Dans la paracha Nitsavim, il est écrit : « Regarde, J’ai placé devant toi la vie et le bien, la mort et le mal… J’ai placé la mort et la vie devant toi, la bénédiction et la malédiction ; tu choisiras la vie afin que tu vives, toi et ta descendance. »...
La Thora nous informe qu’Hachem nous a donné la possibilité de choisir entre la vie et le bien d’une part et la mort et le mal de l’autre. C’est en faisant le bon choix que nous pourrons servir Hachem correctement. Cependant, une difficulté apparaît dans le passouk ; la Thora indique deux « paires » de choix : entre le bien et le mal, entre la vie et la mort.
Cela implique donc que nous avons l’inclination et la possibilité de pencher pour l’une ou l’autre de ces propositions.
Concernant le bien et le mal, cette dichotomie est facilement compréhensible ; l’individu peut fréquemment se trouver devant la tentation d’opter pour ce que la Thora considère « mauvais », parce que parfois, le « mal » semble être ce qui nous procurera bonheur et satisfaction. Ainsi, la Thora nous informe qu’en notre for intérieur, les forces du bien et du mal se livrent bataille de façon constante.
En revanche, il est plus difficile de comprendre que le choix entre la vie et la mort soit défini par la Thora comme une décision « difficile », ce qui signifie que l’on aurait une tendance naturelle à choisir la mort plutôt que la vie. Il n’est pourtant pas difficile d’opter pour la vie, l’envie ne nous viendrait certainement pas de lui préférer la mort !
Alors, pourquoi le choix entre ces deux directions est-il censé être si compliqué ?
Le rav Noa’h Weinberg zatsal précise que lorsque la Thora parle de la « mort », elle ne fait pas simplement référence à l’absence de vie, mais à ce que cet état représente. Pour le comprendre, il nous faut déterminer le sens de son contraire, la vie. Lorsque la Thora parle de la vie, elle ne fait pas simplement référence au fait de respirer, mais plutôt au processus par lequel on grandit dans sa « avodat Hachem » et sa « avodat hamidot ».
Être en « vie » suppose d’embrasser les défis que l’existence présente, en les utilisant pour devenir une personne meilleure. On peut donc opter pour « la mort » en évitant d’affronter les épreuves et en tournant le dos à ces opportunités difficiles par lesquelles on peut s’élever. Ainsi, choisir « la mort », c’est préférer le confort à l’effort, et une vie tranquille à une existence pleine de défis et de progrès…
À présent, il nous est plus facile de comprendre en quoi c’est un choix difficile.
Notons que le fait d’opter pour la mort n’est pas uniquement un manquement quant à l’accomplissement des mitsvot. Un homme peut respecter la Thora tout en choisissant la « mort » ; s’il ne cherche pas à s’améliorer et à combattre son yétser hara, il favorise l’option la plus commode – en d’autres termes, il choisit la « mort ».
Ce qui est effrayant, c’est que l’on peut faire ce choix tout à fait consciemment et vivre toute sa vie en rythme de croisière. Si l’on ne fait pas d’effort pour améliorer sa relation avec Hachem, pour prier avec plus de kavana, pour être un meilleur conjoint ou parent, etc., on opte pour la facilité.
À un niveau un peu plus profond, le choix entre le confort et le défi correspond en réalité, à la possibilité de se lier soit au corps, soit à l’âme.
Le corps cherche à retourner vers adama, son point de départ ; cela se manifeste par une volonté de s’allonger, se reposer, jouir de divers plaisirs et d’agréments. Pour sa part, l’âme désire retourner vers chamaïm, dont elle est originaire.
Cet attrait est représenté par la volonté de progresser et de grandir.
Ainsi, chacun est constamment confronté à cette lutte, et tiraillé dans des directions opposées. La Thora, dans la paracha de cette semaine, nous informe que pour réussir dans notre tafkid (le but de notre existence), nous devons choisir la vie.
Le jour de Roch Hachana, nous ne sommes pas seulement jugés sur les mitsvot que nous accomplissons, mais également sur notre façon d’être en général ; quelles sont nos chéifot - aspirations -, qu’est-ce qui nous importe, quels sont nos objectifs ? Le choix entre une vie facile (même en observant les mitsvot) et l’exploitation réelle de son potentiel représente un point essentiel dans la avoda d’une personne à Roch Hachana – il montre clairement ce qui est important à ses yeux.
Puissions-nous mériter de vivre selon ce que la Thora appelle « “Haïm ».
Rav Yehonathan GEFEN
Source Torah Box