Le biomédical et les start-up israéliennes font bon ménage. Pour preuve, le salon MIXiii, qui s’est tenu à Tel-Aviv, cœur de l’écosystème technologique du pays, du 20 au 22 mai. Des entreprises basées aux quatre coins du monde y étaient présentes. Qui témoignent de l’attractivité du marché israélien, tant sur le plan de la recherche et de l’innovation que sur celui du développement et de la commercialisation...
Lieu de rencontres et d’échanges où de futurs partenariats voient le jour, ce type d’événement est primordial quant à l’ouverture de l’industrie locale vers un marché global. Le domaine biomédical n’en est encore qu’à ses premières heures en Israël et pourtant il suscite un intérêt partagé par beaucoup.
Patrick Haddad, responsable commercial et marketing chez LFB Biomanufacturing, une entreprise française spécialisée dans la synthèse de protéines issues du plasma, confie être à la recherche de partenariats avec des compagnies israéliennes. « J’espère que cela ne saurait tarder », déclare celui qui prospecte ce marché depuis quelques années déjà. Et le connaît bien. Selon lui, les sites industriels de fabrication ne sont pas nombreux, à part Teva. Quant aux petites start-up, elles n’ont pas nécessairement les moyens techniques et financiers de tester et produire elles-mêmes les molécules issues du fruit de leurs recherches. C’est donc là que de plus grandes entreprises peuvent apporter leur contribution, explique-t-il.
Porsolt, basée en France et en activité depuis plus de 30 ans, a collaboré avec plusieurs jeunes entreprises et universités israéliennes. « Israël compte beaucoup de start-up qui ne possèdent pas de laboratoires », note-t-il. Conséquence : les tests d’efficacité et de sécurité sont souvent effectués par des sous-traitants, forts des moyens et de l’expertise qui font pour l’instant défaut à l’industrie locale, estime David Pushett, directeur au développement du commerce global chez Porsolt.
L’innovation, fruit de la nécessité
Le dynamisme et la prise de risques sont deux des principaux atouts qui ont permis à la « nation start-up » de se faire un nom sur la scène internationale. Rémy D. Hoffman, vice-président du développement commercial pour Prestwick Chemical décrit les Israéliens comme « des gens très directs et qui font avancer les choses ». D’où l’expansion rapide de ce marché qui crée des possibilités de partenariats technologiquement et financièrement avantageux avec des pays qui ont déjà fait leurs preuves. Pour Hoffman, cet événement est donc intéressant dans la mesure où « on y rencontre des partenaires qui peuvent avoir besoin de nos produits et de nos services. Nous créons des collaborations avec un partage de propriétés intellectuelles ». Ce qui permet aux deux parties impliquées de toucher des royalties. Chacun des acteurs apporte sa contribution et les résultats de ces alliances sont partagés. Tout le monde y trouve son compte.
Imagine Nation est une start-up israélienne fondée il y a deux ans par l’Australienne Janet Sernack. Son concept : enseigner le leadership novateur et « l’entreprenariat à la façon start-up » aux sociétés d’envergure mondiale à travers un jeu de simulation appelé « start-up game ». La pratique vient s’ajouter aux notions théoriques afin de permettre un apprentissage et une expérience plus complète et enrichissante. Les leaders des grandes corporations sont alors plus à même de trouver des solutions pour faire face à un marché en pleine évolution.
Sernack a ainsi sondé l’industrie technologique israélienne, exemple parfait de terrain propice à ces start-up qui poussent comme des herbes folles. « J’ai fait beaucoup de recherches et conduit de nombreuses interviews afin de comprendre la façon de penser des Israéliens, les grandes difficultés qu’ils rencontrent ainsi que leurs besoins ». De là est né le cursus d’apprentissage que cette jeune compagnie propose à ses aînés pour leur montrer comment surmonter les challenges actuels.
Les challenges, c’est d’ailleurs quelque chose de bien familier pour la société israélienne. Pour Sernack, l’industrie locale se caractérise par ce qu’elle qualifie d’intensité culturelle. « En Israël, l’innovation est le fruit de la nécessité. Israël évolue dans un environnement hostile, nous n’avons pas de ressources naturelles et ne pouvons pas exporter autour de nos frontières. C’est pourquoi nous avons dû créer une nouvelle industrie exportable vers des contrées éloignées, qui soit dotée d’un aspect compétitif. »
Trouver des solutions aux problèmes rencontrés, Israël s’y connaît : « Là où d’autres pays voient contraintes et difficultés comme des inhibiteurs, nous les percevons comme des opportunités et les transformons en solutions novatrices ». Une curiosité et un état d’esprit positif, en dépit d’un contexte souvent difficile, ont permis à cette petite nation de surmonter ses nombreux handicaps et de devenir ce qu’elle est aujourd’hui. Le mode de pensée entrepreneurial sous-entend une constante prise de risques. La société israélienne y est habituée, de par l’incertitude qui entoure son existence, et faire face à des risques dans le domaine de l’entreprenariat n’a donc pas dû demander énormément d’efforts d’ajustement.
A l’heure de la globalisation
L’essor de l’industrie high-tech et biomédicale est aussi en partie lié à son écosystème. Les salons, conférences, réunions et forums se multiplient et fournissent le soutien et les conseils dont les jeunes entrepreneurs ont besoin pour se lancer. « Il y a toujours tellement d’événements qui encouragent l’entreprenariat et les start-up », affirme Sernack. Selon Thierry Zylberberg, vice-président d’Orange Healthcare, MIXiii permet d’avoir une vision de l’écosystème des start-up en Israël et de ses connexions avec le reste du monde. Des entreprises israéliennes viennent lui proposer des concepts nouveaux dont certains pourraient s’ajouter aux prestations proposées par la multinationale. Plus connue pour ses activités liées aux télécommunications, Orange a ouvert il y a huit ans une division santé dont « la mission est de fluidifier la circulation de l’information dans le monde de la santé en général ».
Son activité est orientée autour de trois axes principaux : le « cloud computing » (littéralement, informatique dans les nuages) appliqué aux données médicales qui consiste en l’utilisation de serveurs distants, la connexion de dispositifs médicaux et la mise en place d’une ligne d’écoute.
Le cloud computing répond au besoin de stocker la masse – en expansion constante – de données médicales qui tend à devenir exclusivement électronique. La connexion de dispositifs médicaux concerne en premier lieu les implants médicaux, comme les pacemakers ou les glucomètres, dont les données, une fois récoltées, doivent être transférées pour pouvoir faire l’objet d’un suivi médical. Enfin, Orange Healthcare a élaboré une ligne d’écoute et d’information concernant le domaine de la santé au profit des pays émergents et en particulier de l’Afrique.
Au niveau global, la croissance rapide et récente du domaine des biotechnologies implique la nécessité d’établir des régulations qui à l’heure actuelle n’existent pas encore. Comme le souligne Zylberberg : « dans 20 ans, on aura une quantité d’implants colossale » et comment l’information émise par un glucomètre A pourra être lue par une pompe à insuline B ?
Il faut donc mettre en place des standards communs, car « dans le monde des biomeds, chacun invente son protocole ». Ceux-ci devront non seulement être uniformisés d’une entreprise à l’autre, mais aussi d’un pays à l’autre puisqu’à l’heure de la globalisation l’ouverture sur les marchés internationaux est la clé de la réussite pour toutes les start-up. Source JerusalemPost