Josyane Savigneau, biographe et journaliste francaise, tente de justifier l'immonde et lorsque une Mme Rozenberg lui fait remarquer qu'il s'agit de pédophylie, Savigneau lui répond : « Votre nom aurait dû vous inciter à plus de réflexion sur les dénonciations. »......Détails.......
Certains se souviennent peut-être de Josyane Savigneau, qui jadis, in illo tempore, régnait sur le supplément littéraire du « Monde » avec toute la mansuétude et la gaîté primesautière du regretté Brejnev. Pour les plus jeunes, l’actualité me donne l’occasion d’un rappel de cette rude époque. La maison Savigneau, donc, était justement réputée pour ses spécialités. En vitrine, sucreries patelines, grisaille de bon ton, délices du politiquement correct (le tout garanti sans une once de talent, pour ceux qui auraient du mal à le digérer). Dans l’arrière-cuisine, en revanche, on mijotait coups tordus, copinage et réseaux, insultes et diffamation.
L’actionnaire principal était un certain Sollers, un gros notable à qui la maison réservait ses plus belles pièces.
J’ai déjà raconté moult fois comment j’avais eu le privilège de goûter les douceurs de la maison. Je ne redirai donc pas que Mme Savigneau a exprimé devant mon éditeur le souhait ardent que je crève de la tuberculose, car j’étais un « pédé venimeux », je ne redirai pas non plus qu’elle s’est adressée à la bonne maison Gallimard (que sa prospérité croisse et s’épanouisse) pour exiger le licenciement immédiat d’un homme qui avait eu l’immense tort de présider une table ronde à laquelle j’étais présent, j’en passe et de tout aussi goûtues. (Ce qui précède est un superbe spécimen de prétérition, si je ne m’abuse.) Plus récemment, comme une dame, membre du comité de lecture chez Gallimard, avait eu le mauvais goût d’y donner un avis positif sur le livre où j’évoque la mort de mon fils, elle lui a passé un savon soigné.
Souvenez-vous encore de ces temps obscurs où Eric Chevillard, dans son feuilleton du même « Monde des livres », émettait quelques réserves polies, oh, à peine un léger bémol, sur le dernier Modiano.
Que n’avait-il pas osé ! Quoi ? Ne pas béer d’admiration à chaque livre de notre grrrand écrivain ? Sacrilège ! Blasphème !
Et le sympathique Pierre Bergé de le traiter de crétin envieux, et la non moins sympathique Savigneau, emboîtant le pas à son ami Bergé, d’asséner : « La liberté de la critique suppose qu’on lise et parle du livre, pas qu’on règle des comptes avec un homme avec mépris. »
La phrase n’avait rien à voir avec ce qu’avait écrit Chevillard. Curieusement, ce qu’écrit Savigneau a rarement à voir avec ce dont elle parle, mais semble toujours dresser son autoportrait. « Régler des comptes avec mépris » est un excellent condensé de sa pensée critique.
Ses choix littéraires, d’ailleurs, parlent pour elle. Lorsqu’elle n’était pas occupée à s’extasier devant les créatures de son commanditaire Sollers, elle publiait des dithyrambes à la gloire de l’indispensable Justine Lévy, de l’immortel Marc Levy, sans parler d’Alexandre Jardin, Katherine Pancol ou Christine Angot. Un goût très sûr.
Si Josyane Savigneau n’existait pas, il faudrait l’inventer. Sans elle, la vie littéraire n’aurait plus la même saveur. Il nous manquerait le croquemitaine de la légende, avec lequel on fait peur aux petits enfants. Car elle n’en rate pas une.
Chaque fois qu’il y a une bêtise à écrire, une perfidie à distiller, un mensonge à répandre, bravement, elle se porte volontaire. Mais là, mesdames et messieurs, je crois qu’elle vient de réaliser son chef d’œuvre, un véritable monument, que je m’en vais dévoiler, sous vos applaudissements.
Mme Savigneau, sur son compte twitter, déplore, à propos de Gabriel Matzneff, une « chasse aux sorcières », ainsi que la « moraline » qui sévit dans les Lettres. Bien. On a déjà une complète confusion.
Il ne faut pas, en effet, interdire Matzneff d’écrire, de publier, de s’exprimer, ou alors interdisons Sade, Apollinaire, Genet et bien d’autres. Gide et Wilde faisaient au Maghreb la même chose que Matzneff aux Philippines. C’est humainement peu ragoûtant, mais pas une raison pour les censurer. Et c’est pourquoi je suis foncièrement opposé à la décision de Gallimard de cesser de publier le journal de Matzneff.
La littérature nous donne accès à toutes les possibilités éthiques, à la relation intime d’un être avec ses choix, que nous les jugions bons ou mauvais. C’est pour cela qu’elle a beaucoup à nous apprendre.
