lundi 7 avril 2014

Dans la Fab 28, l'usine d'Intel Israël qui grave en 22 nanomètres et bientôt en 10 nanomètres


La Fab 28 d'Intel, implantée au sud de Tel Aviv, est la seule usine du groupe à graver en 22 nanomètres en dehors des Etats-Unis. C'est grâce à sa production qu'Intel Israël exporte pour 3,8 milliards de dollars par an. Le site pourrait accueillir la future ligne de production 10 nanomètres qu'Intel prévoit de construire prochainement...



 Nous sommes en Israël, à Kiryat Gat, à 160 km au sud de Tel Aviv et à moins de 30 km de la bande de Gaza. Là où il y a une quinzaine d'années, des champs s'étendaient à perte de vue, les usines d'Intel produisent aujourd'hui les composants électroniques les plus à la pointe de la technologie.
A côté de la Fab 18, première ligne de production implantée sur ce site en 1999, se trouve la Fab 28. Celle-ci a été construite en 2008 et a commencé à graver en 45 nanomètres. En 2012, elle est devenue la troisième usine d'Intel à graver en 22 nanomètres, avec celles de Hillsboro (Oregon) et de Chandler (Arizona), la seule en dehors des Etats-Unis. Elle exploite la technologie 3D Tri-Gate et produit notamment les processeurs Core i5 et i7.
 


"L'aquarium"

Le bâtiment s'étend sur près de 2 hectares. Au sous-sol, l'énergie. L'usine est alimentée par deux lignes à haute-tension. A elle seule, la Fab 28 consomme autant que la ville voisine d'Ashdod, qui compte 50 000 habitants. L'étage du milieu est occupé par les fluides, les gaz et les fournitures chimiques nécessaires à la production.
Au-dessus, c'est la ligne de fabrication à proprement parler. Celle-ci est entièrement automatisée. De fait, elle tourne non-stop. Les wafers de 300 mm, rangés dans des boîtes, circulent le long de rails suspendus dans tout "l'aquarium", nom donné à la zone de fabrication dans laquelle les employés entrent en combinaison, lunettes et bottes.
Leur rôle est essentiellement de surveiller le bon fonctionnement des différentes machines qui valent chacune plusieurs millions voire dizaines de millions de dollars. Ils sont plusieurs centaines à se relayer toutes les 12 heures dans l'aquarium. Il faut 2 mois pour que les wafers passent par toutes les opérations et que les composants soient prêts à être découpés et placés dans les boîtiers.

"L'aquarium", où les employés travaillent en combinaison
 


Ce n'est pas par hasard qu'Intel a implanté en Israël sa première usine 22 nanomètres en dehors des Etats-Unis. La filiale israélienne est la première du groupe tant historiquement – elle fête cette année ses 40 ans – qu'en termes d'effectifs. Elle emploie 10 000 personnes sur ses différents sites, les centres de design et de développement à Haïfa et Jérusalem, et les usines de Kiryat Gat, ce qui en fait le premier employeur privé du pays.
Le centre de design de Haïfa est à l'origine de développements majeurs de l'histoire d'Intel (processeurs 4004 puis 8088, premier coprocesseur Pentium MMX…). Il a surtout développé la plateforme Centrino pour ordinateurs portables et les processeurs Core i5 et i7. Il travaille aujourd'hui sur les composants qui devraient aider Intel à rattraper son retard dans les smartphones et les tablettes.

Prochaine étape : la gravure en 10 nanomètres

Pendant la visite du site, Maxine Fassberg, directrice générale d'Intel Israël, de la Fab 28 et vice-présidente du Technology and Manufacturing Group pointe son doigt vers le terrain adjacent et précise que "Intel a déjà coulé des piliers dans le sous-sol pour un futur bâtiment."
Lorsqu'on lui demande de quelle production il s'agit, elle reste vague, mais évoque "l'évolution vers la gravure en 10 nanomètres et les wafers de 450 mm". Intel a prévu de construire sa première usine 10 nanomètres, mais n'a pas encore choisi le site sur lequel cet investissement d'une dizaine de milliards de dollars sera réalisé. Plusieurs sites du groupe sont en concurrence, mais les dirigeants de la filiale israélienne croient en leur chance et misent sur les nombreux succès qui jalonnent leur histoire.

Les start-up israéliennes, un atout pour les grands groupes

Autre atout en faveur du pays, le vivier israélien de start-up, réputé prolifique, joue un rôle important pour la filiale. En investissant dans des jeunes entreprises au stade du développement, l'entité dédiée aux investissements Intel Capital donne au groupe la possibilité d'accéder très en amont à des technologies de pointe utiles à ses différents métiers.
En octobre dernier, Intel Capital a, par exemple, participé au dernier tour de table de la jeune société Rocketick. Cette start-up israélienne a mis au point un nouveau logiciel qui accélère sensiblement les phases de test des composants, notamment les plus complexes.
"Nous avons actuellement 13 sociétés en portefeuille et 5 ou 6 dossiers en cours", précise Yair Shoham, directeur d'Intel Capital. "Notre but n'est pas de gagner de l'argent, mais ces investissements ont un aspect stratégique important pour nos métiers. Ils peuvent faire la différence avec nos concurrents".

Sophy Caulier

Source Usine Digitale