Un coiffeur pour la Première dame tient-il d’un service essentiel ? Le patron des services de renseignement peut-il inviter sa famille à dîner en plein confinement ? En Israël, les violations des mesures anti-coronavirus par de hauts responsables consternent la presse et une partie de la population.......Décryptage........
L’État hébreu, qui a enregistré l’un des plus forts taux de contamination au coronavirus depuis septembre, a imposé un confinement général il y a près de trois semaines, en vertu duquel les Israéliens doivent rester dans un périmètre d’un kilomètre autour de chez eux et ne peuvent dormir qu’à leur domicile.
Seuls les secteurs d’activité jugés « essentiels » sont autorisés à fonctionner, les synagogues sont fermées et les prières en extérieur limitées à vingt personnes et à moins d’un kilomètre du domicile, tout comme les manifestations.
Après leur visite mi-septembre à Washington pour la signature d’un accord de normalisation des relations entre Israël et les Émirats arabes unis et Bahreïn, des membres de l’équipe du Premier ministre Benjamin Netanyahu ne se sont pas placés en quarantaine comme le veut pourtant le protocole israélien concernant les retours des États-Unis.
Ces conseillers de Netanyahu, filmés à l’extérieur en train de documenter des manifestations contre le gouvernement, ont été condamnés à payer une amende de 5 000 shekels (environ 1 250 euros).
Désormais c’est son épouse Sara Netanyahu qui est la cible de critiques. Selon le Yediot Aharonoth, le quotidien le plus vendu dans le pays, elle a fait venir la semaine dernière un coiffeur à la résidence officielle du couple alors qu’il ne s’agit pas d’une activité « essentielle » et que tous les salons de coiffure du pays sont normalement fermés pour cause de confinement national. L’histoire n’en est pas restée là.
Dans un communiqué de son porte-parole, la famille Netanyahu s’est défendue en soutenant que la Première dame avait fait appel au coiffeur pour enregistrer une vidéo appelant la population à porter des masques sanitaires.
La ministre de l’Environnement, et membre du parti Likoud de Netanyahu, Gila Gamliel a été épinglée par la presse pour avoir « dissimulé » des déplacements dans sa belle-famille lorsqu’elle a été testée positive au Covid-19 quelques jours plus tard.
Et la radio publique a affirmé que Nadav Argaman, directeur de l’agence de sécurité intérieure Shin Beth – chargée notamment de traquer les violations du confinement via les téléphones portables – avait lui-même enfreint le règlement en accueillant des parents chez lui pendant la fête juive de Souccot.
« Une fois de plus, il s’avère que les règles qui s’appliquent aux citoyens israéliens ne s’appliquent pas au cercle du Premier ministre et à ses collaborateurs », s’indignent mercredi les commentateurs politiques dans le Yediot Aharonoth.
Pour Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l’Open University de Tel-Aviv, « les transgressions des politiciens justifient les propres déviations de chacun ».
« Alors que les libertés individuelles sont entravées par le confinement imposé par le gouvernement, elles sont inefficaces si les dirigeants ne les respectent pas », estime le professeur. « L’impunité dont bénéficient en général ces politiciens renforce la défiance du public face aux autorités ».
Le député Micky Levy (Yesh Atid, opposition) a toutefois démissionné de la commission parlementaire sur le coronavirus après des informations de presse selon lesquelles il avait passé la fête juive de Souccot chez son fils.
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