Devant 200 médias du monde entier, celui qui prononce ces mots lors d'une cérémonie officielle au ministère de l'Intérieur c'est Lassana Bathily, un jeune Malien de 24 ans.
Quelques jours plus tôt, ce sans-papier n'était encore qu'un obscur manutentionnaire, employé à l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes. Mais ce matin du 9 janvier 2015, son destin va basculer.
Ce jour-là, Amédy Coulibaly prend en otages dix-sept clients du magasin. Lourdement armé, il en tue quatre.
Comprenant rapidement l'ampleur du drame qui se joue, Lassana Bathily parvient à dissimuler six personnes, dont un bébé, dans la chambre froide située au sous-sol du magasin.
Lassana est musulman, les clients sont juifs. Son courage leur sauve la vie. Une bravoure qui se poursuit. L'employé parvient à sortir de l'Hyper Cacher grâce à un monte-charge et une sortie de secours. Il rejoint les policiers et les informe de la présence des otages au sous-sol.
Ses précieuses informations sur la configuration du magasin et la fourniture des clés du volet automatique leur serviront pour l'assaut final.
En quelques jours ce jeune sans-papier, qui vit depuis 10 ans en France, devient "le héros de la porte de Vincennes" et celui d'une Nation toute entière. Rapidement, un élan de solidarité s'organise sur les réseaux. On demande sa naturalisation.
Ce sera chose faite ce 20 janvier 2015 dans les salons du ministère de l'intérieur, en présence du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et du Premier ministre Manuel Valls.
Il lui souhaite la bienvenue en France et lui remet officiellement son passeport français : "Cher compatriote, Cher Lassana, nous donnons ce soir avec cette salle l'une des plus belles images de notre pays".
Parmi les centaines d'invités, la famille, des amis, des élus et des associations. Dans la salle des fêtes émue, le jeune homme remercie "tous ceux qui m'ont fait confiance."
Dans sa déclaration, le héros du jour n'oublie pas ceux qui sont tombés sous les balles de Coulibaly, comme son collègue Yohan Cohen à qui il rend un vibrant hommage : "J'ai perdu quelqu'un que j'aimais beaucoup. On aimait rigoler ensemble. Dès le début, on s'entendait bien. Avec Yohan on se taquinait tout le temps. On s’appelait "boss-boss", sans nos prénoms."
Et de conclure humblement : "les gens me prennent pour un héros mais je ne suis pas un héros.
Pour moi, je resterai Lassana, je resterai moi-même."
A la sortie de la cérémonie, cousins et amis sont fiers. Abderahman Bathily évoque l'admiration qu'il porte à son cousin : "il a toujours beaucoup fait pour moi et quand je vois ce qu'il a fait maintenant !", Moriké Bathily insiste sur son son acte de bravoure : "tout le monde avait le souffle coupé ce jour-là." Mais décrit surtout son émotion : "je sais sa traversée.
Le chemin a été long pour lui." et Djibril Soumare, président du club de football de Lassana Bathily, "le monde entier a salué son acte de bravoure et c'est à juste titre qu'il soit récompensé…"
Arrivé en France à 16 ans, il était en attente de naturalisation depuis juin 2015.
Source INA
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