L'octogénaire Cornelius Gurlitt chez qui ont été retrouvées des centaines d'oeuvres d'art a conclu un accord avec l'Etat allemand pour restituer celles issues de spoliations nazies à leurs ayants droit qui devront cependant être identifiés dans un délai d'un an...
Le vieil homme, âgé de 81 ans, s'est entendu avec le ministère fédéral de la Culture et le ministère bavarois de la Justice pour que soient lancées des recherches sur la provenance des quelque 1.406 oeuvres retrouvées en 2012 dans son appartement de Munich (sud), parmi lesquelles des Picasso, Matisse, Cézanne, Renoir ou Dix.
L'avocat Christoph Edel, qui assure sa tutelle, avait déjà assuré fin mars que M. Gurlitt était prêt à rendre à d'éventuels héritiers, des biens dont il était démontré qu'ils étaient issus de spoliations sous le IIIème Reich.
Par cet accord avec les autorités allemandes, il formalise cette intention en précisant les modalités selon lesquelles les recherches sur la provenance des oeuvres et leur éventuelle restitution doivent s'organiser.
M. Gurlitt s'engage notamment à respecter la "déclaration de Washington" de 1998, signée par l'Allemagne, dans laquelle 44 Etats s'engageaient à retrouver et restituer les oeuvres d'art dérobées par les nazis. Il confie aux autorités allemandes la charge de centraliser les recherches.
Un groupe de travail, une "taskforce" présidée par la juriste allemande Ingeborg Berggreen-Merkel et réunissant un panel d'experts nationaux et internationaux, oeuvre déjà à faire l'inventaire des oeuvres et à déterminer qui sont leurs propriétaires à l'origine.
"M. Gurlitt donne son accord à la poursuite du travail de recherche mené par la +taskforce+ sur la provenance des oeuvres (retrouvées chez lui) dont il ne peut être exclu qu'il s'agisse d'oeuvres issues de spoliations survenues sous le régime national-socialiste ou d'oeuvres d'art (à l'époque) qualifiées de dégénérées", souligne le communiqué commun des représentants de M. Gurlitt, de l'Etat fédéral et de l'Etat régional (Land) de Bavière.
Litige autour de la réstitution de la "Femme assise" de Matis
Selon les dernières recherches de la "taskforce", on ne peut pas exclure que 458 oeuvres aient été volées ou extorquées à des Juifs. Et environ 380 autres auraient été saisies dans les musées allemands comme faisant partie de ce que les nazis classaient dans la catégorie "Art dégénéré".
L'accord fixe également une date limite pour l'identification des ayants droit. "Pour l'essentiel, la taskforce a souhaité mener et achever dans le délai d'une année les recherches sur la provenance des oeuvres", souligne le communiqué qui avertit : "les oeuvres d'art dont la provenance n'aura pas pu être déterminée dans ce délai, seront rendues à M. Gurlitt".
"Avec cet accord désormais conclu, nous sommes parvenus à établir les fondements nécessaires pour trouver des solutions justes et équitables, notamment par le biais de restitutions", s'est félicitée la ministre fédérale de la Culture, Monika Grütter.
Mais la première restitution d'une oeuvre, envisagée depuis la fin mars a subi un sérieux contre-temps alors qu'était annoncé cet accord. Le tableau de Matisse "Femme assise" qui était en passe d'être restitué aux héritiers du marchand d'art français juif Paul Rosenberg --grand-père de la journaliste française Anne Sinclair--, fait désormais l'objet d'un litige, un autre demandeur en réclamant également la restitution.
"Je suis juridiquement obligé d'examiner d'abord les réclamations du nouveau demandeur avant la restitution du tableau", a souligné Me Edel, dans un communiqué, tandis que le porte-parole de M. Gurlitt, interrogé par l'AFP, n'a pas souhaité dévoiler l'identité ou la nationalité de ce nouveau demandeur.
Par ailleurs, l'accord signé par les représentants de M. Gurlitt, l'Etat fédéral et la Bavière, ne prévoit rien concernant les autres oeuvres en possession du vieil homme, qui se trouvaient dans une autre de ses propriétés, à Salzbourg, en Autriche. Y ont été découvertes 238 oeuvres, dont 39 huiles et des aquarelles signées, là encore, par des artistes parmi les plus prestigieux de l'histoire de la peinture.
Source I24News