juifs mais à la promotion des Droits de l'Homme, des valeurs démocratiques et de la dignité humaine partout dans le monde, j'ai toujours fait partie de ces "vigilants".
J'ai voulu être de celles et ceux qui mènent un combat universaliste contre tous les extrêmes et toutes les idéologies racistes, sexistes, homophobes et, bien sûr antisémites.
"Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l'oreille, on parle de vous", disait Frantz Fanon.
L'Histoire a maintes fois prouvé que les Juifs incarnaient le fameux "canari dans la mine de charbon", que les mineurs descendaient avec eux, et qui, lorsqu'il cessait de chanter, laissait présager un coup de grisou. La mine était alors évacuée précipitamment.
De la même façon, la situation des Juifs dans la société dans laquelle ils vivent est généralement un bon indicateur de la santé plus générale de cette société.
Et pourtant, les Français juifs étaient bien seuls au début des années 2000 à dénoncer l'antisémitisme: des élèves agressés dans leurs établissements, des hommes attaqués parce qu'ils portaient une kippa, des commerces juifs vandalisés...
Je venais d'arriver en France et je me souviens de leur sentiment d'abandon face au déni d'une écrasante majorité des personnalités politiques et des médias sur ce que l'on a appelé le "nouvel antisémitisme".
L'impossibilité de nommer le mal: celui d'un antisémitisme issu d'une partie de la communauté musulmane, déjà gangrenée par l'islamisme.
Avait-on le droit de dénoncer un antisémitisme émanant d'une communauté qui souffrait déjà elle-même de racisme ? Les pouvoirs publics se hasardaient à parler d'"affrontements intercommunautaires" et d'"importation du conflit". Bref, des "heurts" qui ne concernaient que les intéressés eux-mêmes, mais pas (ou peu) la République.
Depuis, il y a eu la séquestration et le meurtre d'Ilan Halimi, il y a eu l'assassinat des enfants juifs de Toulouse, il y a eu l'attentat de l'Hypercacher, le meurtre de Sarah Halimi et de Mireille Knoll tués dans notre pays simplement parce qu'ils étaient Juifs.
Et il y a eu tant d'autres attentats contre des Français, tout simplement parce qu'ils étaient attablés à la terrasse d'un café, parce qu'ils étaient venu écouter de la musique à un concert, parce qu'ils célébraient le 14 juillet ou allaient au marché de Noël, parce qu'ils étaient policiers, soldats, "apostats".
Alors face aux graves dérives constatées ces dernières semaines, doit-on se taire comme l'on s'est tu durant des années sur la montée du "nouvel antisémitisme" ou de l'islamisme dans notre pays en relativisant ou en minimisant?
Les accommodements, les concessions n'ont jamais mené qu'à des réveils brutaux et douloureux.
En matière de lutte contre l'antisémitisme, il ne devrait y avoir qu'une constante: le dénoncer et le combattre d'où qu'il vienne.
Chaque jour et plus que jamais il est du devoir des "vigilants" d'alerter les pouvoirs publics sur la résurgence permanente de ce mal.
Cela reste un combat tant les tentations de le minimiser restent fortes dans des pans entiers du territoire où les responsables politiques et médiatiques préfèrent condamner l'antisémitisme uniquement lorsqu'il concerne "le camp d'en face", ou le relativiser (voir le nier) lorsqu'il met en danger leur propre camp.
Même si nous avons compris que l'antisémitisme est un mal chronique, et que nous sommes condamnés à jouer les Sisyphe...Nous ne voulons pas revenir vingt ans en arrière tant la fièvre populiste est élevée.
Alors nous avons le choix. Accepter de fermer les yeux et se préparer demain à les rouvrir douloureusement lorsque l'on s'apercevra que l'on a fait le cadeau du réel aux extrémistes ou tenir une position républicaine dans laquelle la critique légitime de tout gouvernement et de tout mouvement politique ne peut se confondre avec des discours de haine contre les minorités quelles qu'elles soient.
En somme, le choix du déni ou de la raison.
 
Source HuffingtonPost
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