Maintenant que la politique étrangère de l’Occident est conduite par un président américain non-combattant, maintenant que nous sommes tous, chacun à notre façon, des singes honorables mais soumis, voyons comment on pourrait stopper la course de l’Iran vers la fabrication d'une bombe chiite. La réponse amère est, bien sûr, qu'on ne peut pas l'arrêter...
Aussi longtemps que Téhéran veut politiquement conserver son programme nucléaire et ne nous laisse pas vérifier réellement les plans de son utilisation militaire, nous n'avons guère qu'à attendre la survenue d'une bombe qui renforcera la prétention de l'Iran d'être le champion des musulmans chiites partout dans le monde. La décision prise par le Président Obama l'an dernier de menacer d'utiliser la force contre le régime syrien, puis de se rétracter, a privé l'Occident de tout argument militaire crédible.
Cela peut sembler un tantinet défaitiste à un moment où les grandes puissances – Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Allemagne, Russie et Chine – reprennent les négociations avec l'Iran. L'accord intérimaire actuel, supposé bloquer la progression du programme nucléaire du pays, expire le 20 juillet. Il pourrait être renouvelé pour une autre période de six mois, mais la préférence des Occidentaux va vers un accord liant Téhéran à un programme civil contrôlé au niveau international, modeste dans son étendue. En retour, les sanctions économiques contre l'Iran seraient complètement levées.
Présentée de cette manière, la diplomatie choisie paraît être de bon sens. Elle semble être une alternative raisonnable au droit de bombarder l'Iran ou de laisser l'Iran avoir la bombe. Ce qui fait que les responsables occidentaux débordent d'optimisme professionnel. On fait pression sur le Président Obama pour qu'il engrange un succès en politique étrangère après son recul en Syrie (Assad est toujours au pouvoir), en Russie (la Crimée est annexée), la Corée du Nord (elle poursuit ses essais nucléaires) et la Chine (elle ébranle les alliés des Etats-Unis en Asie). Un accord qui supprimerait la menace nucléaire iranienne avant les élections de mi-mandat en novembre pourrait y aider.
Et c'est ainsi que les gouvernements occidentaux sont béatement devenus vulnérables face à l'hypocrisie des maîtres persans.
Après tout, Hassan Rohani, le président iranien, désire également avoir un règlement rapide. Son économie est en berne, avec 33 % d'inflation, un budget dégarni, un chômage élevé des jeunes et de l'instabilité sur le plan du marché du travail.
Un sentiment réciproque d'urgence devrait donc inciter à une solution diplomatique. Au lieu de quoi les négociations prennent de plus en plus une tournure désespérée. M. Rohani est particulièrement tenu en laisse. Le Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lui a donné du temps pour remettre de l'ordre dans les priorités de l'Iran : faire, ou prétendre faire tout ce qui est nécessaire pour que les sanctions soient levées, pour redresser l'économie et confirmer l'Iran dans son rôle de dirigeant régional. L'aventurisme militaire des gardiens de la révolution en Syrie, au Liban, en Irak et à Gaza s'avère cher. Dès que les sources financières recommenceront à couler, l'Iran pourra accentuer ses efforts dans le programme nucléaire.
La fraude est ainsi au cœur de cette négociation. Lorsque M. Rohani était le chef des négociateurs sur le nucléaire il y a une décennie, ses tactiques trompeuses étaient grossières. Elles ont gagné en sophistication. Les bureaux et les laboratoires changent de bâtiments avec une rapidité surprenante, des tunnels sont percés au plus profond des montagnes pour préserver les installations nucléaires de toute attaque ou de tout système d'observation. Les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sont mis sur de fausses pistes - le jardin d'un lieu suspect a été modifié et sa terre renouvelée de crainte que des traces n'y subsistent.
M. Rohani est toléré par les gardiens de la révolution - qui vivraient l'abandon du nucléaire comme une humiliation - non seulement parce qu'il jouit du parrainage de l'ayatollah mais aussi parce qu'il a promis de leurrer l'Occident.
Une fois que les sanctions auront été levées, il sera difficile, voire impossible, de revenir en arrière car les échanges commerciaux auront repris leur cours. Cela placera l'Iran dans une position régionale proéminente, nous laissera à court de levier économique et retardera, au mieux, l'inévitable crise qui se profile à l'horizon avec le régime iranien.
Un « pas d'accord » vaut-il mieux qu'un « 'mauvais accord » ? Pas vraiment : un « pas d'accord » pourrait changer le comportement iranien seulement s'il existait une possibilité de frappe militaire de la part d'Israël ou des Etats-Unis. Le moment est dépassé pour une attaque venant d'Israël et les Etats-Unis manquent de volonté politique pour déployer ses formidables missiles capables de faire exploser des bunkers.
La seule manière de percer le voile iranien est d'élargir les discussions pour y inclure un contrôle élaboré des sinistres gardiens de la révolution iraniens.
Ils sont le fer de lance du régime et ils n'ont jamais été affrontés. Nous devons exiger que les contrôleurs internationaux aient accès au centre nerveux du programme nucléaire contrôlé par les gardiens de la révolution, l'Organisation de l'innovation défensive et de la recherche, c'est là que les secrets des ambitions militaires iraniennes sont camouflés.
Réaliste ? Eh bien, M. Rohani, cela dépend du point de désespérance dans lequel vous vous trouvez pour toucher l'argent de votre pétrole !
Source Iran Manif