Dans l'avion qui le ramenait jeudi d'Israël, où il participait à la commémoration du 75e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, le chef de l'Etat s'est dit convaincu que la France devait revisiter la mémoire de la guerre d'Algérie (1954-1962) pour mettre un terme au « conflit mémoriel » qui « rend la chose très dure en France ».
« Je suis très lucide sur les défis que j'ai devant moi d'un point de vue mémoriel, et qui sont politiques.
La guerre d'Algérie est sans doute le plus dramatique. Je le sais depuis ma campagne. Il est là, et je pense qu'il a à peu près le même statut que la Shoah pour Chirac en 1995 », a-t-il ajouté, devant trois journalistes du Monde, du Figaro et de Radio J.
Le candidat Macron avait créé la polémique pendant sa campagne à la présidentielle 2017 en qualifiant la colonisation de « crime contre l'Humanité ».
« Indécence absolue »
« C'est de l'indécence. Après avoir qualifié la colonisation de crime contre l'humanité, il fait l'amalgame entre la guerre d'Algérie et le pire génocide de l'histoire humaine! », s'est ému samedi le chef de file des sénateurs LR, Bruno Retailleau, dans le Figaro, en dénonçant une « double offense » : pour « les soldats français qui ont combattu en Afrique du Nord et qui se voient assimilés aux bourreaux de la pire espèce » et pour « les victimes de la Shoah puisque cet insupportable rapprochement revient à relativiser la monstruosité qu'a été l'Holocauste ».
« Indécence absolue. Ces propos sont à la fois une folie pour l'histoire et la mémoire, et une bombe à retardement pour notre avenir », a abondé l'eurodéputé LR François-Xavier Bellamy sur Twitter.
« Comparer la Shoah à la guerre d'Algérie est obscène. Emmanuel Macron est en pleine dérive », a pour sa part estimé la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen.
L'Elysée a, dans la foulée, voulu préciser ses propos, affirmant que la Shoah était « le crime absolu qui ne peut être comparé à aucun autre », rapporte Le Figaro.
« Le président a réaffirmé l'unicité de la Shoah : elle est indiscutable », a également ajouté un des conseillers du président, cité par le journal. Emmanuel Macron explique avoir fait ce lien car ces deux « sujets mémoriels » « sont au cœur de la vie des nations ».
Depuis le début de son quinquennat, le chef de l'Etat, né bien après la fin de la guerre d'Algérie, a déjà entrepris plusieurs incursions sur ce terrain historique si sensible, en honorant les harkis ou en reconnaissant que Maurice Audin, mathématicien pro-indépendance disparu en 1957, était bien « mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France ».
Dans l'avion le ramenant d'Israël, Emmanuel Macron a regretté que seuls les historiens aient pu à ce jour travailler sur le sujet.
« On n'en a pas parlé, on a écrasé. […] Il n'y a pas eu un travail politique mémoriel », a-t-il dit, tout en admettant ne pas avoir « la réponse » pour y parvenir, admettant « tourner autour ».
Source Le Parisien
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