vendredi 2 mai 2014

Parachath Emor : A propos du blasphémateur

 
 

La fin de la parachath Emor est marquée par un événement grave : Un homme est sorti du camp des enfants d’Israël et a blasphémé contre Hachem. Sa punition sera très sévère : Condamné à mort, il sera lapidé (Wayiqra 24, 14). La Tora contient deux récits de condamnations à mort par lapidation : celui du blasphémateur, et celui du ramasseur de bois (Bamidbar 15, 32 et suivants). Celui-ci, pour avoir profané le Chabbath – délibérément, nous apprend le Midrach, afin de mettre en garde les enfants d’Israël contre un sacrilège – a également été condamné à être lapidé...



Une différence sépare cependant ces deux condamnations en ce qui concerne la façon dont elles ont été exécutées : Tandis que l’on n’a jeté qu’une seule pierre (אבן – Wayiqra 24, 23) sur le blasphémateur, ce sont des pierres, au pluriel (אבנים), qui ont été lancées sur le ramasseur de bois (Bamidbar 15, 35 et 36).
La différence, explique Rabbi Méir Sim‘ha de Dvinsk dans son Méchekh ‘hokhma, tient à une particularité propre au blasphémateur. De tous ceux qui sont passibles de la peine de la lapidation, il est le seul qui doive être ensuite pendu (Devarim 21, 22 – Sanhédrin 45b).
Or, il n’existait pas de cimetières dans le désert, de sorte que le ramasseur de bois a été enterré sous l’amas des pierres que l’on a lancées dans sa direction.
Le blasphémateur, en revanche, qui ne méritait pas de tels égards, a été pendu après avoir été lapidé. Une seule pierre a suffi par conséquent pour le mettre à mort.
 
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Haftarath parachath Emor – Une anomalie scripturale
Cette haftara, qui définit ce que sera le rôle des kohanim dans le futur troisième Temple, contient un verset qui présente une anomalie scripturale (qeri kethiv) :
« Et dans les litiges ils se tiendront debout pour juger ; ils jugeront par Mes jugements, et ils garderont Mes lois et Mes statuts dans toutes Mes solennités, et ils sanctifieront Mes Chabbathoth » (Ezéchiel 44, 24).
Mais alors qu’il est écrit : וִשְׁפְּטֻהוּ (« ils seront jugés »), on doit lire : יִשְׁפְּטֻהוּ (« ils jugeront »).
Dans son œuvre maîtresse, le Méchekh ‘hokhma (ad Wayiqra 24, 23), Rabbi Méir Sim‘ha hakohen de Dvinsk interprète ce mot selon la manière dont il est écrit et non d’après celle dont on le lit, et il comprend ce verset comme signifiant que « dans les litiges, [les juges] aussi se tiendront debout pour être jugés ». Et rappelant la règle selon laquelle, dans un procès, les parties doivent « se tenir debout », tandis que les juges restent assis (Chevou‘oth 30b), il en déduit que ce verset oblige également ceux-ci à rendre des comptes à la justice.
Autrement dit, lorsque ce verset indique que les juges « se tiendront debout », il vient nous apprendre qu’ils seront eux aussi jugés, de même que le kohen gadol « juge et peut être jugé » (Sanhédrin 18a).
Jacques KOHN zal
 
Source Chiourim