Patrick Weber, professeur de lettres-histoire au lycée des Alpilles, mène un projet pédagogique intéressant, avec le soutien du Conseil régional et du proviseur de l'établissement : il amène ses élèves sur les traces d'Albert Veissid, ancien déporté, qui est passé dans un camp de travail situé à Miramas......Détails.......
"La déportation est dans le programme, je me suis rapproché des archives municipales qui m'ont communiqué des éléments sur les souvenirs d'un déporté, nous avons décidé de suivre son parcours dans le cadre d'un projet Mémoire et Citoyenneté, commente l'enseignant.
La finalité du projet est d'amener les lycéens à Auschwitz, mais avant, il a fallu nous imprégner de cette période douloureuse pour bien comprendre la Shoah".
Ce mot hébreu signifie "catastrophe" et il désigne spécifiquement l'organisation par l'État, par le régime nazi et ses collaborateurs, de la persécution et de l'extermination systématique, et bureaucratique, d'environ six millions de juifs.
Patrick Marchadier qui a participé à l'enregistrement des mémoires d'Albert Veissid sur un DVD, est venu à la rencontre des élèves pour expliquer le parcours du déporté, de Marseille à Miramas, puis à Drancy et enfin Auschwitz, dont il est un des rares rescapés encore vivants.
En dehors des cours, la première étape a été la visite du site-mémorial du Camp des Milles à Aix en Provence (photo ci-dessus).
Ce site-mémorial a été conçu principalement pour les jeunes, non seulement comme un musée d'histoire et un lieu de mémoire mais aussi comme un espace de culture patrimoniale et artistique, innovant dans son contenu comme dans ses dispositifs pédagogiques.
La deuxième étape a été la visite du mémorial de la Shoah à Paris, les 13 élèves du BAC Pro logistique transport plus neuf élèves de seconde ont été particulièrement émus et attentifs aux explications et au témoignage de leur guide, une ancienne déportée.
Fin mars, ils iront à Auschwitz. À Paris, Manel, seule fille du groupe, a été impressionnée par le mur des Noms, qui porte le nom de 76 000 déportés, hommes, femmes, enfants, entre 1942-1944 dont celui d'Albert Veissid, et par les documents, lettres, photos présentées.
Elle a exprimé son ressenti : "Nous avons eu l'honneur de rencontrer Yvette Lévy, née en 1926, qui nous a raconté son histoire en détaillant toutes les étapes. C'est beaucoup de souffrance".
Allan, lui, a confié avoir été très touché par le mur des noms : "Je voyais les 76 000 déportés dans ma tête". Ryan, qui explique qu'il savait pourtant beaucoup de choses sur cette histoire et le génocide des juifs, a été profondément touché par le témoignage.
Fabien Mairal, le proviseur du lycée, accompagnait le groupe. "Les élèves ont été attentifs et curieux, la visite du mémorial a été un moment très fort. Le témoignage a rappelé des moments durs de notre histoire qui font écho avec des événements récents dramatiques. En tant qu'ancien professeur d'histoire, je suis très fier de mes élèves", a-t-il conclu.
Albert Veissid est venu plusieurs fois à Miramas célébrer l'anniversaire de la libération des camps de concentration. En 2013, à l'occasion du 68° anniversaire il a déposé une gerbe à la stèle érigée au rond-point du Mas Neuf en mémoire du camp de travail de Miramas.
Nous avions recueilli son témoignage : "Ceux qui ont vécu dans leur chair l'horreur des camps sont des voix indispensables pour le souvenir". Après Miramas, il passe à Drancy avant de partir à Auschwitz.
A 89 ans, il avait toujours en mémoire les moments douloureux vécus en déportation :
"J'ai encore une bonne tête et de bonnes jambes. Pourtant à la sortie des camps, j'étais un mort vivant, un docteur m'a dit une semaine de plus et vous ne vous en sortiez pas.
J'ai fait trois ans de sanatorium pour récupérer".
Il estimait avoir eu de la chance et se remémorait cette marche de la mort où il ne fallait pas s'arrêter et ce camarade lyonnais qui a fait une halte, qui n'a pas pu repartir et qui a été abattu à trois jours de la fin de la guerre.
Vous nous aimez, prouvez-le....