Des progrès sur les connaissances historiques
Quelque 80% des sondés disent avoir acquis des connaissances sur le génocide des juifs à l'école, pendant les cours. Ils sont 33% à citer les films ou les livres, et 14% les musées ou le cadre familial.
“On peut se féliciter des progrès faits au sein de la société sur la connaissance de la Shoah”, commente Noémie Madar, présidente de l’UEJF contactée par franceinfo. Quelque 68% des jeunes sondés assurent connaître la rafle du Vel' d'Hiv, contre 58% dans une autre enquête menée en 2012 dans toutes les catégories d'âge.
Pour autant, les cours ne se passent pas toujours dans de bonnes conditions. Remise en cause de certains aspects du génocide (évoquée par 21% des jeunes interrogés), refus de cet enseignement (13%)... Quelque 11% des sondés affirment même que le professeur d'histoire est dans l'impossibilité d'enseigner cette période de l'histoire.
“Lors d’interventions dans des classes, nous avons déjà été confrontés à des propos très virulents d’élèves, commente Noémie Madar. Quand ils sont confrontés à cet antisémitisme du quotidien, on imagine mal comment des élèves juifs peuvent rester dans ces classes.”
Des interrogations sur la place des autres crimes et génocides
La question de la concurrence victimaire affleure également au cours de l'enquête.
Dans l'absolu, 11% des jeunes interrogés estiment que la Shoah est trop enseignée dans les programmes scolaires (64% suffisamment). Mais ils sont 42% à penser que "la Shoah est trop abordée dans les programmes scolaires au détriment d’autres aspects historiques tels que la guerre d’Algérie ou la traite négrière".
Ce sentiment s'exprime davantage chez les sympathisants de la France insoumise (60%) et chez les jeunes se présentant comme musulmans (73%).
Une telle idée, qui repose sur un modèle de vases communicants, entraîne selon Noémie Madar, des "conséquences chez d'autres personnes qui revendiquent [la mémoire] d'autres crimes".
Selon elle, ce n'est donc "pas tant la Shoah en tant que telle qui fait débat, puisque la majorité des sondés la reconnaissent comme un crime monstrueux et estiment qu'elle doit être enseignée. La plupart des résultats sont d'ailleurs élevés."
En revanche, la situation diffère quand il s'agit de relativiser le génocide, sur fond de concurrence des mémoires.
Des propos négationnistes disponibles sur la toile
Le sondage dévoile également l'influence des propos négationnistes sur les plateformes de vidéos en ligne et les réseaux sociaux. Ainsi, près d'un jeune interrogé sur trois (29%) affirme avoir déjà lu ou visionné un contenu remettant en cause l'existence de la Shoah (avec un pic chez les sympathisants du RN, 52%).
Au sein de ce panel déjà exposé au révisionnisme, plus de la moitié (57%) des sondés disent avoir consulté une ou plusieurs vidéos sur YouTube, 40% sur Facebook, 14% sur Instagram et 11% sur un site internet.
Autre enseignement de l'enquête : les propos négationnistes ne font pas l'objet d'un consensus, loin de là. Quelque 65% des sondés se sentent plus proches de l'affirmation selon laquelle les propos négationnistes "doivent être considérés comme des délits et être sanctionnés pénalement".
A l'inverse, 35% des jeunes interrogés penchent davantage pour l'affirmation selon laquelle les propos négationnistes "relèvent de la liberté d'expression" et doivent en conséquence "être considérés comme des opinions politiques". Une tendance inquiétante aux yeux de Noémie Madar.
Si "le propre d’une opinion politique est d’être remise en cause et débattue", il n'en va pas de même pour les faits historiques, souligne-t-elle : "On ne pense pas à remettre en cause la prise de la Bastille."
L’enquête a été menée du 4 au 9 septembre par questionnaire auto-administré auprès d’un échantillon de 802 personnes, représentatif de la population française âgée de 15 à 24 ans.
Source France TV Info
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