Sinon il faut se limiter à la comtesse de Ségur. Interdire, censurer au nom du Bien et de la morale, c’est en effet ce vers quoi tendent certains groupes de pression liberticides dont j’ai parlé ici naguère. Mais si Matzneff est un délinquant sexuel, et qu’il a commis des actes punissables par la loi, il doit passer en justice, et c’est tout. Rien à voir de la « moraline ». A moins que condamner un délinquant soit de la moraline. Qu’il s’exprime librement, mais qu’il rende compte de ses actes.
Des gangsters ont publié des livres pour raconter leurs exploits, leurs braquages, leurs évasions. Il serait stupide d’interdire leurs livres, mais tout aussi stupide de penser qu’ils ne méritaient pas la prison pour autant.
Vanessa Springora : « J’ai été la proie de Gabriel Matzneff. J’avais 14 ans »
A ce propos, je trouve en effet assez hypocrite que la justice ne s’en prenne que maintenant à Matzneff, que le ministre se réveille, que le CNL s’avise tout à coup de lui enlever l’aide qui lui était allouée, alors qu’on connaît ses activités pédophiles depuis des décennies.
Pourquoi ce qui était déjà un crime en 1985 n’est-il pris en compte qu’aujourd’hui ?
Parce que c’est l’importance du battage médiatique qui semble emporter les décisions vertueuses, pas les simples faits. Il faut dire aussi qu’à l’époque il y avait le terrorisme intellectuel des Sollers et Savigneau, qui protégeait férocement ce genre d’individu.
Mme Savigneau en a fait l’éloge dans un article intitulé « l’homme qui aimait l’amour » (en effet !). Et comme Denise Bombardier était la seule, courageusement, à dénoncer ses agissements, Mme Savigneau la dézinguait, tandis que Sollers l’insultait.
Et elle remet ça ! Elle est toujours du même avis, car, selon elle, Matzneff « sait écrire » et Bombardier, c’est une « purge ». Au vu de ses goûts littéraires on peut douter de la pertinence et surtout de l’honnêteté des jugements de Mme Savigneau.
Cela dit, la piètre qualité des écrits de Mme Bombardier a été démontrée avec humour par Eric Chevillard. Bon. Et alors ? Bien écrire donne le droit d’enculer des gamins de dix ans ? C’est ça ? L’artiste est justifié de tout ? C’est toujours le même gloubi-boulga mental et éthique. Le jugement sur l’œuvre est une chose. Le jugement sur l’homme une autre.
Le fait de condamner Polanski ou Spacey comme citoyens (s’ils sont coupables, évidemment) ne doit pas entraîner que l’on boycotte leurs films. Si un grand écrivain tue sa femme, il doit aller en prison. Il reste un grand écrivain, mais l’homme doit payer, comme tout le monde, comme les gens ordinaires qui n’ont pas la chance d’être de grands écrivains.
Mais elle ne s’arrête pas là ! Ah mais non ! La maison Savigneau ne recule devant rien. Toujours plus loin dans la bêtise et l’abjection, c’est sa marque de fabrique.
Il fallait bien que le nazisme débarque dans cette affaire, on peut faire confiance à Mme Savigneau. Car « dénoncer » (Matzneff) ressemble à ce qui se faisait « à la pire époque de la deuxième guerre mondiale », s’indigne-t-elle sur son compte twitter. Une femme lui reproche cette forme assez incongrue de soutien à Matzneff.
Or, attention, c’est là que ça devient étonnant, roulements de tambours, cette femme s’appelle Rozenberg. Une juive ! Que lui réplique Savigneau ? « Votre nom aurait dû vous inciter à plus de réflexion sur les dénonciations. »
Je crois qu’ici, un moment de silence s’impose, on atteint des sommets.
Mme Rozenberg est juive, mais elle n’a rien compris.
Les juifs ont été dénoncés, donc ils ne devraient pas dénoncer à leur tour.
On admirera d’abord la dégueulasserie sidérale qui consiste à chercher à culpabiliser une personne juive en lui disant qu’elle reproduit les comportements qui ont conduit à l’extermination des juifs.
On appréciera aussi à sa juste valeur la petite escroquerie intellectuelle qui consiste à jouer de la confusion de sens entre « dénoncer », c’est-à-dire livrer à la police, en l’occurrence des victimes innocentes, et « dénoncer », c’est-à-dire condamner, critiquer, les agissements d’un personnage dont c’est, à l’inverse, la culpabilité qui a été étouffée pendant des années.
Enfin, on ne manquera pas de goûter le procédé classique du terrorisme intellectuel qui fait référence aux nazis et à la shoah pour intimider l’adversaire.
Mme Savigneau est une vieille routière de ce système, toutes les causes lui sont bonnes à exploiter à son profit, et quand on la critique, c’est parce qu’elle est une femme, of course. Pour quelle autre raison ?
Par Pierre Jourde
Total respect.
Source L'Obs
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